En décembre 2012, Yanous a publié un article Assistance indésirable à l’école. Cela concernait l’interdiction du chien d’assistance de notre fille Jeanne, handicapée motrice se déplaçant en fauteuil roulant, par le principal du collège et l’inspecteur de l’Éducation Nationale chargé de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés. Depuis sa rentrée en seconde générale au lycée Niepce de Châlons-sur-Saône, Jeanne vit une toute nouvelle étape, celle de l’acceptation de sa chienne d’assistance. Eh oui, Jeanne a fait sa rentrée dans ce lycée avec sa chienne et ça n’a posé aucun problème ! Nous avions rencontré l’équipe éducative auparavant, qui n’avait aucune objection. En effet, le lycée allait accueillir une nouvelle élève en fauteuil, avec sa chienne d’assistance, bref, il fallait juste voir telles et telles petites choses, mais Jeanne est une élève et elle a une chienne d’assistance, c’est aussi simple !

Je me souviens en juin 2014, lorsque nous avons rencontré le principal du lycée en partance pour la retraite, accompagné de l’infirmière du lycée et de l’enseignante référente, le principal a émis le regret que Jeanne n’ait pas emmené sa chienne d’assistance. En fait, Floride était aux pieds de Jeanne, tranquillement couchée! Le principal, arrivé après qu’on nous avait installées, n’avait pas vu Floride! Ça a fait rire tout le monde.

Jeanne est intégrée dans ce lycée comme n’importe quelle lycéenne. Certes, il y a eu des petits couacs mais, pour l’équipe éducative, ce n’est pas un souci car leur devise est: tant qu’il y a une solution, il n’y a pas de problème! Moi, maman, j’adore ça! Par exemple, lorsqu’un ascenseur tombe en panne, le cours est déplacé dans une autre salle au rez-de-chaussée. Il y a eu une grosse panne d’ascenseur où certains cours ne pouvaient être déplacés: c’était en biotechnologie, sciences physiques ou Sciences de la Vie et de la Terre, et il est compliqué de déplacer des paillasses de laboratoire. Mais pour le lycée, pas de souci: quatre personnes ont monté le fauteuil de Jeanne à l’étage et deux autres adultes l’ont prise dans leur bras pour l’amener vers sa salle de cours !

Tout est comme cela dans ce lycée. Bon, j’ai toujours peur que les personnes qui montent le très lourd fauteuil électrique de Jeanne se cassent le dos mais je peux vous assurer que c’est un bonheur quotidien pour nous ses parents et pour Jeanne. Dire qu’en troisième, année du brevet des collèges, Jeanne et d’autres élèves en fauteuil de la classe ULIS du collège ont du manquer deux semaines de cours car l’ascenseur était en panne et que les cours ne pouvaient être déplacés ! À ce propos, nous autres parents, n’avions pas à remplir de petit mot d’absence de l’élève, que j’ai bien entendu rempli avec la raison, comme stipulé dans les règlements scolaires…

Par ce petit récit, je voulais dire que handicap n’est plus quand on peut compter sur des personnes comme celles du lycée de Jeanne. Jeanne et sa chienne Floride s’éclatent en cours, en intercours, bref, s’éclatent tout court ! Même si j’ai déjà à plusieurs reprises remercié les personnes qui travaillent au lycée (que ce soit le personnel d’entretien, l’équipe éducative ou administrative), je les remercie à nouveau et j’espère que toutes les personnes différentes peuvent et pourront vivre le même bonheur que ma fille. C’est si bon d’être bien dans ses baskets, ou plutôt, comme me reprendrait Jeanne, dans ses roulettes !


Florence Sibourg, mai 2015.

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