A tout seigneur tout honneur : impossible de faire l’impasse sur Chambord, qui demeure le monument phare du Loir et Cher, et qu’on vient visiter depuis le monde entier. Rêve de pierres de François 1er, chef d’oeuvre de la Renaissance inspiré par Léonard de Vinci, château de conte de fées de plus de 400 pièces, célèbre pour ses innombrables cheminées, sa silhouette reconnaissable entre toutes, son escalier à double révolution et son immense parc clos, le plus grand d’Europe (32 km de murs !). Un incontournable malgré ses 800.000 visiteurs annuels et la totale inaccessibilité de ses étages. Les visiteurs en fauteuil roulant devront en effet se contenter de jouir des extérieurs (spectaculaires), ainsi que du rez-de-chaussée du monument dont la cour est en chantier jusqu’en juin 2007 : une nouvelle rampe sera installée côté ouest. Parking réservé près de l’entrée, Modul’évasion disponibles à la location sur demande préalable en appelant l’accueil du château. Accès gratuit pour le visiteur handicapé et un accompagnateur, y compris au son et lumière.

Autre « seigneur » du Loir-et-Cher, le château royal de Blois, situé sur un promontoire dominant la Loire mérite vraiment la visite, ne serait-ce que pour sa splendide cour et un autre escalier célèbre (toujours François 1er). Il est le théâtre, d’avril à septembre, d’un son et lumière qui vaut davantage pour ses originaux effets de lumière que pour ses commentaires grandiloquents; à l’intérieur, dans des décors néogothiques créés au XIXe siècle, quelques meubles, un musée lapidaire et un musée des Beaux Arts sont accessibles avec aide. Entrée par le porche, rampe au rez-de-chaussée, puis Scalamobil manipulé par le personnel. Chapelle de plain-pied. Deux places de stationnement sont réservées sur la place du château (dérogation au sens interdit de la rue de la Voûte du Château). Devant la porte du château, vous pourrez céder à la tentation d’une balade en calèche puisque l’une d’entre elles est accessible par rampe arrière (3 emplacements); une occasion, unique en France, de découvrir la ville au rythme du pas des chevaux. De l’autre côté de la place, la Maison de la magie, équipée d’un ascenseur, propose une exploration ludique du monde de Jean-Eugène Robert-Houdin, fils du pays et l’un des plus célèbres magiciens du XIXe siècle. La façade du bâtiment réserve, par ailleurs, une surprise toute les heures…

Zone piétonne à Blois.

Blois, ce sont également de petites rues tortueuses où il est agréable de se promener et où les rendez-vous avec l’Histoire se cachent parfois dans une discrète arrière-cour. Ainsi, place de la Grève, le Musée de la résistance et de la déportation du Loir et Cher (labellisé tourisme et handicap), ouvert en 1995 par des résistants, perpétue le souvenir de leur lutte au quotidien contre l’oppresseur nazi. Un lieu d’autant plus émouvant qu’il offre la rare opportunité de dialoguer avec des survivants de cette époque barbare, héros alors qualifiés de « voyous » et de « terroristes » par les autorités et bien des habitants. Quel dommage que les collectivités locales laissent ce musée dans le plus grand dénuement et ne préservent pas mieux une collection mal mise en valeur dans des locaux vétustes !

Au nord-ouest de Blois, cette période tragique trouve à Montoire sur le Loir l’un de ses symboles les plus sombres : la tristement célèbre poignée de mains entre Pétain et Hitler en octobre 1940, point de départ de la Collaboration entre l’Etat Français et le IIIe Reich allemand. Un Musée des Rencontres, installé dans l’ancienne gare (accessible), retrace ce sinistre épisode.

Montoire brille désormais grâce au festival de folklore Musikenfêtes qui s’y déroule chaque année en août depuis 1973. Un Musée, inauguré en 1997, présente une très belle collection d’instruments de musique du monde entier où prédominent les percussions. Opportunité rare, on peut en jouer à sa guise dans une pénombre mystérieuse… Ne manquez pas, le long de la cage d’escalier (seul endroit inaccessible) la très belle fresque réalisée par une artiste N’Débélé.

Installation ludique au Festival des jardins de Chaumont.

Cap au sud : Chaumont-sur-Loire et son épatant Festival des jardins, rendez-vous incontournable de la création paysagère contemporaine, chaque année du printemps à l’automne. L’accès le plus facile se fait par la cour de la ferme, en haut de plateau, après avoir parcouru la route qui longe l’accès au château. Prévoyez une journée entière pour prendre le temps de tout explorer (restauration possible sur place) même si certaines parcelles sont moins accessibles que d’autres, ce qui devrait changer à partir de 2007, l’accessibilité entrant enfin dans le cahier des charges des paysagistes ! Vous y trouverez des tas d’idées à glaner, même si votre propre jardin se limite à un rebord de fenêtre.

