La Société Nationale des Chemins de Fer Français a connu au début du mois de septembre un incident de transport qui lui vaut les horreurs de l’actualité : trois personnes se déplaçant en fauteuil roulant ont effectué, lundi 2 septembre, le voyage entre Paris et Le Havre dans un fourgon à bagages bien qu’ils aient normalement acheté un titre de transport. L’une des trois personnes ne pouvait pas – selon elle – ou ne voulait pas – selon la S.N.C.F – quitter son fauteuil électrique, effectuer un transfert sur un fauteuil manuel puis voyager sur un siège classique et opérer à nouveau ces transferts à l’arrivée. Beaucoup de manipulations en effet, confiées à des agents plus ou moins formés et habilités à les réaliser.

Louis Gallois, président de la S.N.C.F, a écrit le 9 septembre aux trois voyageurs : « les conditions dans lesquelles vous avez effectué votre déplacement, quelle qu’en soit l’origine, sont extrêmement regrettables […] Elles ne correspondent pas au degré d’exigence que nous poursuivons en faveur de la clientèle handicapée qui emprunte nos trains ». Louis Gallois les a informé du lancement d’une enquête interne et leur propose une rencontre prochaine pour en tirer « les meilleurs enseignements pour l’avenir ». Le ministre des Transports, Gilles de Robien, s’est publiquement ému de cet incident et a demandé une enquête administrative qui était encore en cours le 18 septembre.

Au-delà des versions et des interprétations des uns et des autres sur les causes de l’incident, il apparaît que les conditions « floues » de transport des personnes handicapées motrices l’expliquent pour partie. « La S.N.C.F est un simple transporteur, il n’y a pas de texte obligeant à prendre en compte les besoins spécifiques », nous déclare Céline Sibert, de la Direction Grandes Lignes. Qui reconnaît que « la norme est mal définie ». Comment alors organiser l’assistance aux voyageurs handicapés et former les employés qui devront les aider ?

La S.N.C.F s’est trop longtemps réfugiée derrière la Loi d’orientation sur les transports intérieurs (LOTI) pour déroger à l’amélioration de l’accessibilité de ses installations et matériels. Il lui manque également une politique cohérente de mise en accessibilité de lignes prévoyant des accès facilités et de plain- pied aux trains, avec des wagons qui soient tous adaptés aux besoins des personnes qui se déplacent sur fauteuil roulant. Comment comprendre qu’une liaison soit accessible à l’aller le matin mais inaccessible au retour le soir ?

Quant au fleuron de la S.N.C.F, le Train à Grande Vitesse, ses rames ne comportent qu’une place « fauteuil » sur 400 sièges : la S.N.C.F a depuis longtemps dissuadé les groupes de personnes handicapées de « préférer le train »…

Laurent Lejard, septembre 2002.

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