C’était le 17 mai 2005, à Paris. Des élèves du lycée climatique d’Argelès Gazost (Hautes Pyrénées) recevaient le deuxième prix du concours national Jeunes Citoyens Reporters organisé par le Sénat, pour leur reportage « Ma place est là ». Ils racontaient l’action d’une jeune femme, Katy Guiguer, devenue tétraplégique à la suite d’un accident automobile. Presque trentenaire, elle agit pour la prévention routière auprès des jeunes, pour qu’un même accident ne leur arrive pas, et leur raconte sa vie de tétraplégique, une existence qu’elle veut toujours croquer à pleines dents : « J’ai des journées basiques, avec cinq passages infirmiers. Une auxiliaire de vie effectue le ménage, les repas. Je vis seule, de manière indépendante, mes parents sont restés dans le Nord. Je m’efforce d’avoir une façon de vivre proche des personnes valides mais c’est tout de même un peu plus compliqué. Après l’accident, j’ai été indemnisée. Actuellement, je vis avec l’allocation adulte handicapé. Je n’ai pas fait de demande de prise en charge de la tierce personne, l’indemnisation me sert à payer les auxiliaires de vie. Sinon je serais plus dépendante, je vivrais certainement encore chez mes parents ».

« A l’époque de mon accident, j’étais élève en classe de seconde, en lycée hôtelier. J’ai repris ma scolarité, un an après, dans un établissement de Tarbes comme agent d’accueil polyvalent. Je n’ai pas trouvé de stage en entreprise, c’est mon professeur qui l’a décroché pour moi. Mais sans emploi à la clé, on m’a fermé les portes : l’effet du fauteuil roulant vis-à-vis des clients, disaient les dirigeants d’entreprises… J’ai abandonné la recherche d’emploi pour faire du bénévolat, servir à quelque chose ». Katy Guiguer choisit alors de sensibiliser les collégiens de sa région aux dangers de la route. Des interventions qui débutent par une projection du reportage « Ma place est là » et débouchent ensuite sur un débat : « Je n’ai pas de tabous, je réponds à toutes les questions, je raconte mon accident, le dialogue part tout seul. Les élèves me regardent un peu de travers au début, mais le climat se détend au fil de la session; ils préfèrent m’entendre plutôt que d’avoir un gendarme face à eux ! » Un travail utile : « Il m’est arrivé de tomber dans une classe dont l’un des élèves était mort dans un accident de voiture quelque temps avant. Certains se sont mis à pleurer ». Katy Guiguer, qui agit, à ses frais, en tant que simple bénévole auprès de la Préfecture, souhaite créer une association en vue d’actions plus concrètes : « Je lance un appel pour que l’éducation nationale structure davantage les interventions de sécurité routière à l’école ». Et déplore la désinvolture des grands médias : en effet, malgré un accueil favorable et le souhait unanime qu’il soit largement diffusé, le reportage est resté confidentiel, et n’est même plus disponible en ligne sur le site du Sénat…

Laurent Lejard, octobre 2006.

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