Depuis le 22 novembre 2003, Paris a confié son service de transport à la demande des personnes handicapées à un nouvel opérateur. Ce changement de prestataire résulte de l’application de la réglementation européenne obligeant à recourir à une délégation de service public (D.S.P) pour assurer certaines activités. Ce nouveau service parisien, Paris Accompagnement Mobilité (PAM), introduit une évolution importante des conditions d’accès : il n’est utilisable que par les seuls résidents parisiens; touristes et visiteurs en sont exclus. Selon Pénélope Komites, adjointe au Maire chargée des personnes handicapées, le précédent opérateur (Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques – G.I.H.P) contrevenait à son contrat en transportant toutes les personnes handicapées. Paris attire en effet de nombreux visiteurs, que ce soit pour des activités sportives, ludiques, culturelles ou participer aux nombreuses réunions de travail qui font le charme de la vie associative, suivre un stage de formation, rencontrer un employeur, etc. Madame Komites estime que ces touristes et ces visiteurs doivent utiliser des taxis adaptés.

Premier problème, il faut trouver ce genre de taxi : quelle société, quel artisan dispose à Paris d’un véhicule pouvant par exemple transporter un tétraplégique sur son fauteuil électrique ? La Ville travaille sur ce dossier mais elle semble toutefois avoir mis la charrue avant les boeufs en restreignant l’accès au service PAM.

Deuxième problème, le droit au transport est rompu : quand on est valide ou lourdement handicapé, on l’est à Paris, à Strasbourg ou à Sausset- les- Pins ! Une personne valide utilise le mode de transport de son choix dans la ville où elle séjourne, ce qui n’est que rarement le cas pour un grand handicapé pour lequel le recours au transport spécialisé est nécessaire. Pourtant, la plupart de ces services ne sont ouverts qu’aux résidents de la commune ou du secteur géographique desservi. A Paris, on se retranche derrière des considérations financières et le service dû aux parisiens : la Ville prend à sa charge 75% du prix d’un trajet et ne peut faire davantage, notamment en payant pour des non- parisiens. Ces derniers n’ont plus qu’à protester, arguant de discrimination à l’instar du militant associatif Philippe Goumand.

Si des efforts indéniables ont été faits pour améliorer la qualité du transport spécialisé, en réduisant dans quelques villes le prix payé par l’usager et en augmentant la plage horaire de fonctionnement, il reste à réaliser un accès universel : toute personne handicapée a droit à voyager comme elle le désire dans le lieu de son choix par le moyen de transport adapté à ses moyens. On attendait de Paris, Capitale de la France, qu’elle montre l’exemple en la matière, mais elle a choisi de suivre une autre voie… celle du flop !

Jacques Vernes, décembre 2003.

Partagez !