Météo mitigée ce 12 avril sur les vastes installations parisiennes de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), pour la 6e édition du programme La Relève organisée par le Comité Paralympique et Sportif français.

Sur 261 candidats, 29 sélectionnés après des entretiens en visioconférence ont fait le voyage le temps d’un week-end. « Ils ont participé à des ateliers permettant aux fédérations d’observer des choses comme la réactivité, la vitesse, la souplesse, la précision, etc., explique une organisatrice du CPSF. Les représentants des fédérations vont d’atelier en atelier pour observer les sportifs, leur proposer des programmes pour qu’ils s’essaient sur plusieurs disciplines présentes. Si les participants n’ont pas une idée précise de la discipline qu’ils ont envie de pratiquer, ils savent qu’ils veulent évoluer vers le haut-niveau et la professionnalisation. » Pour cela, ils ont pu tester 18 sports.

Charlène Ferric s'essaie au tir à la carabine ©Yanous.com

La Normande Charlène Ferric, 30 ans, est amputée tibiale. Sur le plateau, elle s’est notamment essayée au tir à la carabine et au basket-fauteuil : « L’amputation est récente, cinq mois. Au centre de rééducation, on fait beaucoup de sport, ça m’en a redonné le goût. Avant mon amputation, je ne faisais plus du tout de sport. » Dans sa jeunesse, elle avait pratiqué le basket, et sa participation à La Relève lui a donné « des objectifs pour se dépasser. » Son attirance, parmi les 18 disciplines possibles ici, va vers le handibasket, le tennis de table, le tir aux armes qu’elle ne connaissait pas : « Il faut vraiment être ouvert et tout essayer parce qu’on se trouve des capacités dans des disciplines auxquelles on ne penserait pas forcément. » Mais comment entrevoit-elle la compatibilité d’un accès au haut-niveau avec sa vie personnelle et professionnelle ? « Pour l’instant, c’est de la découverte. Si j’ai la possibilité de faire des grandes compétitions, j’adapterai ma vie personnelle. » Infirmière libérale, elle envisage toutefois de reprendre son activité d’ici la fin de l’année.

Morgan Godin, 35 ans, est venu de Saint-Omer (Pas-de-Calais). « Ça fait quinze ans que je suis amputé. J’étais sportif avant l’amputation, avant l’accident de voiture. Il a fallu que je me stabilise autant au niveau familial que professionnel : je suis marié, j’ai une fille, un métier stable d’infirmier anesthésiste. Il ne manquait plus que le sport, la compétition, et c’est pour cela que j’ai répondu, et me voilà ! »

Essai du hockey à roulettes, sport qui n'est pas en compétition handisport ©Yanous.com

Il a déjà testé le badminton et la pirogue en para-canoé. « Pour moi, le haut-niveau c’est la médaille d’or aux Paralympiques, l’équipe de France, pouvoir performer pour mon pays, en venant à La Relève, le rêve c’est ça. Les Jeux de Paris 2024 ont été un élément déclencheur pour beaucoup de monde, pour moi aussi de voir tous ces athlètes en sport valide et en handisport, avec toute la déferlante de bonheur pour les gens aux alentours. J’ai envie de le vivre, même si ce n’est plus à Paris. » A 35 ans, pour lui c’est maintenant, et il est prêt à consacrer ses soirées après le travail à s’entraîner, « pour ne pas avoir de regrets, c’est le plus important, avoir tout tenté. »

Test du badminton debout par un participant amputé fémoral ©Yanous.com

Militaire blessé de guerre, Radu, est désormais reclassé dans le personnel civil des armées. Amputé d’une jambe depuis cinq ans, il a depuis regagné son autonomie dans la vie quotidienne et l’activité sportive. « J’ai toujours été passionné par les disciplines sportives. J’ai la volonté de continuer, aller plus loin vers la compétition de haut-niveau. J’ai toujours été attiré vers les disciplines nécessitant de l’explosivité, de la force, comme le sprint, le saut en longueur et hauteur. Aujourd’hui, à 35 ans, je me rends compte que pratiquer certains sports en fonction des capacités du corps se fait à un certain âge. Je vais aller vers des sports qui nécessitent de la concentration. Je viens de tester l’escrime, un beau mélange de concentration et d’explosivité. » Pour lui, l’accès au haut-niveau est un beau défi mêlant les valeurs militaires et sportives.

Radu et Mathias

Le sport fait aussi partie de la vie de Mathias, marin-pompier de Marseille âgé de 23 ans, lui aussi blessé en service, amputé de jambe il y a neuf mois et reclassé à la centrale d’appel du bataillon. Il a pratiqué la force athlétique en compétition, et s’est ici essayé à l’escrime-fauteuil : « Je pratique l’haltérophilie en développé-couché, je me suis mis au sprint, je suis attiré par tous les sports explosifs, de par mon physique ce sont ceux qui me correspondent le plus. Chez les pompiers, des portes se sont fermées, je vais tout mettre dans le sport, et au plus haut niveau. » Plus chez les marin-pompiers, mais chez les pompiers professionnels où sur un poste aménagé, il est déjà assuré de disposer des décharges de temps de travail et des moyens nécessaires à sa préparation. Là encore, le quotidien restera garanti par un salaire.

Combien de parasportifs parmi la trentaine de participants intégreront le haut-niveau de compétition ? Depuis sa création, La Relève a généré deux médaillés aux Jeux Paralympiques, et une douzaine de participants accédant au haut-niveau ; quelques-uns de l’édition 2025 sauront les rejoindre.

Laurent Lejard, mai 2025.

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