Partie nord de la région Auvergne, l’Allier n’a pas oublié ses racines anciennes et le semis de fleurs de lys de son blason, qui est celui des seigneurs de Bourbon. Non par conservatisme mais comme le rappel d’une longue histoire dont témoignent encore de nombreux monuments, et aussi cette sensation de quiétude confiante propre aux terroirs qui n’ont rien à prouver. En dépit des crises et des vicissitudes, il fait en effet toujours bon vivre ici, à l’équilibre entre nord et sud, Oïl et Oc, sous un climat également à la frontière des deux. Les habitants sont à cette image: réservés, parfois, mais à l’aise avec chacun, chaleureux sans familiarité, en un mot affables. Ajoutez à cela une offre touristique particulièrement diversifiée à des tarifs raisonnables et vous comprendrez pourquoi ceux qui traversent l’Allier finissent par s’y arrêter !

Vichy la thermale sportive

Le casino et le théâtre de Vichy ©Yanous.com

Ville la plus célèbre du département, dont le nom s’exporte, en bouteilles ou en pastilles, dans le monde entier, l’élégante Vichy doit composer avec une histoire certes ancienne en ce qui concerne le thermalisme (il remonte aux Romains) mais infiniment plus douloureuse pour la période récente. Il y a soixante-treize ans, en effet, l’ignominieux État français, zélé collaborationniste, investissait les palaces du centre-ville. Quatre années qui ont marqué la France et la cité, et dont subsistent les luxueux décors aujourd’hui transformés en résidences. L’Office de tourisme propose une passionnante visite guidée sur ce thème, mais également d’autres ayant trait notamment au « beau visage » de Vichy. Car la blanche station lancée par Napoléon III et dont la gloire ne s’est ternie qu’avec la seconde guerre mondiale, n’a rien perdu de son charme un peu suranné. Y déambuler autour du parc thermal, d’un pavillon à l’autre, est un vrai plaisir pour les amateurs d’architecture… ou de shopping : les commerces restent ouverts le dimanche en toute légalité ! La voirie est plate avec de larges trottoirs, sans piège notable pour les utilisateurs de fauteuils roulants, mais les déficients visuels seraient bien inspirées de faire valoir leurs besoins, plutôt négligés ici…

Galerie couverte du parc thermal de Vichy ©Yanous.com

Thermalisme aidant, le public curiste est d’un âge certain (ce qui participe, il faut bien le dire, de la quiétude du lieu) mais la municipalité fait beaucoup pour attirer la jeunesse, en proposant notamment des équipements sportifs haut de gamme dignes d’une grande ville : vaste réseau de pistes cyclables, parc omnisports, hippodrome, parcours de golf et base nautique sur l’Allier avec un fameux club d’aviron au palmarès impressionnant. Le plan d’eau accueille également un club nautique équipé handisport, avec Access dinghy, Miniji, Newcat, ski nautique et potence d’embarquement (utilisable également pour les bateaux électriques à louer). De quoi passer des vacances actives !

Avant l’Allier

Des squelettes de dinosaures à Paléopolis ©Yanous.com

À une vingtaine de kilomètres de Vichy, du côté de Gannat, les familles sont conviées à faire un voyage captivant dans le lointain passé de la région, au tout nouveau parc Paléopolis aménagé par le Conseil Général à côté d’un important gisement de fossiles. Le site est célèbre pour la découverte, en 1993, d’un rhinocéros sans corne vieux de 23 millions d’années, époque à laquelle le Bourbonnais jouissait d’un climat tropical… Accessible de plain-pied, Paléopolis propose une exposition permanente retraçant, de manière didactique, les différentes périodes de l’évolution avec de spectaculaires fossiles et des reconstitutions de biotopes, ainsi qu’une partie dédiée aux expositions temporaires, toujours sur le même sujet. Ne manquez pas la collection de minéralogie, particulièrement bien mise en lumière: vous y découvrirez de très rares spécimens. Toilettes adaptées, parking réservé, cafétéria, pique-nique possible sur place.

S’il vous reste du temps, au nord de Gannat, faites un crochet par Charroux, classé parmi les plus beaux villages de France : le tour du centre ancien se fait assez rapidement (sauf à s’attarder, en saison, à l’une des terrasses) mais les vieilles rues aux belles architectures médiévales regroupées autour d’une vaste place circulaire méritent le coup d’oeil.

En voiture !

