Saintes : une capitale oubliée. Située au coeur de la Charente- Maritime, elle fut la capitale de l’Aquitaine romaine, fondée au tout début de notre ère. Lieu de passage sur la route reliant l’Aquitaine à Lyon, elle connut une expansion rapide; elle s’appelait alors Mediolanum Santonum. Les habitants de la ville ont gardé le nom de la peuplade locale, les Santons (à ne pas confondre avec les santons, « petits saints », qui ornent les crèches de Noël en Provence) La cité compte en outre un natif célèbre : Guillotin, l’inventeur de la guillotine, docteur en médecine… Comme toute ville romaine qui se respecte, Mediolanum s’enorgueillissait d’arènes forcément immenses. L’amphithéâtre pouvait forcément contenir 15.000 spectateurs, et possédait nous dit- on un dispositif scénique souterrain qui n’a pas encore été fouillé. L’ouvrage fut bâti à flancs de vallon, à l’extérieur de la ville, dans les années 40- 50 après Jésus- Christ. La visite est possible pour tous; l’accès au site est de plain- pied, le sol en terre et herbe permet de faire le tour des arènes en fauteuil roulant, mais il vaut mieux être aidé pour descendre sur la piste, la pente étant assez forte.

Le musée archéologique de Saintes présente une collection remarquable de portiques dont certains ont été reconstitués. Ils proviennent, ainsi que les stèles et bas- reliefs, des remparts d’époque Bas- Empire, aujourd’hui entièrement démolis. La section lapidaire est installée dans les anciens abattoirs; attention toutefois, un seuil proéminent nécessite que les personnes en fauteuil roulant soient aidées. Une autre salle présente une collection d’objets récoltés lors de fouilles, ainsi que la reconstitution d’un char romain du 1er siècle. Entrée de plain- pied.

La promenade des bords de Charente nous conduit jusqu’à l’Arc de Germanicus. Il fut construit en 18- 19 de notre ère pour honorer l’empereur Tibère et ses fils Drusus et Germanicus (celui qui, entre autres hauts faits, dompta les Goths et engendra… Caligula). Il ornait l’entrée du pont sur le fleuve Carantonus et fut déplacé en 1848. En longeant la Charente, vous arriverez à un pont piéton qui vous conduit dans la vieille ville. Vous pouvez aussi préférer vous promener dans le bien plaisant jardin public. Vous circulerez ici sans difficulté. Pour prolonger la visite: site officiel de la ville de Saintes et « Saintes en photographies« …


Un monument ignoré : le Pont Flavien. Entrée sud de Saint- Chamas (Bouches- du- Rhône). De tous les ponts gallo- romains que nous connaissions, celui- ci est bien le plus étonnant : les deux arcs qui en ornent les extrémités en font un ensemble unique. Elles sont surmontées de lions sculptés. On peut apercevoir les ornières creusées dans le tablier par des siècles de passages de charrettes. En le parcourant, on remarque des emprises au sol qui furent peut- être celles d’une barrière d’octroi (le péage d’antan). Lancé sur la Touloubre, il fut construit dans la pierre blanche de Calissane, à la fin du premier siècle avant notre ère, et porte le nom de Donnius Flavus, notable local. Jusqu’au début du XXe siècle, il était un point de passage obligé de la route de Marseille à Arles. L’accès est libre, de plain- pied et gratuit, mais pour traverser l’édifice, il est nécessaire d’être aidé et de disposer d’un fauteuil solide. Quel dommage que ce monument se retrouve maintenant dans un environnement si déplorable.

Forum de Glanum.

