Décidément, la médecine n’est pas encore une science exacte et les facéties de l’expertise médicale viennent encore de nous le confirmer : Maurice Papon, purgeant depuis octobre 1999 une peine de dix années d’emprisonnement pour complicité de crimes contre l’humanité, présenté comme « grabataire » par deux experts médicaux, nous est apparu comme un vieillard alerte, quittant sur ses deux jambes et sans une quelconque aide la (bien nommée ?) prison de la Santé à Paris.

On peut évidemment s’interroger sur le sérieux des experts qui ont qualifié Papon de grabataire: pour le dictionnaire, cela se dit « d’un malade qui ne peut quitter son lit ». L’un des médecins qui a procédé à l’expertise précise que grabataire ne veut pas dire « nécessairement allongé ». Depuis que quelques- uns de ses confrères ont, durant les années 80, monnayé quelques grâces médicales, on ne peut guère s’étonner.

Au-delà du cas Papon et des pantalonnades de sa défense, c’est en vertu de la loi sur le droit des malades que Papon a été « élargi ». Selon les observateurs, environ un millier de malades du Sida sont en prison et leur état de santé ne serait guère enviable. Selon l’administration pénitentiaire, séjournaient en prison, au premier janvier 2001, 27 détenus de plus de 80 ans et trois de plus de 90 ans. A la prison de Muret (Haute-Garonne), quatre personnes sur fauteuil roulant et deux sous assistance respiratoire sont détenues. Les personnes lourdement handicapées emprisonnées bénéficieront-elles de la même commisération que le criminel Papon ?

Laurent Lejard, septembre 2002.

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