Les écoles de chien-guide ont commencé à se développer en France depuis 25 ans, après le redressement de l’école Paul Corteville (lire notre article de février 2001). Bien que tous les intervenants s’accordent pour reconnaître le gain d’autonomie, l’impact positif sur l’insertion sociale et professionnelle que représente cette aide animale, le chien- guide n’est toujours pas considéré comme une aide technique apportée aux personnes déficientes visuelles. Il demeure toujours impossible de recourir à des crédits de l’État ou de la Sécurité Sociale pour financer le coût de l’élevage et de la formation de ces animaux.

Alors, parce que leur volonté et leur conviction les animent, des centaines de bénévoles conduisent des actions de collectes d’argent. La Fédération Nationale des Écoles et Associations de Chiens- Guides d’Aveugles est reconnue d’utilité publique ce qui lui permet de gérer des legs. Les associations affiliées peuvent également le faire du fait de la reconnaissance fédérale : cela est nettement insuffisant pour financer les 120 chiens remis chaque année gratuitement mais dont le prix de revient unitaire s’établit à 13.700 euros (90.000 francs).

Les écoles multiplient en conséquence les appels à la charité publique en organisant des manifestations de soutiens, avec l’apport notable de clubs tels ceux du Lyons. Des membres de cette organisation caritative gèrent d’ailleurs directement plusieurs écoles.

Le chien-guide revient cher.
 Il y a une grande différence entre le prix d’achat d’un chien de compagnie avec pedigree, qui s’établit aux environs de 5.000 francs, et le coût d’un chien- guide d’aveugle. Ce coût intègre l’ensemble des opérations engagées pour constituer et suivre l’équipe que doit former la personne aveugle et son chien- guide. Elles comprennent notamment les frais d’élevage (l’achat des reproductrices, la nourriture et le suivi médical, les saillies et mises- bas…), le suivi du chiot en famille d’accueil de 2 à 14 mois environ, l’éducation du chien par un éducateur spécialisé (niveau BAC +3) pendant 12 mois environ, l’adaptation de l’animal à son futur maître au cours d’un stage de formation de 8 à 10 jours à l’École (le déficient visuel est pris en charge complètement), suivi d’une période de 8 jours au domicile avec l’assistance d’un éducateur, le suivi de l’équipe non- voyant/ chien- guide pendant toute la vie de l’animal en raison des nécessités d’intervention à caractère technique ou en cas de difficultés personnelles.

Pour conduire ces missions dans de bonnes conditions, les écoles sont de véritables établissements professionnels d’éducation canine. Les équipements et installations techniques doivent être conformes aux normes sanitaires, garantie de longue vie pour les animaux. Une école type comporte des chenils et boxes aménagés, une pièce de préparation de nourriture et de stockage, une infirmerie, une nurserie, des studios d’accueil, des locaux administratifs. C’est une petite entreprise qu’il faut savoir gérer dans un cadre de prise en charge qui pourrait être meilleur.

Qui paie ? Nous l’écrivions plus haut, le chien- guide est remis gratuitement au non- voyant auquel il est destiné. Les legs sont insuffisants. L’apport des collectivités locales dépend des relations conviviales que peuvent nouer les dirigeants associatifs et les élus. Les Caisses d’Assurance Maladie accordent généralement une aide qui peut atteindre un maximum de 760 euros (5.000 francs) par chien remis. On le voit bien, les financements publics sont aléatoires et maigres.

Ce sont les bénévoles qui paient, par leur action sur le terrain, en organisant des manifestations publiques pour collecter de l’argent. Cela peut occuper le tiers de leur temps, pour une cinquantaine d’actions dans l’année. Il faut beaucoup d’énergie et de volonté pour arriver à couvrir tout juste la moitié des besoins en chien- guide : on estime en effet que 250 personnes devraient chaque année recevoir cet animal d’assistance qui n’est pas reconnu comme tel et pris en charge par l’État et la Sécurité Sociale.

La professionnalisation nécessaire, et accomplie, de l’élevage et de l’éducation des chiens-guides ne peut plus reposer seulement sur la charité publique…

Pour plus d’informations sur l’opération « chien guide lumière », rendez- vous sur le site de la Fédération Nationale des Écoles et Associations de Chiens- Guides d’Aveugles. Un grand merci à l’École de Chiens Guides d’Aveugles du Midi pour son aimable collaboration.

Laurent Lejard, décembre 2001.

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