« Je ne crois pas que Monsieur Sarkozy laissera quatre enfants handicapés devant l’entrée de l’Elysée ! ». Hélène Corbec le clame : elle ira jusqu’à la Présidence de la République pour remettre les milliers d’euros que l’association Les Amis de Coralie a récoltés pour combler les carences de l’Etat. Coralie, c’est la fille d’Hélène et Bruno Corbec, des parents qui ont porté plainte contre l’Etat, l’Education Nationale et la Maison Départementale des Personnes Handicapées du Tarn-et-Garonne. A 7 ans passés, leur fillette devait entrer en classe d’intégration scolaire début septembre, mais le nécessaire Auxiliaire de Vie Scolaire accordé par la M.D.P.H n’était pas là. Pour une raison logique, la décision de la M.D.P.H mentionnait que Coralie bénéficiait d’un A.V.S pour… zéro heure par semaine !

Une situation ubuesque, contre laquelle les parents se sont révoltés : leur enfant avait été scolarisée en grande section de maternelle et avec A.V.S l’année précédente, et là, l’Administration lui fermait sans recours la porte de la grande école. L’équipe éducative a demandé que cette décision soit révisée, alors que les parents déposaient leur triple plainte, une première nationale, et lançaient une pétition portée par le collectif « Réveillons l’Etat », avec invitation à donner 1€ par chèque ou espèces afin de permettre à l’Etat et à l’Education Nationale de remplir leur obligation légale d’accueillir à l’école ordinaire tous les enfants qui y sont orientés avec l’assistance d’un A.V.S.

L’argent récolté sera prochainement remis à Paris au ministre de l’éducation nationale, à l’occasion du rendez-vous demandé à la Présidence de la République. Présidence qui suit l’affaire de près, la secrétaire chargée de traiter les « courriers signalés » ayant appelé les parents, de même que les services du ministère de l’Education Nationale. « Et là, miracle, s’exclame Hélène Corbec, tous les postes d’A.V.S arrivent ! Les sept enfants, et bientôt huit, suivis par le collectif ont leur auxiliaire. Pas uniquement dans le Tarn-et-Garonne d’ailleurs, mais également dans les Alpes-Maritimes. »

Yolande Raulet, une maman du Lot-et-Garonne a elle aussi porté plainte contre l’Etat : « Mon fils Clément devait entrer à l’école le mercredi, il n’y avait pas l’A.V.S accordé par la M.D.P.H, le vendredi je déposais plainte, le lundi un A.V.S était nommé ! ». Mais près de 70 autres enfants étaient dans l’expectative, et Yolande Raulet a maintenu sa plainte, par solidarité et pour faire pression sur l’administration.

Si les autorités affirment que ces « cas particuliers » sont réglés, Yolande Raulet constate qu’il est difficile de le vérifier : « On a beaucoup de mal à savoir si toutes les écoles ont reçu les emplois promis. Peu de parents se sont mobilisés malgré les réunions que l’on a organisées, six familles sont venues sur la soixantaine concernée »…

Alors elle va retirer sa plainte, tout en s’interrogeant sur ce paradoxe : son fils dispose d’un A.V.S à temps plein alors qu’il n’est scolarisé que deux matinées, l’équipe éducative estimant que l’enfant est trop fatigable : « Pour que Clément participe à une sortie scolaire, on me demande de suivre en voiture, pour le ramener s’il est fatigué ! » De cette rentrée mouvementée, Yolande Raulet tire cet enseignement : « On demande aux parents de remplir quantité de formulaires, et on se retrouve à ramer. Mais on a des droits. Sans mobilisation, on va perdre les acquis de la loi de février 2005 ».


Propos recueillis par Laurent Lejard, octobre 2009.

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