Le reportage réalisé en 2009 à l’Institut National des Aveugles du Mali (INAM) par notre correspondant Abdoulaye Coulibaly a eu des lecteurs attentifs, très concernés, qui ont voulu agir en lançant une action de solidarité. Ces six élèves de 3e étudient à l’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA) de Paris. Ils expliquent ce qu’ils veulent faire, et espèrent d’autres soutiens.

Nos premiers pas dans le projet SOLEAAM (SOLidarité aux Elèves Aveugles et Amblyopes du Mali). En début d’année scolaire, nous avons été informés de l’existence de l’UMAV (Union Malienne des Aveugles) par notre professeur principal, M. Berthier, et tout de suite nous avons eu le désir de venir en aide à cette structure. Elle gère l’Institut National des Aveugles du Mali (INAM).

Les conditions de scolarité défavorables dans lesquelles les jeunes déficients visuels du centre de Bamako semblent vivre nous sont apparues particulièrement injustes. Nous avons appris que leurs besoins scolaires n’étaient pas satisfaits. En effet, ils ont très peu de matériel, une tablette braille par classe, aucune machine à écrire le braille (Perkins), peu d’équipement adapté aux activités sportives. Parce que le matériel est très cher : une simple rame de papier coûte par exemple 33€, c’est-à-dire 70% des revenus moyens d’une famille malienne ! Nous, dans notre scolarité, nous profitons pleinement de toutes les installations et le matériel est fourni par notre établissement gratuitement. Ce projet nous fait prendre conscience de la chance qui nous était offerte quant à la facilité d’accéder aux fournitures scolaires pour mener à bien nos études. L’absence de papier, de plage tactile, de tablette, ne permet pas de conserver une trace écrite du travail élaboré en classe. On peut imaginer que le travail fourni sera plus rapidement oublié. Le support oral ne peut pas constamment suppléer le travail écrit. Néanmoins, malgré la pénurie de matériel, les élèves de l’UMAV réussissent très bien aux examens nationaux de fin de collège. Ce qui montre leur détermination et leur courage. Cela nous a rendu admiratifs !

Par ailleurs, les élèves Maliens sont dépourvus d’outils informatiques et des logiciels spécifiques qui permettraient de faciliter l’apprentissage scolaire et assurer une meilleure intégration professionnelle. De plus, ils n’ont pas d’accès à Internet qui permet de s’informer sur le monde de façon autonome. Privés d’accès à la modernité et aux techniques de communication, ils sont encore plus renfermés dans leur cécité. Nous nous apercevons concrètement, avec cette initiative, du confort de nos vies, de la facilité avec laquelle nous pouvons étudier, nous divertir. En fait, nous avions l’impression de devenir égoïstes et renfermés sur nous mêmes par rapport à d’autres qui ont peu, voire rien. Nous avions banalisé l’importance et la valeur de nos outils, du matériel et de la qualité générale de notre environnement scolaire.

C’est donc pour ces raisons que nous avons choisi de récolter des fonds pour pouvoir envoyer à Bamako le matériel nécessaire (papier, tablette pour écrire en Braille, poinçons, des cubes et des cubarithmes pour poser les opérations en mathématiques…) à la scolarité et à la prise de notes en braille des élèves de l’INAM. Nous souhaitons faire aboutir ce projet avant la fin de cette année scolaire.

Actions menées. Le travail a été reparti sur trois groupes de deux élèves : Taha et Yvan s’occupent de la communication extérieure, Claire et Ali sont chargés d’organiser des événements, des concerts, une tombola à l’intérieur de l’Institut, et enfin Donia et Tiphanie doivent collecter des fonds et des lots pour la tombola. Dans ce projet, Taha, chargé de collecter l’argent, gère la trésorerie avec M. Berthier. A ce jour nous avons réuni environ 650€. Nous espérons au moins doubler la somme ! Les personnes qui nous aident dans notre démarche sont M. Berthier, et Melle Briant, notre éducatrice référente. Dans le cadre de ce projet nous avons eu la chance de rencontrer, en la personne de Monsieur Lejard, rédacteur en chef de Yanous, une oreille attentive et bienveillante qui a volontiers accepté de nous suivre dans nos démarches. Il a même proposé de nous faire profiter de ses contacts sur place au Mali.

