C’est la socialiste Ségolène Royal, alors Ministre en charge des personnes handicapées, qui a proposé en janvier 2002 à Jean- Luc Simon de diriger le Comité de coordination des initiatives françaises durant l’Année Europénne des Personnes Handicapées. Il présidait alors le Groupement Français des Personnes handicapées (GFPH). Jean-Luc Simon est un militant, défenseur de l’autonomie, de l’égalité de droit et de traitement, autant dire qu’il ne manque pas de combats à mener en faveur de la reconnaissance citoyenne des personnes handicapées. C’est cet aspect particulier de son action qui l’a propulsé au milieu de l’arène. Parce que depuis sa nomination, le contexte a changé en même temps que le Gouvernement : « cela m’a pas mal compliqué l’affaire, dit elliptiquement Jean- Luc Simon, il a fallu réajuster un certain nombre d’objectifs et de méthodes de travail. J’étais intégré au Cabinet de Ségolène Royal, j’avais accès à son pôle de conseillers techniques. Après son départ en mai 2002, je me suis retrouvé sans interlocuteur durant plusieurs mois. Après avoir rencontré son successeur [Marie- Thérèse Boisseau NDLR] et lui avoir présenté ce qui avait été engagé, il a fallu un peu de temps pour mettre en place de nouvelles relations de travail. J’ai maintenant enfin un interlocuteur depuis la nomination d’un nouveau Délégué interministériel des personnes handicapées [Patrick Gohet NDLR] auprès duquel je suis rattaché. Je dois avec lui et le Cabinet de Mme Boisseau faire avancer l’AEPH sur les nouvelles bases de travail qui ont été définies ».

Jean-Luc Simon considère sa mission au sein de l’AEPH comme un moyen de faire avancer les revendications du réseau associatif auquel il appartient, celui de l’Organisation mondiale des personnes handicapées (DPI en anglais) et de son membre français le GFPH « là où elles ont à avancer ».

« L’Union Européenne et les Nations-Unies s’en sont largement inspirées pour développer leurs politiques en direction des personnes handicapées. La mission qui m’a été confiée doit favoriser leur mise en oeuvre en France. C’est ce challenge qui m’a motivé, il est la suite logique de l’action associative que je mène depuis longtemps ». Et Jean- Luc Simon doit désormais le faire avec les moyens du bord, dans un certain dénuement: il ne dispose d’aucun secrétariat et n’est pas rémunéré: « Il y a un problème de compatibilité entre la pension d’invalidité que je perçois et un salaire, comme c’est le cas pour beaucoup de personnes handicapées ».

Jean-Luc Simon brise le tabou qui veut qu’un professionnel du handicap ne soit pas lui- même handicapé, pour conserver une distance par rapport aux personnes qu’il traite. « J’ai eu de nombreux problèmes à cause de cela durant mes études. Des professeurs d’université m’ont adressé cette critique que mon travail n’était pas suffisamment objectif parce que trop impliqué dans le sujet de la recherche. Alors que c’est cette mise en valeur de l’expérience personnelle qui m’intéresse, ainsi que son analyse de l’intérieur. C’est une dimension indispensable qui n’est pas suffisamment prise en compte mais qui est un enjeu primordial : la participation des personnes handicapées à la gestion de leur propre problématique ».

Guidé par ses convictions humanistes et associatives, Jean- Luc Simon n’a pas d’engagement politique au sein d’un parti : « Je me situe en tant qu’expert du handicap, ancien professionnel et maintenant personne handicapée depuis l’accident qui m’a laissé paraplégique. Je n’envisage pas d’entrer dans l’action politique, mais plutôt d’avoir un impact politique par mon action. Je me définis comme un brasseur d’idées ». Jean- Luc Simon, 44 ans, est diplômé en psychologie et sciences de l’éducation. Il enseigne dans plusieurs universités et grandes écoles sur la thématique « dynamique du handicap ». Pour en savoir plus, consultez ses pages personnelles.

Laurent Lejard, janvier 2003.

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