Francine Maragliano ne dira pas à quel degré elle est concernée par le handicap, auquel elle s’intéresse depuis une vingtaine d’années au sein de l’Association de Familles de Traumatisés Crâniens et de Cérébro-Lésés de L’Eure (AFTC 27) qu’elle a fondée il y a près de 23 ans. Depuis, elle s’est engagée en politique, à droite chez Les Républicains pour lesquels elle s’est présentée sans succès aux législatives de juin 2022, et a été réélue en 2020 au conseil municipal d’Évreux où elle est en charge du handicap et de l’accessibilité. C’est ce qui l’a conduite à créer, avec d’autres Eurois, une organisation visant à rassembler les élus de tous bords qui assument une délégation identique : l’Agence nationale des élus du handicap et l’accessibilité.

Francine Maragliano en compagnie du maire d'Evreux, Guy Lefrand, présente l'Access City Award décerné à la ville

« Elle concerne tous les élus qui ont une délégation au handicap, qu’ils soient handicapés ou pas, précise-t-elle. En toute logique, comme pour ceux du sport. L’objectif est de fédérer l’ensemble des élus qui ont cette problématique. Je l’ai lancée à Évreux parce qu’on a créé le Grenelle du handicap, pour travailler à la co-construction de l’action municipale, mener des réflexions partagées. Je suis fière de ma commune qui a reçu deux prix de l’Union Européenne [2e prix en 2019 et mention spéciale en 2020 pour l’Access City Award NDLR]. » Mais au fil des chantiers et réunions, elle a constaté un problème récurrent : « Il manquait une mutualisation, parce qu’on refait le monde chacun dans son coin, sa ville, son territoire. On doit mutualiser, quitte parfois à remettre en cause les normes mal opérantes. On a fait réaliser un bilan à Évreux, les obstacles les plus prégnants concernent les personnes déficientes visuelles, plus de 2.000 repérés. Pour les personnes handicapées motrices, on parvient à contourner les obstacles. On se rend compte que, selon l’âge, la technique de déplacement, ce ne sont pas les mêmes pratiques d’un individu à l’autre, alors qu’une ville oeuvre pour le plus grand nombre. »

Un nouveau lobby ?

Francine Maragliano en campagne pour les législatives

Organisme d’échanges et laboratoire d’idées, l’Andéha pourrait également constituer un groupe de pression envers le Gouvernement et les pouvoirs publics. « On espère l’appui de l’Association des Maires de France. Des conseillers municipaux, des maires nous rejoignent, mais aussi des élus départementaux, régionaux, des sénateurs. On est apolitiques, notre politique c’est le handicap. On voit bien que c’est une complexité, que j’ai questionnée sur mon territoire. J’étais d’abord une politique du handicap, avant d’être une politique municipale. On m’a répondu qu’il ne faut pas sortir d’une politique en direction des personnes en situation de handicap. Mais avec l’Andéha on veut porter une force politique, une légitimé, pour la faire rayonner et embarquer nos collègues. » Si on perçoit tout l’intérêt de créer un lieu d’échange entre élus ayant en charge les handicaps et/ou l’accessibilité sur leur territoire, nombre d’élus handicapés n’ont pas cette responsabilité parce qu’ils ont demandé et obtenu une autre délégation. Pourront-ils rejoindre l’Andéha et ainsi diffuser leur expérience de transversalité de l’action en faveur des personnes handicapées qu’ils ont contribué à mettre en place sur leur territoire ? Le cloisonnement de la réflexion, en silo pour reprendre le terme consacré, n’a pas épargné la fondatrice de l’Andéha qui affirme toutefois vouloir leur ouvrir la porte. Après l’échec de l’Association pour la Prise en compte du Handicap dans les Politiques Publiques et Privées (APHPP), qui s’est révélée trop proche du Gouvernement et de la majorité présidentielle, l’Andéha saura-t-elle fédérer sans se compromettre ?

Laurent Lejard, janvier 2023.

Contact de l’Andéha : elushandicapaccessibilite@gmail.com

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