Musée de l'automobile de Bellenaves ©Yanous.com

Non loin de là, Bellenaves est un autre bourg rural à l’orée duquel on trouve un étonnant musée automobile dont l’originalité est de n’être constitué que de véhicules en état de marche appartenant à des particuliers. Peu de modèles de prestige, ici, mais la voiture de Monsieur Tout-le-monde du début du XXe siècle aux années 1980 : nostalgie garantie ! Les modèles exposés sont régulièrement renouvelés et les passionnés qui les bichonnent sont intarissables sur le sujet. Accès de plain-pied, stationnement réservé à droite de l’entrée, toilettes adaptées. Les déficients visuels disposent de cartels et d’un livret de visite en braille, ainsi que de la possibilité de toucher les voitures. Une étape bien sympathique.

Montluçon ancienne et moderne

Dans le vieux Montluçon ©Yanous.com

À l’ouest du département, dominant la vallée du… Cher du haut de sa butte, Montluçon est la ville la plus peuplée de l’Allier mais elle n’en est, pas plus que Vichy, la préfecture : Histoire oblige. Celle de cette ancienne rivale de Moulins (préfecture en titre) n’en est pas moins prestigieuse, dont les origines remontent à l’époque gallo-romaine. Ville frontière entre le royaume de France et le duché d’Aquitaine, Montluçon fut au Moyen-Âge le théâtre d’innombrables affrontements entre Français et Anglais. Personnage emblématique de cette période, le duc Louis II de Bourbon a laissé ici de nombreux témoignages de son règne, dont un imposant château, partiellement ruiné au fil des siècles et qui attend toujours sa réhabilitation. Le centre ancien a par ailleurs conservé de belles maisons Renaissance à pans de bois ainsi que d’élégants édifices religieux malheureusement inaccessibles en fauteuil roulant. La partie haute de la ville (accès conseillé en voiture) compte de splendides hôtels particuliers ainsi qu’une imposante église Notre-Dame accessible par rampe à l’arrière. Les rues et places attenantes ont beaucoup de charme, pour peu que l’on se donne la peine de lever les yeux !

Les instruements d'une fanfare au MuPop ©Yanous.com

C’est là aussi qu’a tout récemment été inauguré une sorte d’ovni culturel destiné à enivrer les oreilles des petits comme des grands : le musée français des Musiques Populaires (Mupop). Il est vrai que le compositeur André Messager est né ici, et que Franck Alamo et Michel Polnareff (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) y font fait leur service militaire… Imaginez un grand cube de béton pas vraiment gai, qui abriterait pourtant toute la joie de vivre musicale française du XIXe siècle à nos jours. Accessibilité parfaite, muséographie pleine de surprises : on oublie ses éventuels a-priori dès que l’on franchit le seuil ! Ce sont des pans entiers de notre histoire qui se révèlent ainsi, par le truchement des mélodies qui ont enchanté nos ancêtres, nos parents et nous-mêmes, des bals et fanfares populaires aux concerts punk ou new wave en passant par le rockabilly. Les pièces exposées vont de la vielle à roue au synthétiseur, avec la plus importe collection française de guitares électriques, mais on parcourt également des reconstituions d’ambiances (parfois déjantées), on s’émeut devant les vieilles pochettes d’albums, les affiches, et on se régale avec les jukebox interactifs pour (re)construire son propre parcours musical. Un musée épatant et qui le sera plus encore quand les visiteurs déficients sensoriels seront enfin invités à la fête !

Sur le canal de Berry

Péniche du musée du Canal de Berry ©Yanous.com

Nostalgie également à Audes (Magnette), quelques kilomètres au nord de Montluçon, sur le canal de Berry qui a fait jadis la fortune industrielle de cette région. Un musée, accessible par élévateur, et de plain-pied pour la maison éclusière, y présente l’histoire de cet ouvrage d’art du XIXe siècle, utilisé jusqu’en 1945 puis aliéné (et non pas seulement déclassé) dix ans plus tard: un drame ayant entraîné la disparition pure et simple de nombreux tronçons et la mort d’une activité qui faisait travailler des centaines de personnes. C’est cette époque glorieuse et ses métiers (marinier, haleur, éclusier) que fait revivre le musée à travers maquettes et témoignages. Une salle, en rez-de-chaussée, conserve en outre de spectaculaires écluses de bois à côté desquelles on se sent tout petit. À quai, une longue péniche berrichonne (inaccessible) donne une idée des embarcations utilisées mais c’est l’Aramis, miraculé en cale sèche sous son hangar, qui témoigne le mieux de la réalité de la vie des mariniers. En été, le mur de la maison éclusière sert d’écran de projection à des films ayant trait à la batellerie: une étape bien poétique. Stationnement aisé, toilettes adaptées.

