Le tribunal administratif de Paris examinait ce mercredi 2 mai 2001 une requête tendant à autoriser une utilisation du cannabis à usage thérapeutique. Ce stupéfiant, considéré jusqu’en 1954 comme une plante médicinale, est interdit à la vente et à la consommation. C’est pourtant la seule substance qui arrive à soulager de nombreuses personnes qui subissent quotidiennement des douleurs d’origine neurologique : les malades du Sida sont généralement mis en avant par les associations qui mènent le combat de la légalisation limitée mais nous ajouterons les personnes tétraplégiques et celles qui sont atteintes de sclérose en plaques.

Les gouvernements successifs, et plus particulièrement les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé, ont toujours refusé d’ouvrir le débat, d’engager des études, d’initier la recherche. Mais laissons de coté l’aspect hystérique de la polémique et essayons d’être pragmatique. Des études sont effectuées, notamment au Royaume-Uni et au Canada, afin d’isoler le ou les principes actifs du cannabis : l’objectif est de proposer un moyen simple et sans danger de réduire les souffrances des malades en employant un dérivé d’une substance restant illégale si elle est utilisée sous sa forme primaire, « l’herbe ».

Parce que le débat réel est là. L’immense pharmacie dont disposent nos systèmes de santé avancés est impuissante à soulager des milliers de malades et handicapés. Ceux-ci, après avoir épuisé la kyrielle des médicaments légaux mais inefficaces, n’ont d’autres recours qu’une drogue certes douce mais prohibée. Et demandent à leurs parents, leurs amis, d’aller se procurer cette « came », en devenant des délinquants, au risque d’être arrêtés et emprisonnés, mis au ban de la société.

Il faudra bien que l’hystérie nationale cesse et que les chercheurs puissent travailler à créer une « version » thérapeutique du cannabis. Des malades l’attendent pour une meilleure qualité de vie, pour ne plus être culpabilisés et traités de délinquants, pour ne plus participer à un trafic qui enrichit des individus sans vergogne… et dont les alliés objectifs semblent être nos ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé.

Laurent Lejard, mai 2001.

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