Un recensement difficile. A l’initiative de l’Association Valentin Haüy (AVH) et de l’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA), une enquête est lancée auprès des personnes déficientes visuelles qui ont suivi des études dans un établissement spécialisé ou non : « il s’agit de réaliser un état des lieux le plus complet possible sur la situation professionnelle des personnes déficientes visuelles étant sorties des établissements d’enseignement et de formation entre juin 1991 et juin 2000 », indique le cabinet ASDO Etudes, qui en assure la réalisation. Son chargé d’études, Christian Laubressac, recense actuellement les personnes concernées et rencontre des difficultés particulières : « nous voulions réaliser une étude exhaustive en nous appuyant sur des listes d’élèves mais la Commission Nationale Informatique et Libertés interdit d’utiliser des fichiers nominatifs. Cela nous oblige à lancer un appel au public ».

Pour Christian Laubressac, la finalité de l’étude est d’adapter au mieux les systèmes de formation et d’orientation des déficients visuels. Il s’agit notamment de faire le point sur les métiers dits « traditionnels », d’analyser la trajectoire socio- professionnelle des personnes et de répondre à cette question : quelles formations permettent la meilleure insertion ? Les « candidats » seront interrogés par téléphone dans le courant du premier trimestre 2003. La difficulté de recensement a en effet compliqué la tâche; « il y a peu de candidats spontanés » affirme Christian Laubressac dont le travail dépend désormais de la bonne volonté des établissements.

Rémy Lucas, qui représente l’AVH au comité de pilotage de cette enquête, confirme : « nous espérions toucher 2.000 personnes. Nous sommes dépendants du relais des établissements dont les anciens élèves, souvent très jeunes, sont difficiles à joindre : ils se sont mariés, ont déménagé… ». L’AVH souhaite, avec cette enquête, valider ses propositions pour faire évoluer le dispositif d’aide à l’emploi des aveugles et malvoyants : « le réseau Cap Emploi semble mal répondre aux besoins des déficients visuels, qui représentent seulement 3% des personnes reçues », précise Rémy Lucas.

Selon Thibaut Lambert, l’Agefiph veut, en finançant cette étude « connaître le parcours professionnel des déficients visuels, leurs difficultés, les bonnes pratiques et les formations porteuses d’avenir : il n’y a pas de pré- supposé ». Il déplore toutefois que des établissements aient refusé de répondre à cette enquête.

C’est la volonté de savoir ce que sont devenus ses anciens élèves qui semble être le moteur de la participation de l’INJA à cette enquête. « Nous pourrons ajuster nos formations, adapter notre pédagogie », affirme Zoubeida Moulfi. « Nos élèves vont jusqu’au Baccalauréat avec des résultats équivalents aux valides, mais nous n’avons pas de statistiques relatives à leurs études universitaires. Nous voulons savoir si la formation que nous leur donnons est en adéquation avec le marché du travail ».

Les personnes concernées par cette enquête peuvent contacter ASDO Etudes au 01 53 06 87 90. Les résultats de l’enquête devraient être publiés sur le site Internet de l’AVH.

Laurent Lejard, septembre 2002.

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