Le Président de la République et le Gouvernement ont changé, pourtant la méthode politique demeure la même lorsqu’il s’agit de faire des économies sur la santé. Comme ses prédécesseurs, Roselyne Bachelot veut mettre en oeuvre une nouvelle restriction au remboursement des actes médicaux. Rien que de normal, cette série de franchises médicales figurait dans le programme électoral de Nicolas Sarkozy. Lequel, désormais Président de la République pour les cinq années qui viennent, a trouvé une excellente justification à la énième ponction opérée au détriment des assurés sociaux : l’argent qu’ils ne percevront pas sera affecté au plan Alzheimer que le nouveau gouvernement prépare. Faut-il comprendre que le précédent plan Alzheimer présenté par Philippe Douste-Blazy en septembre 2004 n’a pas atteint ses objectifs puisque, trois années après son successeur, Roselyne Bachelot remet l’ouvrage sur le tapis ? On aurait aimé disposer au préalable d’une évaluation du précédent plan Alzheimer, de ses réussites, de ses insuffisances et de ses échecs, le minimum que l’on puisse demander en pareilles circonstances.

Sauf bien sûr à considérer que ce nouveau plan Alzheimer n’est qu’un argument opportuniste destiné à faire avaler la pilule au cochon de payant qu’est devenu l’assuré social pour qu’il accepte, avec la moins mauvaise grâce possible, de se faire gruger au profit du redéploiement du budget de l’État. Une méthode suivie il y a quatre ans par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin lorsqu’il imposa la création d’une journée de travail forcé non payé dont le produit était destiné à l’aide aux personnes handicapées ou âgées dépendantes. Malgré les protestations, la méthode a réussi, elle est logiquement resservie aujourd’hui. La quasi-totalité des assurés sociaux, et donc les malades comme les personnes handicapées, seront contraints de financer eux-mêmes la prise en charge des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer tout en espérant que l’argent aille bien à ce public. Cela représente 4€ par mois, tempête Roselyne Bachelot : « Quelle est la personne qui ne peut pas payer 4 euros par mois sur des objectifs aussi importants ? » (Sud-Ouest, 17 août 2007). réponse : tous ceux qui comptent sou à sou leurs dépenses du mois, subissent hausses des prix, des loyers, de l’énergie, alors que leurs ressources stagnent ou baissent. Et qui sont ceux sur lesquels pèse le plus la part grandissante des dépenses de santé laissée à la charge des assurés sociaux, part qu’ils ne peuvent pas faire prendre en charge par une mutuelle trop chère qu’ils ne peuvent s’offrir. Se consoleront-ils d’être solidaires des malades Alzheimer au bien-être desquels ils contribueront ?

Laurent Lejard, septembre 2007.

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