Pour la troisième année consécutive, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie est contrainte de financer des dépenses qui n’entrent pas dans le cadre de ses missions. Ce détournement de fonds sera pour 2018 de 100 millions d’euros, le double de celui qui a été opéré pour les deux années précédentes. Le recéleur c’est l’État, les voleurs les ministres des Finances et du budget qui se succèdent depuis 2015 : les gouvernements changent, pas les méthodes; pour boucler le projet de loi de finances, l’Administration des Finances rapine tout ce qu’elle peut et la majorité parlementaire l’approuve comme un seul homme. Le mobile du crime cette année ? Alimenter un fonds de secours destiné à des départements en difficulté de payer le Revenu de Solidarité Active, une dépense dite « de guichet » qui doit être honorée. Rappelons que le RSA succède au RMI qui devait être financé pour moitié par le budget de l’État et celui de chaque département français, les ministres successifs s’y étaient engagés « croix de bois croix de fer si je mens je vais en Enfer ». L’Enfer va donc gagner de nouveaux résidents prestigieux, aucun de ces ministres n’ayant respecté la parole donnée : compensé à 92% par l’État en 2004 à l’époque du RMI, ce minimum social devenu RSA ne l’est plus que de 50%. La charge financière de cette prestation a fortement augmenté pour les départements, et c’est l’argent destiné aux aides aux personnes handicapées ou âgées dépendantes qui est mobilisé pour assurer les fins de mois des Conseils Départementaux.

Dans le même temps, le Gouvernement allège les impôts des plus riches des contribuables, d’un montant équivalent à celui de la baisse des aides au logement. A croire que c’est la réduction des allocations logement et du financement du logement social qui couvre la suppression dès 2018 de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune… Les pauvres qui donnent aux riches en quelque sorte, à l’initiative d’un « Robin des Châteaux », ou plus prosaïquement d’un Président des riches. Les riches, il faut les choyer, les cajoler, les brosser dans le sens du poil pour qu’ils dépensent leur argent en France plutôt qu’à l’étranger, que cet argent « ruisselle » pour finalement revenir à la société et donc aux pauvres, au nom d’une théorie aussi fumeuse que mensongère.

Mais qu’importe la vraisemblance, avoir le pouvoir c’est s’en servir pour que les plus forts pressurent les plus faibles. Les 200 millions d’euros ainsi volés à la CNSA en trois ans sont autant d’aides en moins pour les personnes handicapées ou âgées dépendantes et leurs familles aidantes. Depuis sa création en 2006, la Prestation de Compensation du Handicap financée par la CNSA n’a pas vu ses montants maximum progresser au rythme de la hausse du coût de la vie, parce que les gouvernements successifs n’ont pas voulu qu’ils évoluent. La « valeur » de la PCH a donc baissé 13%. De plus, les montants moyens effectivement versés par les départements sont en baisse, de même que la compensation financière par le budget de l’État. A la création de la PCH, elle était financée à 50%, elle ne l’est plus qu’à hauteur du tiers de la dépense. État menteur, État voleur.

Laurent Lejard, décembre 2017.

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