Les aveugles et malvoyants ont pu être formés à l’utilisation de la nouvelle monnaie européenne grâce à un programme national initié par l’association européenne des aveugles, relayée en France par le Comité national de promotion sociale des aveugles et amblyopes (CNPSAA). Il a notamment reçu le soutien du ministère de l’Économie, des Finances et du Budget qui a financé la fabrication et la distribution gratuite de 92.000 convertisseurs à réponse vocale.

Dans les Bouches-du-Rhône, le tiers des convertisseurs mis à disposition a été diffusé, 900 sur 2.800. Pour son délégué départemental, Jean- Marie Philip, le programme a été surdimensionné: « j’ai reçu pas mal d’appels, et utilisé trois techniques de diffusion pour ces kits. Ils sont livrés par cartons de cent pièces et j’en ai livré plusieurs à des associations telle Les Cannes Blanches ». Il a remis des convertisseurs aux participants des réunions de formation à l’euro et en a envoyé par la poste à ceux qui en faisaient la demande par téléphone ou courrier. Il n’a pu compter que sur lui- même pour cette diffusion ; la ville et le Conseil Général ont refusé tout soutien financier, voire même la mise à disposition d’une salle pour les réunions d’information, la municipalité invoquant son propre programme à destination… des personnes handicapées ! Avec les moyens du bord, et en s’appuyant sur les associations d’aveugles et de malvoyants et leurs locaux, Jean- Marie Philip estime à près de 500 les personnes qui ont participé à ces réunions. Pour lui, les convertisseurs sont arrivés trop tard, beaucoup de personnes ayant acheté, parfois cher, un appareil sans attendre la mise à disposition de ceux du ministère de l’Économie et des Finances.

Ce convertisseur est en fait une calculatrice à quatre opérations (sans pourcentage) et mémoire. Il intègre le rendu de monnaie et peut fonctionner en mode vocal ou muet, donne l’heure et dispose d’un mode réveil/ alarme. Il possède un écouteur à niveau réglable qui s’avère bien pratique sur d’autres appareils sonores! Plusieurs accessoires l’accompagnent : un cache- test de poche pour repérer les pièces et les billets et un CD audio expliquant son fonctionnement, présentant la nouvelle monnaie et les moyens de distinguer pièces et billets ainsi que des méthodes ludiques d’apprentissage de leur maniement.

Dans le Haut- Rhin, la formation s’est bien passée selon Henri Araujo, délégué Euro- Vison pour le département. Plus d’une centaine de personnes ont assisté aux séances qui se sont déroulées à Colmar et Mulhouse, et il estime à environ 300 le nombre de personnes qui ont au total bénéficié du programme. Le matériel est par contre arrivé en ordre dispersé : les convertisseurs début décembre 2001, les Cédéroms d’autoformation fin décembre… et les cache-test début mars 2002! « Cela m’a donné beaucoup de travail, j’ai dû chercher des collaborateurs ».

Pour Henri Araujo, les convertisseurs ont été très bien conçus et il lui en reste peu. Il faut préciser que le Bas- Rhin a été livré encore plus tardivement et qu’il a été dépanné par ses voisins rhénans. Dans l’ensemble, les personnes formées à l’euro n’ont pas rencontré de difficultés particulières pour maîtriser la nouvelle monnaie, à l’exception d’une confusion encore présente entre les pièces de 1 et 2 centimes. Les dimensions et les couleurs des billets (perceptibles par les malvoyants) les rendent suffisamment différentiables selon ces utilisateurs.

L’Indre, département rural, posait un problème particulier du fait de la dispersion de la population. Cette difficulté n’a pu être résolue, le délégué départemental, Fabrice Bath, se trouvant là encore privé de soutien de la part des collectivités locales. Seuls les habitants du chef- lieu de département, Châteauroux, et de sa proximité immédiate ont bénéficié de séances d’information, dans des locaux du Centre Communal d’Action Sociale (du fait du refus de la ville de prêter une salle). Quant à La Cotorep et à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, elles ont refusé toute collaboration, ce qui aurait été plus qu’utile pour contacter des personnes éloignées : la confidentialité des fichiers a ses raisons que l’efficacité ne connaît pas. Le relais d’information effectué par le quotidien régional La Nouvelle République du Centre Ouest et la radio locale Bleu Berry Sud a toutefois amené une vingtaine de personnes aux sessions de formation. Mais dans ce département également, le matériel est arrivé en ordre dispersé : les convertisseurs fin novembre 2001, les cache- test mi décembre et enfin les CD audio fin janvier 2002, ces derniers restant inutilisés, le public n’ayant plus besoin de les utiliser pour apprendre à manipuler la monnaie.

Ces quelques échos du passage à l’euro n’ont certainement pas un caractère exhaustif, en l’absence d’un bilan annoncé du programme Euro-Vision dont nous attendons toujours la diffusion. Ils ont toutefois l’intérêt de mettre en évidence la réussite de cette opération conduite par des déficients visuels pour des déficients visuels…

Laurent Lejard, mars 2002.

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