Parents, enfants ou adolescents, le désir vient à chacun d’aller en famille dans l’un de ces grands parcs qui font rêver et stimulent l’imaginaire. Mais pour profiter au mieux de la visite, il est prudent d’en connaître au préalable le mode d’emploi…

Ils sont fous ces Romains ! 

Implanté à une quarantaine de kilomètres au nord de Paris, Astérix affirme être le deuxième parc d’attractions de France, avec 1,8 millions de visiteurs en 2004 (dont 2.800 handicapés), tout en n’étant ouvert que d’avril à octobre. Depuis sa création, en 1989, les personnages de la célèbre bande dessinée ont laissé une grande place à une trentaine d’attractions foraines à sensations plus ou moins fortes. Au fil des rues, une dizaine de spectacles attendent petits et grands. Enfin, les différents villages dédiés à la Gaule, Rome, la Grèce, le Moyen-Age ou l’époque moderne vous conduisent ludiquement à travers l’histoire. Vous croiserez dans le village gaulois les personnages sortis de la bande dessinée, et la patrouille romaine veille partout ailleurs… Même si ils bénéficient d’un accès prioritaire avec leurs accompagnants (consistant généralement à entrer par la sortie) on ne peut guère conseiller les attractions aux visiteurs paralysés : toutes nécessitent en effet un transfert, la plupart un bon maintien du corps, quelques-unes sont totalement inaccessibles. Mais, avec l’aide du personnel, on peut descendre le toboggan aquatique de l’Oxygénarium, entrer dans un wagon du Transdemonium (train fantôme), prendre une douche dans le Menhir Express, se risquer à un Vol d’Icare ou affronter les sept loopings tête en bas du Goudurix. Outre les attractions foraines transposées avec plus ou moins de bonheur au contexte gallo-romain, les spectacles sont parfaitement accessibles, des places et sièges étant réservés : les cascades burlesques du Vol de la Joconde valent vraiment le détour ! Certaines pentes fortes nécessitent d’être aidé et on regrette que les couloirs d’accès soient trop étroits pour permettre à la fois une sortie confortable du public et l’entrée de personnes handicapées.

Astérix est également un vaste site commercial aux multiples boutiques et sollicitations (jeux en supplément, photographies vendues à la sortie des manèges). On accède directement au parc par l’autoroute (gratuite depuis Paris) mais les vastes parkings sont payants, 5€ (nombreuses places réservées côté entrée du parc). Les titulaires de cartes d’invalidité (+ 1 accompagnateur) paient un tarif réduit : 24€ au lieu de 33€ pour un adulte, 17€ au lieu de 23€ pour les moins de 12 ans. Prêt gratuit de fauteuil roulant ou de poussette, toilettes spécifiques sur le site, guide de visite mentionnant les attractions praticables et les conditions requises (s’il mentionne que le personnel ne peut aider, c’est le contraire qui se produit). Les animaux d’assistance sont acceptés, mais pas dans toutes les attractions. Il n’existe aucune adaptation aux besoins des personnes déficientes visuelles, auditives ou mentales. Le parc devrait recevoir durant les prochaines semaines une mission d’évaluation du label Tourisme et Handicap, elle aura beaucoup de travail pour préconiser les aménagements nécessaires…

Du côté de chez Mickey

Disneyland Resort

Disneyland Resort Paris, situé à une trentaine de kilomètres à l’est de la Capitale, est le plus étendu des parcs d’attraction français, et le plus fréquenté : il comporte deux parcs distincts (Disneyland et Walt Disney Studios), un Village, des hôtels et des zones d’entreprises. La « magie Disney », celle qui fait, depuis des lustres, pétiller les yeux des petits et des grands, est vraiment présente à travers de nombreuses attractions techniquement très élaborées, dans des installations soignées. Walt Disney Studios vous montre comment on fabrique des dessins animés et des films d’action en vous conduisant, entre autres, auprès d’un puits de pétrole en feu (tram accessible). Vous pourrez également assister en direct à des cascades autos motos spectaculaires et vous envoler quelques instants à bord du tapis volant d’Aladin (nacelle adaptée). Walt Disney Studios a intégré dès sa conception les critères d’accessibilité pour personnes en fauteuil roulant; les théâtres Cinémagique et Animagique sont équipés de boucles magnétiques. Par ailleurs, les films sous-titrés en langues europénnes disposent également de sous-titrages en français. Mais la signalétique n’apparaît pas particulièrement adaptée aux handicapés mentaux. A Disneyland Park, dont la conception est plus ancienne, le choix est vaste parmi les 44 attractions qui déploient le monde enchanté de Walt Disney, mais se restreint à l’aune de l’accessibilité. Si des adaptations ont parfois été réalisées (barque de Small World), une majorité d’attractions nécessitent un transfert, quelques-unes restant totalement inaccessibles. Disneyland Resort Paris est labellisé Tourisme et Handicap pour les quatre catégories moteur, visuel, auditif et mental; on se demande bien sur quels critères. Par ailleurs, la pression commerciale, tout comme la musique, sont omniprésentes autour des attractions.

