Pour la cinquième année consécutive, L’ADAPT organise une semaine nationale d’action en faveur de l’emploi des personnes handicapées, du 11 au 18 novembre : les entreprises sont incitées à proposer des emplois, les travailleurs handicapés à déposer leur CV. Fait nouveau cette fois- ci, l’Agefiph s’associe à cette manifestation et apporte des moyens permettant une couverture nationale effective. Les grandes associations nationales sont partenaires, pour certaines très activement telle l’APF; d’autres s’impliquent moins mais répondent présentes. Deux syndicats de salariés, la CFDT et la CGT, seront des acteurs de cette semaine, en participant notamment aux 19 « rencontres entreprises » organisées dans les régions. Celles- ci sont conçues pour faire se rencontrer des chefs d’entreprises, des recruteurs et des travailleurs handicapés demandeurs d’emploi. Le Medef (patronat français) sera là, avec son réseau des entreprises. Tous les acteurs seront réunis dans une remarquable unité d’action durant cette semaine conçue pour « briser la glace » : parmi les entreprises soumises à l’obligation d’emploi, 1 sur 3 n’occupe aucun travailleur handicapé !

Parce que des efforts, il en faut encore en faire pour que les 170.000 handicapés chômeurs aient un emploi. Certes, la Fonction Publique de l’État doit recruter 90.000 personnes en trois ans afin de respecter l’engagement signé par son actuel ministre d’atteindre le quota d’emploi de travailleurs handicapés, c’est à dire 6% des effectifs. Pourtant, rien ne dit que les postes qui seront proposés seront pourvus, que ce soit dans la fonction publique comme à l’occasion de la semaine pour l’emploi : l’an dernier, les offres recueillies durant la Semaine nationale étaient quatre fois plus nombreuses que les CV déposés par des travailleurs handicapés.

« Malgré les efforts, le découragement demeure chez les personnes handicapées », estime Philippe Velut, Directeur de L’ADAPT. En effet, combien de fois avons- nous lu ou entendu ce refrain « les entreprises ne veulent pas de handicapés, elles préfèrent payer l’Agefiph » : c’est vrai pour un tiers des entreprises assujetties. Mais combien de bénéficiaires de l’AAH ou de pensionnés d’invalidité se demandent combien il leur restera en fin de mois : en clair, est- il intéressant de travailler si l’on perd la plupart de ses droits sociaux ? « On ne construit pas sa vie avec 6.500 francs par mois », affirme Vincent Assante, du Bureau national du Parti Socialiste, qui conduit une mission de réflexion sur la réforme de la loi d’orientation, ajoutant que « le système allocatif actuel est une prime à la déficience ». Sa réforme sera un point essentiel de la future loi d’orientation : à l’anglaise, en réservant les allocations aux seuls inaptes au travail, ou à l’américaine, en ayant foi dans la volonté de nombreuses personnes handicapées de travailler et en leur conservant tous leurs droits sociaux.

La balle est désormais dans le camp des politiques : sauront-ils considérer les personnes handicapées comme des citoyens responsables auxquels il convient de faciliter l’accès au travail ou comme des profiteurs qui voudraient un salaire en plus de leurs allocations ? C’est aussi sur ce terrain qu’il va falloir briser la glace…

Laurent Lejard, novembre 2001.

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