Douze morts, et parmi eux les dessinateurs caricaturistes qui étaient principalement visés : Cabu, Wolinsky, Charb, Tignous, Honoré, la fine fleur du dessin politique et satyrique français. Ces douze vies emportées pour venger un dieu prétendument offensé, autant proclamé qu’hypothétique, comme tous les dieux d’ailleurs. Mais au nom du leur, des esprits faibles, fanatisés, tuent pour imposer la soumission prônée par ceux qui les manipulent. Derrière leur crime se dissimule la soif de pouvoir sur l’humanité, et ce qu’elle entraine : exploitation de l’autre, cupidité, inégalité, misère… Dans cette affaire, Dieu n’est qu’un moyen pour parvenir à ses fins.

C’est en combattant sans relâche cette volonté de domination des religieux et des gens de pouvoir de tous poils que les journalistes de Charlie Hebdo sont tombés. Pour notre liberté de penser comme nous voulons, et de l’exprimer, pour notre droit d’aller et venir comme bon nous semble, d’aimer qui nous voulons, de nous habiller comme il nous sied, de vivre libres.

Ces libertés ne sont pas menacées que par des extrémistes religieux, mais au quotidien par toute une série de pratiques qui, si elles ne reposent pas sur l’assassinat, sont toutefois très « performantes » : rétention d’information, propagande déguisée en actualité, marginalisation par l’argent des médias qui ne se conforment pas à la pensée dominante. Même dans un pays doté d’institutions démocratiques, le pluralisme de l’information est un combat permanent, pour repérer les réalités étouffées par la propagande, trouver d’autres sources d’information palliant le secret et la dissimulation. Cela, les journalistes français le vivent quotidiennement, y compris dans l’information concernant le handicap. Le travail des journalistes de Charlie Hebdo hier, aujourd’hui et demain, est celui de tous les journalistes qui veulent vivre dans un monde réellement libre.


Laurent Lejard, janvier 2015.

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