Aldous Huxley naît dans le Surrey le 26 juillet 1894 au sein d’une famille issue de l’élite intellectuelle (son grand-père était un biologiste célèbre et son père dirigeait la Cornhill Review; son frère Julian sera en outre le premier directeur de l’UNESCO). Après d’excellentes études secondaires au prestigieux collège d’Eton, Aldous Huxley est soudain touché par une infection de la rétine qui le prive presque totalement de la vision. « L’événement le plus important de ma vie », déclarera- t-il plus tard. Cette cécité temporaire l’isole du monde pendant les années si importantes de l’adolescence, le forçant à se tourner vers ses « ressources intérieures ».

En quelques mois, il apprend le braille, se remet à lire et compose un roman à la machine à écrire, mais en égare le manuscrit. Il recouvre la vue au bout de trois ans à force d’exercices mais sera sujet, tout au long de sa vie, à des troubles de la vision et à des rechutes. Sa maladie était survenue au moment où il entamait des études de biologie afin de devenir médecin. Lorsque âgé de dix- neuf ans il peut reprendre les cours, sa santé ne lui permet plus de poursuivre une carrière scientifique et il s’oriente vers la littérature. En 1915, il obtient son diplôme à Oxford, où il rencontre des écrivains et se lie d’amitié avec David Herbert Lawrence (auteur notamment de l’Amant de lady Chatterley). Il publie son premier livre (un recueil de poèmes, La Roue de feu), l’année suivante. Il a alors vingt- cinq ans. Son handicap lui épargne la mobilisation pour la Première Guerre mondiale.

Il épouse la Belge Maria Nys en 1919, qui lui donnera un fils, Matthew, dès l’année suivante. La famille voyagera ensuite beaucoup en Europe et aux Etats Unis. Aldous Huxley publie son premier roman, Jaune de chrome, en 1921 mais c’est en 1932 que Le Meilleur des mondes (Brave New World) et sa description d’une société futuriste totalitaire, à rapprocher de celle du « 1984 » de George Orwell (paru en 1948), le révèle au monde.

Après un voyage qui le mène en Inde et au Népal, il se tourne vers un mysticisme d’inspiration orientale et publie de nombreux essais parmi lesquels La Fin et les Moyens (1938), et La Philosophie éternelle (1945). Dans une préface de 1946 pour Le Meilleur des mondes et dans Retour au Meilleur des mondes (1956), il estime que la réalité est – et sera – pire que ses prévisions. Sa solution pour l’humanité : « la connaissance unitive du Tao »… Poussé par sa fascination pour la science, et peut- être aussi par son handicap, il s’intéresse également aux problèmes de la perception et fait des expériences avec des substances psychotropes telle la mescaline. Il publie en 1954 un ouvrage qui fera date, Les Portes de la perception, et qui reste encore aujourd’hui très controversé, beaucoup y voyant une apologie de la drogue. En 1959, l’Académie américaine des Arts et Lettres lui décerne un prix autrefois remis à Ernest Hemingway et Thomas Mann.

Il meurt à Los Angeles le 22 novembre 1963, le jour même de l’assassinat du Président Kennedy. Incinéré, ses cendres reposent désormais dans le caveau familial en Angleterre…

Jacques Vernes, novembre 2002.

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