L’Anjou, ancienne province dont les contours correspondent peu ou prou à l’actuel département de Maine-et-Loire, a été si justement chanté par Du Bellay que sa célèbre « douceur angevine » (qui n’est pas usurpée) lui sert de nos jours encore de slogan publicitaire. Son histoire millénaire est à jamais liée à celle de René 1er d’Anjou (1409-1480) dont les possessions comprenaient également, bien au-delà de la Loire, la Provence, la Lorraine et le royaume de Naples. Son neveu Louis XI a su faire en sorte qu’une partie de l’héritage de ce prince de grande culture soit rattachée au domaine royal (plutôt de force que de gré !), oeuvrant ainsi à construire la France que nous connaissons aujourd’hui. Le titre de duc d’Anjou n’a jamais cessé d’être porté par des membres éminents des dynasties régnantes.

Angers, capitale chérie du Roi René (avec Aix-en-Provence) organise cette année une série d’événements autour ce personnage emblématique d’un Moyen-Âge éclairé, amoureux des arts et lui-même écrivain. Une exceptionnelle exposition « Splendeur de l’enluminure, le Roi René et les livres » sera d’ailleurs présentée du 3 octobre 2009 au 3 janvier 2010 dans la célèbre galerie de l’Apocalypse, au château. Lequel, géré par le Centre des monuments nationaux, se met progressivement en accessibilité. Stationnement possible près de l’entrée (attention, les emplacements réservés sont payants à Angers) mais cheminements mal aisés. La galerie de l’Apocalypse, à ne manquer sous aucun prétexte, présente, sur une longueur de plus de 100m, l’un des plus beaux exemples de tapisserie du XIVe siècle, miraculeusement préservé. Accès par élévateur, puis visite de plain-pied, dans une agréable fraîcheur. Les visiteurs aveugles, outre un plan braille et relief du château, disposent de pupitres tactiles à l’entrée de la galerie. Le film qui sert d’introduction à la découverte de la tapisserie est, de plus, sous-titré en LSF par l’angevine Monica Companys. Le reste du château, plutôt vide, vaut surtout pour ses extérieurs. Le logis royal, incendié début 2009, est toujours en restauration.

Angers, maison d'Adam. © JD Billaud.

Le (petit) centre-ville d’Angers est d’autant plus propice à la balade que l’Office du tourisme a récemment élaboré un « circuit confort » dont la version imprimée est disponible dans ses bureaux, au pied de la montée du château (stationnements réservés juste en face), point de départ idéal pour découvrir la cité. On ne trouvera guère trace du Roi René dans la cathédrale (où son tombeau a été détruit) mais le bâtiment vaut le détour, avec ses voûtes caractéristiques et ses vitraux du XIIe siècle. Juste à côté, sur une place animée, la superbe maison dite « d’Adam » affronte vaillamment le temps depuis la fin du XVe siècle. Non loin de là, récemment restaurée et pleinement accessible, la très belle Collégiale Saint-Martin propose jusqu’à la mi-juillet une exposition didactique sur René d’Anjou, dont vous devriez ressortir incollable !

En passant par ce qui subsiste du cloître de l’abbaye Toussaint, mitoyen de la galerie David d’Angers (partiellement accessible mais qui propose des visites tactiles autour de l’oeuvre de ce sculpteur encore trop méconnu) on peut accéder, par un élévateur, au Musée des Beaux-Arts. Lequel déroule ses collections sur un ensemble de bâtiments dont l’architecture s’étale du Moyen-Âge à l’époque contemporaine, avec une muséographie récente et lumineuse. Toutes les époques de l’Art sont représentées, mais également l’histoire locale : largement de quoi occuper une bonne demi-journée. Accès possible par l’entrée principale, place Saint-Éloi.

Enfin, ceux qui souhaiteraient compléter la visite des tapisseries de l’Apocalypse par une vision plus moderne de cet art du licier ont rendez-vous, de l’autre côté de la Maine, au Musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine (accessible) installé dans l’ancien L’Hôpital Saint-Jean, où l’on peut notamment découvrir Le chant du monde, oeuvre maîtresse de cet artiste disparu en 1966.

Angers a certes vu naître, entre autres, le compositeur Henri Dutilleux (en 1916), l’écrivain Hervé Bazin (décédé en 1996), l’actrice Gaby Morlay (morte en 1964) et le comédien Daniel Gélin (disparu en 2002) mais sa gloire la plus internationale (et la mieux vendue !) demeure la dynastie Cointreau : toujours fabriquée sur place, la fameuse liqueur se présente sous son meilleur jour au Carré Cointreau, situé en périphérie de la ville. Des espaces très design embaumant l’orange où l’on peut, privilège rare, dialoguer avec des distillateurs avant de découvrir les chaînes d’embouteillage et l’histoire de la marque. Dégustation possible en fin de visite (accompagnée et accessible) mais réservation obligatoire au 02 41 31 50 50. Attention : parking difficile à trouver, demander lors de la réservation.