Tout d’abord, nous avons commencé par vendre des tickets de tombola à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, qui sera organisée le vendredi 16 Avril 2010 lors de la journée Portes Ouvertes de l’INJA. Ensuite, nous avons organisé une vente de cravates et de boissons à l’occasion de la fête de Noël 2009. Nous avons également déjà récolté quelques lots en démarchant divers magasins et avons contacté quelques entreprises pouvant faire des dons ou donner des lots. Plus tard, nous aimerions organiser un concert dans l’école avec Amadou et Mariam, les deux célèbres chanteurs maliens anciens élèves de l’UMAV, qui ont déjà été contactés par M. Berthier et qui seraient intéressés pour venir chanter et découvrir de plus près notre projet. Nous souhaitons également organiser une brocante dans le courant du mois de mai. Pour cela il nous faut récolter toutes sortes d’objets, vêtements, livres, etc. N’hésitez pas à nous contacter afin d’alimenter nos stocks !

A très bientôt pour de nouvelles informations sur l’évolution de nos actions !

La classe de troisième B de l’INJA :
Donia, Claire, Tiphanie, Ali, Taha et Yvan, février 2010.

Adressez vos dons et messages à : INJA Projet SOLEAAM (à l’attention de Julien Berthier) 56 boulevard des Invalides 75007 Paris. Chèques libellés à l’ordre de l’ASS INJA.


Les réactions d’enseignants et d’élèves de l’Institut National des Aveugles du Mali :

SOLEAAM, un espoir pour les élèves de l’INAM.
 La solidarité est acte noble, elle permet l’entraide, la fraternité tout en favorisant l’amélioration des conditions de vie des personnes. Conscient de la valeur de la solidarité, le projet SOLEAAM lors de sa présentation, a été accueilli par les enseignants et les élèves de l’INAM avec enthousiasme et espoir de palier l’insuffisance de matériels didactiques au sein de l’établissement. Ce projet va permettre à des centaines d’élèves aveugles et amblyopes d’étudier dans les bonnes conditions avec les matériels didactiques adéquats. « Je suis ravi et content de l’initiative de Julien Berthier et de ses élèves pour la mise en place de ce projet, commente Sidiki Diarra, Directeur de l’INAM. Ce projet viendra renforcer nos capacités de formation des élèves car il va nous permettre de résoudre en grande partie le manque de matériels didactiques. Nous avons besoin de tablettes, de poinçons, de machine braille, de feuilles brailles, surtout de formation des enseignants. Officialiser cette action donne plus de poids, d’envergure, et de clarté à nos relations. Nous souhaitons un contact officiel de l’INAM. Oui, les enseignants et les élèves sont désireux de nouer des relations ou des contacts surtout de solidarité avec leurs homologues de l’INJA de Paris. Nous serons très contents du démarrage de SOLEAAM. Je suis sûr que cette relation est porteuse de solidarité et d’espoir ».

« Je suis ravie de cette initiative, poursuit l’enseignante Fily Sangaré Coulibaly. Je félicite Julien Berthier et ses élèves. Ils sont des bienfaiteurs : que Dieu leur rende la monnaie ! ». « Je suis très contente parce que nous ne pouvons pas étudier sans les matériels didactiques, explique l’élève Matogoma Sidibé. L’insuffisance de ces matériels est cruciale à l’INAM. Donc, celui qui nous aide dans ce sens est toujours le bienvenu. Je suis sûr de partager la même joie que mes camarades de l’école de l’arrivée du projet SOLEAAM ». Un autre élève, Ibrahim Sacko, ajoute : « Cet acte de solidarité nous va droit au coeur. Je prie Dieu pour qu’il se réalise dans de très bonnes conditions ». « Cette action de solidarité de M. Berthier et ses élèves nous donne le courage de bien apprendre à l’école, pour un jour réussir à faire la même chose à d’autres personnes dans le besoin, enchaine l’élève Sékou Doumbia. Nous devons pérenniser de la solidarité car c’est un facteur de développement social et économique ». « Je souhaite la réussite et le succès à SOLEAAM, conclut l’élève Yaya Touré. Je remercie très sincèrement les initiateurs. A l’avenir, je souhaite faire le même geste pour d’autres nécessiteux. Nous avons tous besoin d’aide en un moment de la vie pour réaliser nos projets. Donc, faisons l’entraide pour la paix et la stabilité de la vie. Félicitations, bon courage et réussite à nos camarades de l’INJA ! »

Propos recueillis à Bamako (Mali) par Abdoulaye Coulibaly, février 2010.

Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Veolia Environnement, mécénat de compétences.

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