Vie et oeuvre d’un être définitivement hors du commun, auteur(e) de best- sellers, héroïne américaine dont l’enfance a été portée à l’écran par Arthur Penn en 1962 dans le célèbre film oscarisé « The Miracle Worker » (« Miracle en Alabama »)…

Helen Keller est née en 1880 dans une petite ville rurale d’Alabama. Fille du capitaine Arthur Keller, militaire en retraite éditeur de journaux, et de sa femme Kate, Helen fut victime, vers l’âge de 19 mois, d’une maladie infantile diagnostiquée à l’époque comme « fièvre cérébrale » (plus probablement une scarlatine) qui la laissa sourde, muette et aveugle. Helen décrira plus tard cette période comme un « no world » (non- monde), un univers noir et silencieux dénué de toute communication humaine. On pensa que la maladie l’avait rendue idiote.

Les Keller n’en perdirent pas pour autant espoir de voir la condition de leur fille s’améliorer et prirent contact avec le docteur Alexander Graham Bell, inventeur célèbre mais surtout professeur pour sourds- muets, qui les orienta vers la Perkins Institution for the Blind de Boston, Massachusetts. Le responsable de cette institution mit alors à leur disposition celle qui devait bouleverser définitivement la vie de leur fille : Anne Mansfield Sullivan.

L’arrivée d’Annie Sullivan chez les Keller, le 3 mars 1887 (« le jour le plus important dont je puisse ne souvenir », selon Helen) marqua le début d’un processus « miraculeux » qui devait conduire la jeune fille d’un état quasi- sauvage au diplôme « cum Laude » (avec les félicitations du jury) du prestigieux Collège Radcliffe quelque 17 ans plus tard.

Après beaucoup d’essais infructueux, Annie, tout en versant de l’eau froide dans la main de son élève, épela sur la paume de cette dernière le code alphabétique « water » (eau). Helen comprit enfin que ce code nommait la chose froide qui coulait entre ses doigts : le « no world » venait de voler en éclats. Le soir même, Helen avait déjà appris 30 mots. A la suite de cette « renaissance », Helen se révéla si douée qu’elle posséda rapidement l’alphabet manuel et put bientôt apprendre à écrire. 6 mois plus tard, elle connaissait plus de 600 mots. A l’âge de 10 ans, elle maîtrisait le Braille et savait même se servir d’une machine à écrire. Elle exprima alors son désir d’apprendre à parler. La suite appartient à l’histoire des États Unis.

Au cours des 50 années qui suivirent, Helen Keller se consacra au « service de l’humanité », luttant pour les droits des femmes, des ouvriers, des minorités et devint une sorte d’ambassadrice mondiale des faibles et des opprimés (et à ce titre suspecte fichée par le FBI). Encore étudiante, elle avait commencé une carrière d’écrivain qui dura toute sa vie. Son ouvrage le plus célèbre, « The Story of My Life, » (« L’histoire de ma vie », disponible en France sous le titre « Sourde, Muette et Aveugle » aux éditions Payot) a été traduit en plus de 50 langues mais on lui doit également un dizaine d’autres ouvrages ainsi que de nombreux articles pour la presse. Organisation Non Gouvernementale avant l’heure à elle toute seule, elle reçut de nombreuses distinctions internationales, parmi lesquelles la Légion d’Honneur en 1952 à l’occasion des commémorations du centenaire de Louis Braille.

La célébrité ne lui fit jamais oublier ses frères et soeurs sourds et aveugles : l’American Foundation for the Blind (Fondation Américaine pour les Aveugles) fut établie avec son aide dès 1921 et elle oeuvra à son fonctionnement, mais aussi à celui d’autres fondations dans le monde, jusqu’à sa mort.

La dernière apparition publique d’Helen Keller date de 1961 à Washington DC lorsqu’elle reçut le Lions Humanitarian Award. A cette occasion, alors qu’elle sortait d’une entrevue avec le Président JF Kennedy à la Maison Blanche, elle déclara ne pas se souvenir du nombre de Présidents qu’elle avait rencontrés au cours de sa carrière… Elle mourut le 1er juin 1968, peu de temps avant son 88e anniversaire.

Sujet, en France et ailleurs, de nombreuses plaisanteries d’un goût plus ou moins douteux, Helen Keller continue toujours d’inspirer l’action d’oeuvres humanitaires parmi lesquelles on peut citer notamment le Helen Keller Center for Deaf- Blind Youths and Adults, la Helen Keller Foundation et l’ONG Helen Keller International

Jacques Vernes, octobre 2000.

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