Dans un genre totalement différent, à quelques kilomètres au nord-est d’Angers, le Musée de l’air, créé il y a une trentaine d’années, s’est récemment installé dans un hangar de plain-pied jouxtant l’aéroport. Stationnement aisé et accueil chaleureux pour cet espace qui vit grâce à l’enthousiasme d’un groupe de bénévoles et où l’aviation légère est mise en avant avec quelques modèles d’exception, dont le spectaculaire « N°3 » de René Gasnier. Les aéroplanes exposés sont régulièrement renouvelés en puisant dans la collection et réservent toujours des surprises d’ingéniosité ! L’atelier de restauration, en activité, constitue, avec la possibilité de toucher certains modèles (voire d’y grimper, pour les valides), l’un des attraits de l’endroit.

Retour dans le temps à Baugé, dont le très élégant château du XVe siècle abrite un parcours audiovisuel dédié au Roi René, qui aimait venir y chasser : une manière intelligente et ludique de se familiariser avec le contexte historique de cette fin de Moyen-Âge et découvrir, par exemple, comment la croix d’Anjou est devenue croix de Lorraine. Dommage que l’excellente accessibilité ne s’étende pas encore à la très belle apothicairerie de l’Hôtel-Dieu…

En quittant le village, faites un crochet par le Vieil-Baugé et jetez un oeil au clocher, vous en trouverez peut-être d’autres du même style à proximité…

Saumur et son château. © Pôle Touristique International de Saumur et sa région.

Plein sud, sur son piton dominant la Loire, le château de Saumur semble n’avoir pas changé depuis que l’enlumineur des Très riches heures du duc de Berry l’a choisi pour illustrer le mois de septembre. Hélas, ce splendide bâtiment, victime d’un effondrement en 2001, fait toujours l’objet d’un chantier de réhabilitation qui risque de durer encore quelques années. Des manifestations y sont néanmoins organisées ponctuellement (renseignez-vous à l’office de tourisme) et le point de vue demeure spectaculaire et photogénique, même depuis le parking. Reste également, en contrebas, un joli centre-ville ancien qui se découvre le nez en l’air, au gré des vieilles rues et des façades Renaissance.

Autre incontournable local dont la renommée à dépassé les frontières, le Cadre Noir, corps d’élite de la cavalerie, se produit régulièrement en public. Réservation fortement conseillée ! Le grand manège est accessible aux fauteuils roulants dans ses parties hautes (tarif réduit) : une occasion unique de découvrir pourquoi le cheval est « la plus noble conquête de l’Homme » (dixitBuffon)…

Les animaux, on les retrouve à l’état sauvage dans la présentation ludique qu’en fait la toute récente Maison du Parc naturel régional Loire Anjou Touraine, implantée à Montsoreau. Une construction ultramoderne répondant aux normes environnementales les plus pointues. Outre une exposition permanente sur la Loire et son environnement, des parcours de randonnée devinettes sont proposés, dont certains accessibles avec aide : parlez-en avec le personnel d’accueil, qui connaît parfaitement son terroir et vous fournira la fiche du parcours qui vous convient le mieux.

Faune toujours, mais résolument exotique, au Bio-parc de Doué-la-Fontaine : un zoo du XXIe siècle installé dans d’anciennes carrières remplies de végétation luxuriante qui lui confèrent un aspect « Monde perdu » propice à l’aventure. Le circuit de visite ne présente pas de difficulté majeure en fauteuil roulant, sinon quelques pentes un peu fortes par endroits. Les animaux y sont légion, dans des biotopes savamment reconstitués, et le point fort de l’été sera l’ouverture de la plus grande volière d’Europe, dédiée aux oiseaux sud-américains, qui couvrira près d’1 hectare ! Restauration possible sur place, prêt de fauteuil pour les personnes fatigables, parking réservé au plus près de l’entrée principale, le long de la rue.

Ne quittez pas Doué-la-Fontaine sans un détour au Musée des anciens commerces, à deux minutes du zoo : sur deux niveaux (l’un de plain-pied, l’autre accessible par élévateur) y sont reconstituées d’anciennes boutiques des XIX et XXe siècle, avec tout leur équipement. Un étrange et nostalgique voyage dans le temps qui offre la possibilité aux aînés d’expliquer à leurs petits-enfants « comment c’était avant »… Stationnement conseillé devant l’accès principal.

