Axel Petit ne passe pas inaperçu avec ses énormes lunettes aux verres considérablement épais. Né très malvoyant, il n’a plus aujourd’hui qu’une vision de 1/25e, au seul oeil gauche. Cela ne l’a pas empêché de suivre une scolarité normale, ponctuée d’aménagements lui permettant d’acquérir la connaissance du Braille et d’autres outils utiles à un jeune aveugle : « La scolarité était importante pour moi, l’intégration essentielle ». Mais de là à entrer à H.E.C… « Ces métiers m’intéressent, j’y ai réfléchi en terminale. Ce qui m’attire particulièrement, c’est la stratégie d’entreprise, que je veux découvrir lors des stages professionnels ». Axel Petit estime avoir eu la chance d’habiter en Île-de-France, ce qui lui a permis de bénéficier de davantage de facilités pour poursuivre sa scolarité et accéder à des études supérieures. Il s’est appuyé sur l’Association Valentin Haüy (A.V.H), le Groupement des Intellectuels Aveugles et Amblyopes (G.I.A.A) ainsi que l’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA) pour disposer des matériels et documents nécessaires à ses études.

Côté loisirs, il pratiquait régulièrement l’équitation jusqu’à son entrée en classe préparatoire, il y a deux ans. Lorsqu’il résidait à Brest, c’était sur la mer et à la voile que se trouvait son plaisir. Actuellement, son emploi du temps chargé ne lui laisse guère de temps que de lire… ou aller au cinéma. « À H.E.C, ça se passe bien. J’avais contacté et rencontré l’administration de l’établissement avant de passer le concours d’entrée, afin qu’elle puisse s’engager à mettre en oeuvre les adaptations nécessaires à ma scolarité. Je m’y suis rendu quand j’étais en terminale, c’était probablement la première fois que H.E.C intégrait un élève aveugle. L’échéance était lointaine, H.E.C était une école parmi d’autres auxquelles je postulais, l’administration ne s’en est pas trop préoccupée. Mais juste avant le concours, leur souci était que je puisse suivre la scolarité comme tout le monde. Là où j’ai eu l’envie de réussir le défi, c’est lors de la classe préparatoire. Ce défi était d’y entrer, alors que certaines grandes écoles étaient plus dubitatives quant à leurs possibilités d’intégration ». Même s’il s’est arrivé 1er parmi 360 candidats, Axel Petit reste serein. « Si je peux faire de ce résultat un exemple à suivre pour d’autres jeunes handicapés afin de leur montrer que c’est possible, je crois que cela aura servi à quelque chose. Par contre, je n’ai pas l’impression que mon classement ait changé mon rapport aux autres élèves. L’essentiel est de rentrer dans cette école, et c’est aussi un atout pour elle ».

Actuellement, un programme de sensibilisation au handicap se déroule au sein des grandes écoles : Handimanagement. Axel Petit y participe : « Ce que j’en vois, c’est qu’il fait réfléchir des étudiants sur le handicap. Nous sommes six ou sept à agir au sein d’H.E.C, je suis le seul jeune handicapé. L’essentiel de l’action porte sur la communication, et ce n’est pas facile à H.E.C parce que ce thème n’attire pas les étudiants. C’est probablement parce que l’on ne fait pas dans l’humanitaire, le charitable. Et il y a encore beaucoup de travail à faire auprès de l’administration des grandes écoles pour les informer, les sensibiliser à l’accueil ». La première année d’Axel Petit s’est bien passée, la seconde se déroulera pour moitié aux États-Unis, à Los Angeles : « Ce que j’ai vu sur les campus américains, se sont des adaptations plus nombreuses, plus facilement réalisées. C’est probablement la conséquence d’un effet d’échelle, les universités américaines comptent beaucoup plus d’étudiants, et donc davantage d’élèves handicapés ».

Reste que la scolarité dans une grande école comme H.E.C n’est pas à la portée de tous : Axel Petit a pu compter sur le soutien financier de ses parents pour payer les presque 8.000 € de scolarité annuelle pour un cycle qui dure trois ans. Une barrière de l’argent, partiellement contournée par des bourses et des aides financières, mais encore dissuasive au point que la quasi-totalité des jeunes bacheliers handicapés poursuivent leurs études à l’université au détriment des grandes écoles. Une situation qu’Axel Petit espère, à son niveau, contribuer à faire évoluer.

Laurent Lejard, avril 2007.

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