À trois heures d’avion de Paris, l’ancienne Reval (son nom officiel jusqu’en 1918) a toujours été un important carrefour économique. Danoise, puis hanséatique, elle a longtemps abrité une forte population allemande, même durant les dominations suédoise (XVIe siècle) puis russe (XVIIIe siècle). Après une première indépendance au sortir de la 1ère Guerre Mondiale, le pays retomba sous la domination des Russes en 1940-41, chassés provisoirement par l’invasion allemande avant une installation plus durable de 1944 à 1991, date de la seconde indépendance. Les Russes représentent, depuis lors, plus du quart d’une population générale dépassant à peine 1,3 millions d’habitants, dont environ 450.000 à Tallinn. Un sujet toujours sensible aujourd’hui… L’Estonie est membre de l’U.E depuis 2004 et de l’Espace Schengen depuis 2007 mais l’arrivée de l’euro (dont le taux est fixé à 15 couronnes estoniennes) a été repoussée pour motifs économiques.

Le centre ancien de Tallinn, patrimoine mondial de l’Unesco en 1997, est assez petit pour être parcouru à pied (où à roues) mais les pentes y sont parfois très fortes et les (gros) pavés omniprésents, raison pour laquelle il peut être plus commode aux personnes à mobilité réduite de se faire déposer (en taxi par exemple) dans les parties hautes de la cité pour redescendre ensuite par leurs propres moyens. Ceinte de remparts (conservés) et survolée par les oiseaux marins, la ville haute offre, outre un joli panorama sur le golfe de Finlande, un ensemble médiéval remarquablement préservé que ponctuent ça et là quelques édifices baroques (ou néo-baroques telle la cathédrale Saint Alexandre Nevski). On y croise évidemment nombre de groupes de touristes (croisières obligent) mais la déambulation y est très agréable en dépit de l’inaccessibilité de la plupart des bâtiments.

Plus animée et moins pentue, la ville basse présente les mêmes attraits architecturaux et une place de l’hôtel de ville très « flamande ». Autour rayonnent des rues commerçantes aux façades anciennes soigneusement entretenues, où règne encore l’esprit de la Ligue hanséatique. Boutiques et restaurants abondent : à la Vieille Hanse, par exemple, on peut même déguster… de l’ours ! Dans ce quartier également, l’accessibilité se résume à la balade (et aux terrasses des cafés et restaurants) mais l’atmosphère festive compense largement la petite frustration de ne pouvoir pénétrer partout. Comme ailleurs en Europe, l’architecture « rajeunit » au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’hyper-centre (avec quelques jolis exemples d’art nouveau) et les trottoirs se font plus praticables.

Ville basse de Tallinn.

À quelques encablures du centre-ville, vers l’ouest, le quartier de Haabersti abrite un musée en plein air dédié à l’habitat populaire estonien du XVIIIe siècle aux années 1930. Partiellement accessible (certaines parties requièrent une aide), il témoigne de conditions de vie parfois très difficiles et permet de faire un voyage à la fois dans le temps et dans l’espace. Une façon originale de faire connaissance avec la culture estonienne. Gratuité pour les visiteurs handicapés, restauration possible sur place.

À l’opposé, vers l’est, niché au-milieu de son parc, le splendide palais de Kadriorg est dû à la volonté du tsar Pierre le Grand (1672-1725) qui souhaitait y établir sa résidence d’été… et laisser l’empreinte de ses conquêtes après sa victoire sur les Suédois. Il abrite aujourd’hui le musée national des Beaux-Arts. Accessible par rampes et ascenseur, l’édifice, à la fois très clair et très baroque dans sa décoration, comprend notamment une salle de bal aux dimensions spectaculaires. Les collections en elles-mêmes n’ont rien de sensationnel pour un Français mais le dernier étage abrite régulièrement d’intéressantes expositions temporaires. En saison, il est en outre très agréable de se promener dans le parc et les jardins. À quelques centaines de mètres, le très contemporain et parfaitement accessible Kumu complète utilement ce tour d’horizon de l’art estonien, dans ses aspects modernes et contemporains. Restauration possible sur place.

Collection de bustes au Kumu de Tallinn.

Toujours dans la proximité, le bord de mer offre des points de vue accessibles très romantiques sur la ville. L’Estonie étant un pays jeune à tous les sens du terme, l’atmosphère y est tout sauf compassée. Et si l’on peut trouver regrettables les débordements de certains touristes en goguette (Helsinki est juste en face), on prend un vrai plaisir à découvrir cette nation et ses richesses. Certaines, d’ailleurs, sont bien de notre temps : l’Estonie est en effet l’un des premiers pays au monde en matière de nouvelles technologies (ce qui lui vaut plaisamment le surnom d’e-Stonie) et c’est à des Estoniens que l’on doit, par exemple, les logiciels Skype et Kazaa. Ajoutez à cela que la Wi-Fi couvre… 100% du pays, nul doute que les progrès matériels suivront !

Jacques Vernes, avril 2009.


Sur le web, le site Tourism Tallinn propose, en diverses langues (mais pas le français) une information généraliste sur la destination ainsi qu’une partie très complète consacrée au tourisme accessible. Le site officiel Visit Estonia permet quant à lui (mais toujours pas en français) de se familiariser avec le pays et préparer un voyage, néanmoins sans mention d’accessibilité. Sachez enfin que la compagnie nationale Estonian Air assure deux vols directs hebdomadaires au départ de Paris, de fin mars à fin octobre.

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