Abbaye de Fontevraud. © Pôle Touristique International de Saumur et sa région.Enfin, aux confins du département, l'Abbaye de Fontevraud déploie discrètement ses charmes millénaires. Abbaye royale fondée au XIIe siècle, elle a abrité des pensionnaires illustres avant d'être transformée en prison après la Révolution. Un long programme de restauration, initié avant même la fermeture en 1963 de l'établissement pénitentiaire, a débouché récemment sur une mise en accessibilité partielle des bâtiments. Lesquels valent définitivement la visite, ne serait-ce que pour l'harmonieuse beauté des espaces (désormais administrés par un centre culturel), les gisants de Richard Coeur de Lion, d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt, la splendide salle capitulaire et les étonnantes cuisines. Stationnement réservé sur la petite place qui fait face à l'entrée, quelques rampes un peu fortes nécessitent d'être aidé, nombreux pavés...

Enfin, aux confins du département, l’Abbaye de Fontevraud déploie discrètement ses charmes millénaires. Abbaye royale fondée au XIIe siècle, elle a abrité des pensionnaires illustres avant d’être transformée en prison après la Révolution. Un long programme de restauration, initié avant même la fermeture en 1963 de l’établissement pénitentiaire, a débouché récemment sur une mise en accessibilité partielle des bâtiments. Lesquels valent définitivement la visite, ne serait-ce que pour l’harmonieuse beauté des espaces (désormais administrés par un centre culturel), les gisants de Richard Coeur de Lion, d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, la splendide salle capitulaire et les étonnantes cuisines. Stationnement réservé sur la petite place qui fait face à l’entrée, quelques rampes un peu fortes nécessitent d’être aidé, nombreux pavés…

Difficile de quitter la région sans évoquer l’un de ses trésors gastronomiques : le vin ! Toute la partie sud du département (du fleuve dans son entier, en fait) est couverte de vignobles. Les goûts et les couleurs, nombreux en la matière, ne se discutent certes pas mais nous ne pouvons résister à la tentation de vous inviter à découvrir un cru méconnu, celui de Savennières, au sud-ouest d’Angers, sur la rive nord de la Loire. Atypique, tonique, complexe, qui vieillit bien : un résumé à soi seul de tout le Maine-et-Loire !

Jacques Vernes, juin 2009.

Sur le web, le site du comité départemental de tourisme de Maine-et-Loire communique sur l’appellation Anjou. La rubrique « Anjou accessible » permet de télécharger la brochure des sites répertoriés. L’office de tourisme d’Angers propose quant à lui une information très complète pour préparer votre séjour, ainsi qu’une section dédiée au tourisme adapté.


Nos adresses accessibles :

Aux portes d’Angers, le tout récent Hôtel de Loire, labellisé Tourisme et Handicap, dispose de chambres joliment designées. Demi-pension possible sur place au restaurant Les Bateliers. Parking réservé devant l’entrée.

À Angers même, devant la gare, le restaurant Les Plantagenêts, installé au rez-de-chaussée de l’Hôtel de France, propose une cuisine élaborée dans un décor design.

Au sud-ouest d’Angers, à Bouchemaine, endroit secret prisé des Angevins, La Terrasse offre non seulement une vue panoramique sur la Loire mais également une restauration au top de la gastronomie locale. Accès par rampe.

Moins gastronomique mais plus surprenant, le restaurant Ô Bolides, en périphérie d’Angers, vous invite au beau milieu de voitures de collection, avec une prédilection pour les Mustang et Jaguar, qui sont d’ailleurs en vente : avis aux amateurs…

À l’entrée de Saumur, l’Hôtel du parc a récemment changé de propriétaires, lesquels oeuvrent actuellement à en améliorer l’accessibilité, déjà raisonnablement correcte. La table y est excellente, axée sur les produits du terroir.

À l’orée de Doué-la-Fontaine, à mi-chemin du zoo et du Musée des commerces, l’Auberge Bienvenue n’usurpe pas son nom. Son importante fréquentation atteste de sa qualité : réservation conseillée ! On aime moins les graviers sur le parking…

Enfin, juste en face de l’abbaye de Fontevraud, La Croix Blanche accueille, dans un cadre raffiné, ses hôtes et ses convives. Excellente accessibilité pour la partie rénovée (avec goût), table inventive dans un décor plus conventionnel. Quand un plan incliné rattrapera le petit seuil du restaurant, tout sera parfait !

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