Glanum, ville et sanctuaire gallo-romain. Saint- Rémy de Provence est désormais connue pour sa flopée de célébrités (Johnny, Caroline de Monaco…) qui ont trouvé original de s’y amonceler. Pourtant, à deux kilomètres en direction du sud, on trouve une paisible cité gallo- romaine bâtie sur l’emplacement d’une source guérisseuse abondante et d’un sanctuaire dédié au dieu Glan par une peuplade celto- ligure, les Glaniques. L’agglomération s’étire au fond d’un vallon encaissé. Une rue unique la traverse, dans le sens sud- nord : cette voie reliait l’Italie à l’Espagne par le littoral. Glanum fut durant trois siècles un point de passage important pour le commerce. Les constructions dégagées vont de l’époque hellénistique (IIe et 1er siècles avant J.-C.) à la période gallo- romaine (jusqu’au IIIe siècle de notre ère). Une grande partie des maisons est encore à découvrir.

Les édifices civils et religieux sont nombreux. Les thermes sont assez bien conservés; plus au sud, la Curie (lieu de réunion du Sénat local) est adossée à la Basilique civile et au forum. Celui- ci est parsemé de vestiges gallo- grecs, cette zone étant actuellement fouillée. C’est bien l’une des particularités de Glanum: les époques s’y superposent et s’y confondent, rendant difficile la lecture des lieux. Pour que le visiteur appréhende l’ampleur des constructions, un angle de l’un des temples romains a été reconstitué. L’entrée nord était aussi un lieu de croisement avec la Via Domitia, route reliant l’Italie à l’Espagne en passant par les Alpes. Elle est marquée par un arc de triomphe, construit en 20 après Jésus- Christ, dont la partie supérieure est détruite. Ses parois sont décorées de reliefs figurant la conquête des Gaules. Le mausolée adjacent fut élevé une cinquantaine d’années plus tôt. On distingue deux personnages à l’intérieur du temple à colonnades.

Glanum n’est pas facilement visitable en fauteuil roulant. En étant aidé il est possible de faire le tour du site, mais parcourir la rue principale est plutôt risqué pour les reins et le fauteuil lui- même. Le sol est inégal, parsemé de dalles et de pierres. La raideur des pentes et les escaliers rendent l’accès aux belvédères pénibles pour les personnes qui marchent avec des béquilles. A Saint- Rémy, l’hôtel de Sade, qui abrite les objets trouvés dans les fouilles, est quant à lui absolument inaccessible.


Sur la multitude de musées consacrés à la période gallo- romaine de notre histoire, deux ont retenu notre attention. De construction récente, ils sont tous les deux accessibles aux personnes à mobilité réduite :

Le Musée de l’Arles Antique (Bouches-du-Rhône). Il a été construit dans l’axe du cirque, dont quelques vestiges sont apparents; une maquette en restitue la grandeur. Mosaïques, stèles, statuaire, amphores, bijoux et objets usuels sont présentés dans de vastes salles. L’accès à la bibliothèque se fait sur rendez- vous. Prêts de fauteuils roulants pour la visite. Tarif réduit pour les personnes handicapées.

Le Musée de Saint-Romain-en-Gal (face à la ville de Vienne, Rhône). Son grand intérêt réside dans la reconstitution de pièces des villas romaines, grâce aux mosaïques et aux fragments de fresques. Attention toutefois : le site archéologique est inaccessible en fauteuil roulant (couche épaisse de graviers meubles au bas de la rampe d’accès) bien que la notice mentionne un parcours pour personnes à mobilité réduite. Demi- tarif pour les personnes handicapées et leur accompagnateur. Le Ministère de la Culture vous convie à une superbe visite virtuelle de la Vienne antique…

Sur le Net,
 on pourra consulter la somptueuse exposition virtuelle consacrée, toujours sur le site du Ministère de la culture, aux Gaulois d’Entremont (près d’Aix- en- Provence) et celle dédiée à l’habitat gallo- romain vu du ciel. L’aqueduc romain de Gorze à Metz vaut le détour, de même que le Val- de- Loire gallo- romain. A visiter également, une intéressante présentation de la villa Gallo- romaine de Loupian (près de Sète, dans l’Hérault) et de celle de Séviac (près de Montréal- du- Gers).

Jacques Vernes, janvier 2002.

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