On ne présente plus Montpellier, ville « surdouée » du Midi dont l’évocation fait briller les yeux toutes générations confondues. Et pour cause : c’est l’une des rares métropoles à taille humaine où modes de vie, styles architecturaux et genres culturels se côtoient (presque) sans heurt. Une cité qui a ses parts d’ombre comme les autres, notamment du fait d’une immigration intérieure difficilement maîtrisable, mais où la crise économique, climat aidant, paraît moins cruelle qu’ailleurs, y compris pour ceux qui en sont victimes. Il fait bon vivre à Montpellier, en témoigne l’accroissement constant de sa population. Mais quid des personnes handicapées, et notamment de l’accessibilité culturelle ?

Une visite du centre-ancien (l’office de Tourisme en organise tout au long de l’année sur différentes thématiques) impose rapidement un constat : l’architecture est splendide, surtout quand on prend la peine de s’attarder sur les façades ou que l’on s’aventure dans certaines cours, mais la cité comporte de nombreuses pentes, certaines rédhibitoires, qui rendent indispensable l’assistance pour les personnes utilisant un fauteuil roulant. Côté voirie heureusement, les secteurs piétonniers sont légion et les pavés très discrets. Eu égard aux difficultés de circulation, il est fortement recommandé, si l’on vient en voiture, de laisser son véhicule en périphérie, sur l’un des parkings de desserte du tramway : des formules à la journée sont proposées à prix modique, incluant le transport pour les occupants d’un même véhicule; les emplacements réservés sont situés au plus près de la sortie. Quant au tramway, il s’avère idéal pour découvrir la ville en toute accessibilité, jusqu’en soirée.

Le coeur emblématique de Montpellier, c’est la place de la Comédie, du nom de la salle d’opéra qui borde l’une de ses extrémités. Un bâtiment maintes fois reconstruit, dont la dernière version, redevable à un élève de Garnier (l’architecte de l’opéra de Paris), remonte à la fin du XIXe siècle. Accessible grâce à un ascenseur aménagé sur le côté droit de l’édifice, rue des Étuves, il offre tout le décorum et la monumentalité des théâtres à l’italienne, ainsi qu’une vue imprenable sur la ville… et surtout des spectacles dignes des plus grandes scènes européennes, à des tarifs tout à fait raisonnables. Les spectateurs en fauteuil roulant sont placés dans les loges, avec une visibilité correcte. Les déficients visuels peuvent quant à eux compter sur l’audiodescription d’au moins deux opéras par an. Toilettes adaptées, petite restauration possible sur place.

Perpendiculaire à la place de la Comédie, la très longue esplanade Charles de Gaulle et ses platanes centenaires est également bordée à son extrémité par un palais des congrès moderne, le Corum, qui abrite plusieurs espaces d’expositions, auditoriums, ainsi qu’une autre salle de spectacles, l’opéra Berlioz, dont la programmation se partage avec la Comédie. Le placement des spectateurs en fauteuil roulant s’y fait en haut de salle, assez loin de la scène: n’oubliez pas vos jumelles! Toilettes adaptées, parking souterrain avec places réservées.

Autre institution culturelle majeure sur l’esplanade Charles de Gaulle: le musée Fabre. Inauguré en 1828, il rassemble les legs de plusieurs collectionneurs, au premier rang desquels celui qui lui a donné son nom, et présente un impressionnant panorama pictural du XVe au XXe siècle (dont un fond de dessins parmi les plus importants de France) ainsi que des sculptures: de quoi occuper de longues heures, voire toute une journée si on s’intéresse aux expositions temporaires! La rénovation de 2007 a en outre permis l’amélioration de l’accessibilité (même si les circulations demeurent un peu complexes) et des visites adaptées sont proposées aux déficients sensoriels.

Non loin de là, rue Montpelliéret, le richissime Hôtel Cabrières Sabatier d’Espeyran, demeure aristocratique XIXe aménagée et mise en accessibilité en 2010, conserve les collections d’art décoratif. Et si vos yeux ou vos oreilles ne sont pas encore assez remplis, l’espace Dominique Bagouet (du nom du chorégraphe trop tôt disparu, créateur du festival Montpellier danse), accessible par rampe de l’autre côté de l’esplanade, vous ouvre ses portes pour des expositions temporaires !

Plus haut dans la vieille ville, rue de l’École de Pharmacie, à quelques encablures des austères bâtiments historiques de la faculté de Médecine (la plus ancienne en activité au monde : immiscez-vous, y compris en fauteuil roulant, jusque dans la cour d’honneur, elle vaut le coup d’oeil), l’ancien collège royal ou étudia Rabelais a été tout récemment transformé en centre de création contemporaine : La Panacée. Un espace atypique, parfaitement accessible, où l’art contemporain vient à la rencontre du public, notamment grâce à la médiation d’étudiants particulièrement au fait des dernières tendances. Il faut juste oser pénétrer dans les lieux, ce qui n’est pas si difficile exception faite de la rue pentue qui le longe. Les nocturnes du week-end sont l’un des rendez-vous branchés du moment ! Entrée gratuite pour tous, ascenseur, toilettes adaptées, boucle magnétique, petite restauration sur place, dans une ambiance d’arches lumineuses et de musiques actuelles.