Les aveugles peuvent demander un guide braille avec planches en relief (qui doit être réactualisé prochainement) et un parcours de visite privilégiant les attractions testées sous l’aspect particulier de la cécité; il n’existe pas d’aménagement pour les malvoyants. Les files d’attentes peuvent être longues et la politique suivie (à la demande, semble-t-il, d’associations) est de faire attendre les personnes handicapées comme les autres: les files d’attente de Walt Disney Studios ont une largeur d’1,20m assurant la circulation des personnes en fauteuil roulant; dans le Parc Disneyland, les visiteurs sont séparés, la personne handicapée attendant dans un espace dédié que ses accompagnants aient fait la queue. Cette conception est contraire à la réglementation (article L. 241-3 du code de l’action sociale et des familles) et apparaît stigmatisante à l’usage, du fait de la séparation de personnes qui ne demandent qu’à s’amuser ensemble.

Les parcs Disney ont reçu 40.000 visiteurs handicapés en 2004. Le système d’évaluation du handicap qui était imposé aux visiteurs et réservait leur accès à certaines attractions a été supprimé. Le stationnement est payant (11€) sur un parking spécifique mitoyen de l’entrée des parcs nécessitant un code d’accès. Les personnes handicapées paient un tarif réduit de 10%, les accompagnateurs de personnes paralysées bénéficient de la gratuité (sur présentation d’une carte d’invalidité avec mention « tierce personne » mais le nombre élevé de visiteurs étrangers contraint les guichetiers à apprécier le tarif sur la base d’un « handicap évident »). Renseignements complémentaires à la billetterie « handicap » : 01 60 30 10 20. Il est possible de louer un fauteuil roulant à l’entrée des parcs (6,50€ la journée). Un guide de visite spécifique détaille les services et l’accessibilité des attractions. Le personnel n’est pas autorisé à venir en aide aux visiteurs handicapés (pour un transfert par exemple) et il respecte strictement ce règlement. Brochure détaillant l’accessibilité téléchargeable en suivant ce lien.

L’image s’arrête à Poitiers

Futuroscope. © M. Vimenet.

Ou plutôt à Chasseneuil-du-Poitou (fief du couple Raffarin) et à Jaunay-Clan, les deux villages qui hébergent le Futuroscope sur leur territoire. Ce parc, à très grande accessibilité dès sa conception, a été lancé à l’initiative du Département de la Vienne qui souhaitait créer un pôle touristique de grande ampleur. Le pari, risqué, est réussi même si une privatisation ratée a conduit le Département à reprendre la gestion des lieux. 18 ans après leur création, ils demeurent essentiellement consacrés à l’image sous ses formes les plus diverses. Même si quatre films disposent d’une audiodescription, on ne peut pas dire que la visite soit accessible aux déficients visuels. Les attractions vedettes de l’année sont sans conteste le Défi d’Atlantis et Space Station 3D. Dans la première, équipé d’un casque audio avec lunettes pour images en relief (transfert nécessaire pour profiter de l’attraction) vous embarquerez à bord d’une navette suspendue dans le vide face à un immense écran hémisphérique. Plus calme mais encore plus réaliste, Space Station 3D vous fera vivre une mission dans la Station Spatiale Internationale. Les enfants devraient quant à eux adorer la Légende de l’étalon noir, sur fond d’Atlas marocain projeté en 70mm sur l’un des plus grands écrans du parc. Voyageurs du ciel et de la mer, film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, vous entraînera au coeur des migrations animales, la salle donnant l’impression de voguer sur l’image projetée à la fois face au public et sous ses pieds (places spécifiques et bien situes pour les personnes sur fauteuil roulant). Enfin, l’année du Brésil est célébrée dans un film projeté sur 360°. L’espace dans le noir (« Les yeux grands fermés », ouvert début avril 2005) est en revanche décevant : on reste trop peu de temps dans les différentes salles, ce qui ne permet pas de découvrir réellement leur contenu, et on en sort d’autant plus frustré que l’attraction nécessite un supplément de 4€ (3€ pour les enfants).

Les 22 attractions du parc ont reçu 2.500 personnes handicapées (40% de réduction sur le prix d’entrée) en 2004, dont peu de personnes aveugles si l’on se réfère au petit nombre de casques d’audiodescription prêtés gratuitement aux visiteurs. L’établissement a obtenu le label Tourisme et Handicap moteur, auditif et mental. Le personnel est autorisé à aider les personnes handicapées motrices (mais sans les porter), la priorité d’accès aux attractions est de règle, accès signalés par des pictogrammes. Il est possible de louer (5€ pour la journée) un fauteuil roulant aux deux entrées du parc. Une seule attraction (Star du futur) est inaccessible aux personnes handicapées motrices. Il n’y a pas d’adaptation particulière pour les personnes handicapées mentales. La seule précaution prise avec le public résulte du risque d’angoisse engendré par l’espace dans le noir; l’expérience des guides leur permettant toutefois de traiter un problème éventuel. Les déficients auditifs appareillés peuvent utiliser un casque de traduction sur lequel est diffusé la version française du film projeté. La signalétique est soignée, les parcours praticables sans aide sont signalés sur le plan remis aux visiteurs, et rappelé par un pictogramme sur le sol. Une gare TGV conduit directement les visiteurs sur le parc, par un accès aisé pour tous. Stationnement gratuit à l’entrée principale, places réservées.

Astérix, Mickey ou Atlantis, entre recherche du plaisir en famille et accessibilité parfois aléatoire, à vous de faire votre choix !

Laurent Lejard, mai 2005.

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