La ministre des transports a clôturé le 13 décembre dernier les Assises nationales de la mobilité, large processus de concertation après trois mois de dialogue et d’échanges intenses. Ces riches débats ont permis une très nette accélération des projets en cours et de dégager de nombreuses orientations pour développer les transports du quotidien et redonner ses chances à chaque territoire et à chaque citoyen. La question majeure de l’accessibilité des transports a été au coeur de toutes les réflexions et, par ailleurs, deux ateliers thématiques y ont été tout spécifiquement consacrés : « transports plus solidaires » et « accessibilité par le numérique ».

Au titre des transports plus solidaires, trois orientations majeures ont été dégagées :
· Améliorer la qualité des espaces publics, c’est-à-dire en particulier, préserver, sécuriser et apaiser les déplacements piétons;
· Améliorer la qualité de service, plus précisément renforcer l’accueil et l’accompagnement des personnes à mobilité réduite dans les transports collectifs;
· Augmenter le panel de solutions de mobilité à disposition des personnes à mobilité réduite et en simplifier l’accès.

Il s’agit en particulier d’assurer une meilleure continuité du « parcours usager », d’éviter toute dégradation de l’accessibilité de la voirie et des espaces publics dans le temps et même, de promouvoir des systèmes de signalisation et de guidage numériques pour une meilleure appropriation de l’espace public par les personnes les plus fragiles. Mais également d’inciter les collectivités territoriales et les transporteurs à améliorer globalement la qualité de service pour les voyageurs à mobilité réduite, et notamment la qualité d’accueil et d’accompagnement spécifique à l’intention de ces voyageurs.

Il s’agit enfin d’apporter une réponse aux imperfections du dispositif de transport de substitution dans le domaine routier, de développer les nouveaux services de mobilité les plus inclusifs possible (voitures électriques, autopartage, covoiturage, vélos en libre-service, location de bicyclettes…), et d’aller au-delà du ressort territorial pour le transport adapté aux PMR en raisonnant à l’échelle d’un bassin de vie, pour faciliter les trajets sans « barrière administrative ».

Au titre de l’accessibilité par le numérique, et comme chacun sait, la révolution (du numérique) est déjà bien engagée dans le secteur des transports : elle bouleverse notre mobilité et nos comportements, en bénéficiant à une part croissante de voyageurs qui aspirent à une information fiable en temps réel, prenant en compte leurs besoins spécifiques. Mais cette révolution, pour ne pas être que virtuelle, doit être aussi sociale et solidaire. Partant du constat d’une information donnée aux utilisateurs encore trop parcellaire et hétérogène sur l’ensemble de la chaîne du déplacement, les participants de l’atelier d’innovation ont exploré les nombreuses pistes de l’accessibilité par le numérique.

En effet, la connaissance du niveau d’accessibilité des réseaux de transports – et de la voirie d’ailleurs – et la préparation du déplacement sont une nécessité pour les personnes handicapées. La mise à disposition des informations sur le niveau d’accessibilité des transports permet d’améliorer l’accessibilité encore imparfaite aujourd’hui des réseaux de transports en permettant aux personnes handicapées de faire des choix en toute connaissance de cause : c’est le concept d’accessibilité par le numérique. L’enjeu est d’accélérer la mise à disposition des données de mobilité afin de permettre le développement de nouveaux services aux usagers, de nouveaux services inclusifs.

Cette accessibilité du numérique et par le numérique pose une double question essentielle. En effet, le numérique incarne d’un côté, un potentiel facilitateur pour de nombreuses personnes handicapées au travers d’applications diverses mais d’un autre côté, le numérique peut, si l’on n’y prend garde, représenter un facteur d’exclusion. Nombre d’applications ne sont pas accessibles et ne donnent pas d’informations sur l’accessibilité.

Mais avant de passer à la phase de l’open data, trois pré-requis ont été identifiés :
· il y a lieu, tout d’abord, de pouvoir décrire l’accessibilité de façon homogène sur l’ensemble du territoire. Cela passe par un modèle de données et un profil dédié à l’accessibilité conforme aux exigences européennes;
· une fois les modèles et profils disponibles, il convient de collecter les données accessibilité. Or, il n’y a pas d’obligation ni de méthode et peu d’outils de collecte semi-automatisée sont disponibles tant dans le secteur des transports que dans celui des collectivités territoriales. Il y a donc intérêt à développer des collectes et des traitements automatisés, ou semi-automatisés des données;
· enfin, de plus en plus de systèmes de guidage et/ou de signalétique numérique se développent mais les retours d’expérience montrent qu’il faut s’assurer que ces nouveaux systèmes servent bien l’accessibilité des personnes handicapées, et ne les desservent pas.

Voilà tracées les grandes lignes d’une politique de mobilité qui redonne ses chances à chacun et s’assure de ne laisser personne sur le côté. Les mobilités sont en pleine révolution : les nouvelles technologies qui émergent bouleversent le paysage. C’est un nouveau monde qui perce, où la frontière entre transport public et mobilité individuelle s’estompe, et dans lequel le digital va permettre d’étendre les options accessibles et d’orienter les choix de chacun. Rendez-vous demain, en février, pour la présentation de cette stratégie pour les mobilités !


Brigitte Thorin, Déléguée Ministérielle à l’Accessibilité, janvier 2018.

Partagez !