A l’est de la place de la Comédie, l’architecture contemporaine prédomine. Si l’ensemble Triangle-Polygone (centre commercial) apparaît désormais un peu daté, le quartier Antigone aux immeubles néo-antiques voulus par Ricardo Bofill et le flamboyant Georges Frêche à la fin des années 1970 a plutôt bien vieilli: cette architecture massive, parfois qualifiée de totalitaire, offre de belles perspectives ainsi que d’agréables espaces ombragés. Quoi que l’on pense de leur esthétique, ces projets urbains ont ouvert la cité à l’architecture contemporaine et contribué autant à son expansion qu’à son rayonnement.

Le récent quartier Jacques Cœur, où a été érigé un Hôtel de Ville à l’esthétique diversement appréciée conçu par Jean Nouvel (place Georges Frêche, évidemment…) en est une illustration. Des expositions temporaires y sont proposées tout au long de l’année, raison de plus pour en franchir les portes ! Jean Nouvel a également signé le très sobre show-room RBC (entreprise de design), dont la terrasse, accessible par ascenseur, offre un beau point de vue sur ce nouveau quartier des rives du Lez.

Une autre « starchitecte » en vogue, Zaha Hadid a conçu Pierres Vives, médiathèque hi-tech tout récemment inaugurée en bordure des quartiers populaires de la Paillade et de la Mosson. Les amateurs d’architecture viennent du monde entier pour le découvrir, et les Montpelliérains ont immédiatement adopté cet espace multithématique associant bibliothèque(s), médiathèque(s), archives, espaces d’exposition et auditorium. Une réussite parfaitement accessible à tous les publics, y compris handicapés : circulations aisées, prêt de fauteuils roulants, boucle magnétique, guidage sonore, personnel formé à l’accueil des personnes handicapées… Des postes informatiques de consultation avec ZoomText et Jaws (en mode vocal) sont par ailleurs mis à la disposition des visiteurs déficients visuels. Toilettes adaptées, stationnements réservés en face de l’entrée, de l’autre côté du parvis.

Dans un genre tout à fait différent, à l’autre bout de la ville, le quartier Odysseum, terminus de tramway et voisin de grands axes routiers, mêle centre commercial et zone de loisirs dans un décor de fête foraine entièrement piétonne. C’est, sans surprise, l’une des destinations favorites des enfants, d’autant que l’on y trouve des restaurants à thème, un planétarium accessible en fauteuil roulant, et un spectaculaire aquarium (Mare Nostrum, du nom que les Romains donnaient à la Méditerranée) également accessible, avec un simulateur d’ouragans unique en Europe ! Ne quittez pas Odysseum sans un détour par la controversée place des Grands Hommes et ses statues de dirigeants ayant marqué le XXe siècle, parmi lesquels Mao et Lénine…

A la fois très proche et très lointain, le château de Flaugergues, folie construite en 1696 pour un riche conseiller à la Cour des comptes de la ville, résiste dignement aux assauts de l’urbanisation. Si l’élégant bâtiment n’est malheureusement pas visitable en fauteuil roulant, le parc arboré et le jardin à la française agrémenté de vases d’Anduze (labellisés Jardin remarquable) valent le détour, notamment pour y découvrir de rares cédrats, un étonnant cadran solaire perse, un jardin des cinq sens et de surprenantes espèces végétales. Guides de visite en braille et relief, ou contraste et grands caractères, toilettes adaptées dans les dépendances. Restauration (bio) sur place.

Plus loin encore, dans la direction de la mer, accessible uniquement en voiture (parking réservé au plus près de l’entrée) le domaine de Maguelone occupe une presqu’île infiniment poétique et romantique. Siège, dès le haut Moyen-Âge, d’un important monastère, il est aujourd’hui administré par un ESAT qui allie patrimoine culturel et viticole dans une atmosphère propice à la méditation ou à la rêverie… Tous les ans depuis trente ans, un très couru (mais pas snob du tout) festival de musique ancienne s’y déroule, entre les murs vénérables de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Accessibilité par rampe, et de plain-pied dans le bâtiment abritant l’accueil et la restauration/ dégustation des crus locaux ainsi que des huîtres produites sur place: un vrai paradis!

Jacques Vernes,
décembre 2013.

Sur le web, l’Office de Tourisme de Montpellier est un véritable portail où vous trouverez toutes les informations utiles, y compris dans le domaine culturel. Sachez par ailleurs que le personnel de l’Office est formé à l’accueil des publics handicapés et que ses bureaux de la place de la Comédie sont parfaitement équipés en ce sens. Le site internet de la ville propose également une rubrique spécifique Handicap et accessibilité, ainsi qu’une très utile cartographie rassemblant toutes les données dans ce domaine.

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