Du château lui-même, « cadeau forcé » de Catherine de Médicis à Diane de Poitiers, seule la cour et le parc sont accessibles : pour compléter la journée, éventuellement…

Toujours au sud, sur le Cher, Montrichard est une paisible bourgade qui connut son heure de gloire pendant l’Occupation en devenant une station balnéaire de substitution pour le Tout-Paris privé de bains de mers; en subsiste notamment une plage aménagée avec cabines qui accueillit jadis Maurice Chevalier. Mais ce qui y attire plus sûrement les visiteurs, ce sont les spectaculaires caves, aménagées à la fin du XIXe siècle dans d’anciennes carrières de tuffeau. On y déguste (avec modération) les fameux Crémant de Loire, Vouvray, Touraine, et autres Montlouis, « effervescents » depuis que le terme « méthode champenoise » a été interdit au profit de « méthode traditionnelle ». Celles et ceux à qui ces nectars ne disent rien pourront, en attendant, faire une croisière à bord du Léonard de Vinci, pénichette accessible… à la force des bras du marinier : une jolie manière de découvrir les bords du Cher, son habitat troglodytique et ses pêcheurs.

Encore plus au sud, les enfants (et leurs parents) que les visites précédentes n’auront pas assez fatigués, iront éventuellement « s’achever » au Zoo-parc de Beauval, non loin de Saint-Aignan : « 4.000 animaux sur 22ha, du colibri à l’éléphant en passant par le lamantin ou le koala »… et certaines pentes difficiles à aborder, même pour les touristes valides. A visiter en fauteuil roulant électrique, donc, où nanti(e) d’aidants costauds ! Un peu cher, tout de même, en rapport à l’accessibilité toute relative, même si la présentation des animaux est particulièrement réussie. On peut passer une journée entière sur place sans s’y ennuyer une seconde et prendre un repas ou une collation avec vue imprenable sur les aigles ou les dauphins. En route pour Romorantin-Lanthenay, juste avant Selles sur Cher, célèbre pour son fromage de chèvre, faites un détour par le pont-canal de Châtillon-sur-Cher, au croisement de la Sauldre et du Canal de Berry, c’est un charmant endroit (accessible) avec parking, aire à pique-nique et ponton de pêche aménagé où il est très agréable de s’attarder.

Romorantin est la capitale de la Sologne, une région marécageuse qui s’étend sur plus de 500.000ha et qui a été, pendant des siècles, l’une des plus pauvres de France. Ses paysages emplis de mystère ont inspiré de nombreux écrivains et poètes, dont Alain Fournier (auteur du Grand Meaulnes, adapté au cinéma par Jean-Gabriel Albicocco en 1967, et en 2006 par Jean-Daniel Verhaeghe) et Maurice Genevoix (auteur, entre autres, de Raboliot). La Sologne possède un patrimoine architectural de grande valeur : habitations en briques rouges ou à colombages, églises à caquetoire (Souvigny en Sologne) et pas moins de 400 châteaux qui servent de refuge discret, depuis le milieu du XIXe siècle, à une grande bourgeoisie française éprise de chasses (privées) et de fêtes entre gens du même monde… Une réalité dont témoigne avec talent le Musée de Sologne, installé depuis 1995 dans un ancien moulin sur la Sauldre et labellisé Tourisme et handicap. Vous y découvrirez également que Romorantin faillit devenir une « ville nouvelle » conçue par Léonard de Vinci.

Maison solognote à Saint-Viâtre.

Romorantin a longtemps eu le tribunal le plus actif de France en affaires de braconnage mais c’est à Chaon, à l’extrémité est du département, qu’il faut se rendre pour trouver un étonnant musée entièrement consacré à cette activité illégale mais éminemment sympathique. De quoi réviser, le cas échéant, votre opinion sur les braconniers ! Autre lieu secret qui vaut le détour, la Maison des étangs de Saint-Viâtre, installée quant à elle dans deux très belles et très anciennes maisons à colombages. La Sologne, qui a compté jusqu’à 4.000 étangs à la Renaissance, n’en possède aujourd’hui « plus » que 2.800 sur environ 12.000ha. Une visite dans cet écomusée passionnant, très en phase avec les enjeux du XXIe siècle, vous apprendra, entre autres, pourquoi aujourd’hui les carpes d’élevage ont le goût de vase…

Mais le Loir-et-Cher n’est pas qu’un département patrimonial où les seules activités agricoles et cynégétiques tiendraient lieu d’économie. Toujours à Romorantin, le Musée Matra, parfaitement accessible, rappelle par exemple, à qui l’aurait oublié, que c’est en Sologne qu’est né l’un des fleurons de l’automobile française (lequel continue notoirement à fabriquer des armes); au programme, voitures de course, de sport, de ville et prototypes étonnants. Le département abrite, par ailleurs, une infinité d’événements culturels tout au long de l’année : on ne s’ennuie pas, en région Centre, et il n’est pas forcément besoin d’être châtelain pour s’y sentir bien !

Jacques Vernes, octobre 2006.


Le site Internet du Comité Départemental de Tourisme propose un tour d’horizon extrêmement complet de ce qu’il est possible de faire et voir dans le Loir-et-Cher, notamment les sites labellisés Tourisme et handicap.

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