En cinq années de mandat chiraquien, les personnes handicapées auront connu trois ministres. Le dernier, Philippe Bas, conduira sa tâche jusqu’au terme du gouvernement Villepin, le 7 mai prochain, date de sa démission programmée au lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle. Dans l’intervalle, Philippe Bas devrait monter en grade et récupérer le portefeuille de Xavier Bertrand; ce dernier, Ministre de la santé et des solidarités, démissionnerait prochainement pour se consacrer à temps-plein à sa fonction de porte-parole du candidat U.M.P à la Présidence de la République et actuel Ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Si cette prophétie émanant de milieux politiques « bien informés » se confirme, Xavier Bertrand sera l’un des rares du gouvernement Villepin à jouer franc-jeu, ce qui est tout à son honneur.

On se demande, en revanche, qui s’adresse aux citoyens handicapés ces temps-ci : le ministre délégué, le militant U.M.P rallié à Nicolas Sarkozy et qui fait campagne pour son mentor, ou le candidat U.M.P à l’Assemblée Nationale dans la circonscription d’Avranches (Manche) ? Dès le lendemain de la désignation plébiscitaire de Nicolas Sarkozy en tant que candidat du parti majoritaire aux Présidentielles, Philippe Bas accompagnait icelui dans son premier déplacement officiel de candidat. Trois jours plus tard, le 18 janvier, le ministre-militant-candidat Philippe Bas interpellait publiquement la candidate socialiste à l’élection présidentielle, Ségolène Royal, deux heures avant qu’elle n’intervienne au Congrès de l’Unisda. Trois mois avant le premier tour de la Présidentielle, le 22 janvier, lors de ses voeux à la presse, le même ministre annonçait vouloir rendre « irréversibles » les plans lancés en 2006 en matière de grand âge, maltraitance des personnes âgées, handicap, famille, enfance; à l’appui, un calendrier chargé en actions et décisions.

Dominique de Villepin avait annoncé la couleur : bien que le navire gouvernemental qu’il barre navigue entre ambitions politiques personnelles et coups bas, il le dirigerait jusqu’au bout. Il affirmait ainsi une volonté de rupture avec ses prédécesseurs qui se contentaient de gérer les dossiers en cours durant les semaines précédant l’élection présidentielle. Visiblement, il a été entendu au-delà de toute espérance par ses ministres-militants, parmi lesquels Philippe Bas se distingue particulièrement.

Laurent Lejard, janvier 2007.

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