L’équitation est une activité de loisirs ainsi qu’un sport de compétition, le seul qui utilise un animal. C’est aussi une thérapie appliquée parfois aux grands handicapés physiques – amélioration de l’équilibre, équilibration de l’adaptation posturale, acquisition d’autonomie – comme aux handicapés mentaux, afin d’établir une relation de communication. Les expériences les plus intéressantes d’hippothérapie sont réalisées avec les autistes et psychotiques. Parfois, pas même besoin de monter le cheval. Le fait de s’en occuper, de communiquer avec un animal qui, lui aussi, communique « différemment », est souvent suffisant pour calmer et même épanouir… tout le monde !

En compétition, slalom, dressage, Reprises Libres en Musique (ou RLM, parfois costumées pour les jeunes), saut d’obstacles, attelage sont proposés aux cavaliers. Le dressage pour la RLM est un parcours, imposé ou libre, éventuellement avec accompagnement musical, qui se déroule dans un manège sur les parois duquel sont placés des repères alphabétiques. Le cavalier doit faire évoluer sa monture en fonction d’un schéma et d’allures précises ; par exemple, entrée dans le manège au trot rassemblé et au repère X arrêt du cheval et salut puis rompre au trot rassemblé jusqu’en C piste à droite. Certes, tout ceci n’est pas simple à comprendre pour le néophyte, mais permet d’évaluer la maîtrise du cheval et de ses allures.

Les compétiteurs sont répartis en 4 grades, sur la base de leurs capacités fonctionnelles, comprenant les victimes d’atteintes médullaires (para- tétra) et infirmes moteurs cérébraux, amputés, aveugles et malvoyants. Ces derniers peuvent être aidés par des « crieurs » qui leur indiquent le parcours. La compétition est spécifique. Elle comporte des épreuves au choix des cavaliers en parcours imposé et libre. Seul le dressage existe en international. Le concours de saut d’obstacles est autorisé aux amputés, hémiplégiques et aveugles; les IMC y sont admis en France seulement. Quand à la randonnée, elle est déconseillée aux paraplégiques, le risque de chutes et d’escarres étant important.

Émilie est paraplégique L1-L3 depuis l’âge de 13 ans. Certains médecins lui déconseillaient de reprendre l’équitation qu’elle avait pratiqué dès 6 ans. Mais pour elle le cheval est une passion et elle a repris l’entraînement pour participer aux compétitions handisport de dressage… avec désormais un avis médical favorable ! Cette activité sportive a généré une récupération musculaire partielle de ses membres inférieurs et du dos. Sur un cheval, il faut rester bien droit, tout en laissant son corps s’adapter aux mouvements de l’animal. C’est un changement de position important par rapport au fauteuil roulant qui peut permettre une récupération musculaire dorsale. Émilie utilise une selle portugaise, sans équipement spécial.

Pour un paraplégique, mener un cheval est délicat et comporte de nombreux risques dont le cavalier devra être conscient. Si les jambes contribuent au maintien assis, elles ne peuvent participer à la conduite, qui repose entièrement sur les rênes et les sticks de dressage (la badine). Ces derniers peuvent contribuer à faire avancer l’animal et suppléer l’impulsion lombaire que donne ordinairement un cavalier. Ils font aussi garder le rythme du pas.

L’apprentissage est progressif : le cheval doit être attentif et percevoir finement les nuances informatives liées au poids du corps du cavalier. Il doit donc apprendre d’autres manières de recevoir ses ordres. Parler, récompenser l’animal, varier les figures d’évolution sont des bons moyens de l’éduquer et en faire un compagnon de marche, mais aussi un complice, un ami…

Jacques est infirme moteur cérébral et vit de manière autonome. Il travaille dans le service informatique d’une grande banque nationale. Le cheval est sa passion depuis l’âge de huit ans. Rien d’étonnant à ce qu’il évolue en compétition depuis 1991. Ses résultats, il les doit à sa volonté et à l’équipe qui s’est formée autour de lui. « Je veux montrer qu’avec un lourd handicap et avec de la persévérance on peut aller aux Jeux Olympiques », explique- t-il. La pratique de l’équitation lui a fait acquérir une autonomie de mouvement à l’âge de 16 ans. Et il avoue s’être bien amusé dans sa prime jeunesse, en se baladant par tous les temps, en faisant randonnées, galops et sauts d’obstacles… Sa philosophie : se faire plaisir, améliorer sa communication avec l’animal et se dire « j’y arriverai demain » !

Il est difficile pour un infirme moteur cérébral de maîtriser ses mouvements. Le stress occasionne des gestes parasites. Le facteur émotionnel est important. Donner un ordre à un temps précis nécessite parfois un long apprentissage et une importante préparation. Le contrôle du cheval a été résolu de manière originale ici : les rênes sont reliés à une poignée, ce qui permet un guidage avec une main, la seconde pouvant ainsi tenir une badine.

L’équitation handisport se pratique aussi en loisir. L’équimobile en est une discipline ; c’est un engin attelé sur lequel sont fixés deux fauteuils roulants. Il permet une première approche de l’équitation, pour combattre l’appréhension de la monte. Le bras articulé repose sur des amortisseurs qui répercutent les mouvements de l’animal et ceux des « cavaliers », presque comme si on montait. Pour démarrer, il suffit d’une légère impulsion du corps pour que le cheval avance ; c’est dire la précision du système. En fait, on redresse le tronc et les épaules tout en gardant les rênes en main. L’équimobile est un bon outil d’apprentissage, et pourquoi pas, de randonnée.

La compétition est assez onéreuse. Outre l’achat et l’entretien d’un cheval, souhaitables pour obtenir des résultats, les leçons, les frais de déplacement, la tenue et l’équipement sont coûteux. Le sponsoring vient récompenser les gagnants. Mais la simple pratique loisir en club est plus simple : il suffit d’une évaluation médicale et d’une licence. Si des adaptations peuvent parfois être nécessaires, beaucoup de personnes handicapées emploient un matériel standard. Et quelques associations proposent des programmes d’initiation et de perfectionnement financièrement abordables.

Jacques Vernes, mars 2001.

POUR COMPLÉTER VOTRE INFORMATION :

Le site Cadence ; Jacques Manceron y présente en détail la compétition Handisport et ses résultats, ainsi qu’un peu de technique et quelques équipements adaptés.

En Suisse, Cheval pour tous propose quelques informations sur la pratique thérapeutique et loisirs ; lors de votre visite, prenez votre mal en patience ou déconnectez le chargement des images, le webmestre ayant confondu contenu informatif et guirlande de Noël…

La Fédération Française Handisport :
42 rue Louis Lumière – 75020 Paris
Tél. : 01 40 31 45 00 / Fax : 01 40 31 45 42
Web : www.handisport.org
Minitel: 3615 handisport

Partagez !