Le Comité National de Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes est peu connu du public. Il rassemble les associations nationales de déficients visuels et a élaboré, au sujet du projet de loi d’égalité des droits et des chances, une prise de position commune. Son secrétaire général, Jean- Pierre Gantet, explique les enjeux de la nouvelle loi :

« Elle fait sortir le handicap du domaine de l’aide sociale et de la charité pour le faire entrer dans la protection sociale. L’évaluation de la compensation sera réalisée en fonction des besoins de la personne, et non plus sur la base d’un taux d’invalidité. Mais pour les aveugles, il sera difficile de codifier ces besoins parce qu’ils ont besoin d’un très grand nombre de petites aides. La vie quotidienne est plus lourde, il faut avoir recours à l’aide d’autres personnes pour faire ses courses, vérifier son apparence, se rendre dans un endroit inconnu, etc. Pour cela, le C.N.P.S.A.A est partisan d’une compensation forfaitaire d’environ 500 euros par mois et liée au handicap pour tous les besoins courants; la personne qui aurait des besoins particuliers passerait en Commission des droits afin de déterminer s’ils sont justifiés et compensables. Les handicapés psychiques ont des besoins proches des déficients visuels; par contre, les handicapés moteurs ont des besoins faciles à identifier et à chiffrer ».

« Actuellement, l’Agefiph finance les aides informatiques aux travailleurs ou aux demandeurs d’emploi handicapés. Ces aides doivent être prises en charge, pour les personnes qui ne travaillent pas, par la prestation compensation telle qu’elle est prévue. Cela nécessite de dépasser l’actuelle liste des produits et prestations (L.P.P, ancien Tarif interministériel des prestations sanitaires) qui est trop restrictive, et la lenteur de la procédure d’agrément fait qu’un matériel informatique deviendrait obsolète avant d’être remboursable. Nous avions fondé de grands espoirs sur la création d’une Agence nationale du handicap, mais cette idée est mise en sommeil dans l’attente de la définition des compétences de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (C.N.S.A). La loi d’égalité des droits et des chances est floue, une cinquantaine de décrets doit la compléter, et elle repose sur deux béquilles floues elles aussi : la future C.N.S.A et une répartition des compétences qui n’est pas encore définie. Il semblerait que les lois dont dépend celle dont nous parlons seront examinées d’ici au début de l’automne et que la seconde lecture au Parlement de la loi d’égalité des droits et des chances intervienne juste après. Il y a encore beaucoup de points d’interrogations. Le médical reste la clé d’entrée dans le dispositif proposé par Madame Montchamp, qui demeure destiné à des personnes reconnues handicapées mais sans qu’il y ait une corrélation exacte entre l’atteinte au sens médical et le besoin de compensation ».

« L’accessibilité repose, pour les aveugles, sur la notion de danger. Ils peuvent pratiquement tout faire, mais sans connaître le danger qu’ils courent ou font courir. Ils rencontrent des difficultés pour accéder à l’information, savoir où aller, arriver à se repérer. Les obstacles urbains sont innombrables, au sol ou en hauteur. L’accessibilité, c’est disposer de chemins de guidage ou d’aides humaines, elle concerne environ 100.000 personnes déficientes visuelles. Il se pose un vrai problème en matière de choix d’aides techniques, la panoplie est vaste et dépend des revendeurs. Un réseau de centres spécialisés dans le conseil sur les matériels destinés aux déficients visuels est en cours de création pour améliorer la préconisation ».

« Concernant la prise en charge du chien-guide au titre de la prestation compensation, nous sommes dans le domaine des hypothèses. Ce qui est certain, c’est qu’il faut respecter des critères de qualité. Le chien ne doit rien coûter à l’achat ni à l’entretien, il doit intégralement être financé. Actuellement, il est offert mais financé par la charité. Il est nécessaire d’assainir ce secteur en établissant des règles de fonctionnement, des normes d’éducation des chiens- guides, et les subventions de l’Etat ne seraient versées que pour les chiens élevés dans ce cadre. C’est la personne qui doit être financée, pas les écoles ».

Les députés ont semble-t-il grandement satisfait le C.N.P.S.A.A qui a salué, le 7 juin dernier, « de réels progrès » dans la définition de la prestation compensation, déclarant « avoir le plaisir de constater que bon nombre de ses démarches ont été prises en compte ». Il évoque notamment que la personne handicapée ne pourra percevoir moins avec la nouvelle formule qu’elle ne perçoit aujourd’hui, et c’est ce qui importait au Comité.

Laurent Lejard, juin 2004.

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