C’est le Premier ministre lui- même qui demande que soit tranché le dossier épineux de l’allocation personnalisée d’autonomie (A.P.A) : afin de réduire le poids financier supporté par l’Etat et les départements, une partie plus importante de dépenses sera laissée à la charge des personnes âgées dépendantes. Un décret en ce sens est en cours d’élaboration. Cela revient à leur faire payer leur handicap, deux fois. Une première fois dans leur chair, une seconde en puisant dans leur porte- monnaie. Comme si elles devaient être tenues responsables de leur état et en payer les conséquences.

L’A.P.A est accusée pêle-mêle d’être plus avantageuse à domicile qu’en établissement, de servir à autre chose qu’à payer du personnel, de ruiner les finances des départements qui sont obligés de cofinancer avec l’Etat. Ces griefs ont été exposés ce 20 novembre par le ministre des Affaires Sociales, François Fillon, et le Secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, lors d’une réunion de concertation avec une délégation de l’Association des Départements de France, organisation représentant les Conseils Généraux. Les ministres parlent fiscalité, maîtrise budgétaire, contrôle des allocataires. Jamais ils n’abordent la dépendance et sa prise en charge, les handicaps liés à l’âge, les drames humains qui en résultent et la nécessaire solidarité de la Nation envers des aînés qui furent productifs et « rentables ». On ne lit rien d’humain dans les discours de ces ministres seulement préoccupés de finances publiques.

A quelques mois de la mise place du droit à compensation du handicap, qui serait financé par la même Sainte Trinité (organismes sociaux, Etat, collectivités locales), on peut redouter que la méthode retenue pour les personnes âgées dépendantes soit appliquée aux handicapés. Nous voila prévenus…

Laurent Lejard, novembre 2002.

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