La capitale des Bourbons

Plans tactiles et braille de Moulins en 1460 ©Yanous.com

On retrouve l’Allier, plus à l’est, avec Moulins, la préfecture, ancienne capitale des ducs de Bourbon. Ville franche (c’est à dire paradis fiscal) au Moyen-Âge, elle resta opulente après le rattachement du Bourbonnais à la couronne de France, au XVIe siècle, avec le développement de la batellerie mais aussi de la coutellerie et de l’armurerie, puis de la sériciculture. Si ces trois dernières activités n’ont pas survécu à la Révolution, le XIXe siècle a vu l’émergence de nouvelles industries, dont certaines ont fleuri jusqu’à la fin du XXe siècle. Ici comme ailleurs en France, la désindustrialisation a, depuis, fait des ravages… On peut se faire une idée précise des mutations traversées par la cité en visitant l’espace Citévolution installé dans un bel hôtel particulier du centre ancien (accès par l’arrière en fauteuil roulant : prévenir). De minutieuses maquettes permettent de visualiser ces transformations et mieux comprendre le tissu urbain et son histoire, y compris pour les visiteurs déficients visuels grâce à des planches en relief, contraste et braille. L’étage, accessible par ascenseur, accueille l’espace d’expositions temporaires du musée de la Visitation, consacré à l’art religieux. Abandonnez vos idées préconçues : les muséographes locaux savent rendre fascinants ces objets si particuliers !

Tour de gué et maison pans de bois à Moulins ©Yanous.com

La déambulation en ville, ponctuée de pavés, peut s’avérer pénible en fauteuil roulant mais les élégants édifices que l’on y découvre compensent amplement ce désagrément : maisons à pans de bois, hôtels élégants, jolies cours (il faut oser pousser les portes)… On regrette toutefois que l’extraordinaire maison du collectionneur Louis Mantin ainsi que le riche musée Anne de Beaujeu, attenant, ne soient accessibles que très partiellement aux personnes à mobilité réduite. Tel n’est heureusement pas le cas du Centre National du Costume de Scène (CNCS), inauguré en 2006 en entrée de ville dans une ancienne caserne du XVIIIe siècle et qui constitue, à juste titre, l’un des moteurs touristiques de la région. Ses collections, présentées en alternance à la faveur d’expositions temporaires thématiques (le cirque, le pouvoir, les divas, l’insolite…) rassemblent des milliers de costumes de théâtre, opéra ou ballet déposés principalement par la Bibliothèque Nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra de Paris. Nulle poussière, ici, sinon d’étoiles, et de la magie à tous les étages conjuguée à une accessibilité sans faille ! Les visiteurs déficients visuels disposent en outre, sur demande, de livrets braille et grand caractères ainsi que d’une mallette pédagogique. Petite restauration possible sur place, toilettes adaptées, vaste parking.

Un parc d’attractions animalier

King-Kong réside au Pal ! ©Yanous.com

Des étoiles, on en trouve aussi dans les yeux des enfants à une trentaine de kilomètres de Moulins, au parc d’attraction et animalier Le Pal. Le site le plus visité du département vient de fêter ses quarante ans. Un concept bien rodé qui fait voisiner animaux en semi-liberté (singes notamment) et attractions foraines. Côté accessibilité, outre la possibilité de stationner au plus près de l’entrée et l’octroi de réductions sur le billet d’entrée, le parc est globalement roulant pour la très vaste partie animalière ainsi que le « village » central avec ses boutiques et restaurants. Plusieurs attractions foraines ont été équipées d’élévateurs mais le transfert est indispensable. Les mentions d’accessibilité figurent sur un plan distribué à l’accueil. Le parc s’est doté, au printemps 2013, d’une partie hôtelière unique en France, basée sur le concept des « lodges » africains. Deux d’entre eux sont adaptés, avec décoration raffinée et vue imprenable sur une vraie savane avec zèbres, autruches et antilopes : un rêve exotique au beau-milieu du Bourbonnais!

Jacques Vernes, octobre 2013.

Sur le web, le site officiel du tourisme de l’Allier permet de préparer son séjour sur place dans les moindres détails, que l’on soit plutôt nature ou plutôt culture, hébergements compris. L’espace Tourisme et Handicap, très complet (même s’il ne met en avant que le label), propose des séjours clés en main et la possibilité d’entrer en contact avec des interlocuteurs sensibilisés à cette thématique.

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