Le Pas-de-Calais, dont nous avons présenté quelques aspects, pour la plupart toujours d’actualité, en 2011, est un territoire à la fois maritime et rural où la diversité des paysages et des activités permet d’envisager de vraies vacances à l’abri de la cohue, plutôt bon marché mais pas au rabais. C’est l’une de ces destinations secrètes, loin des sentiers battus, de ces adresses que l’on ne confie qu’à ses amis. La météo ? Ni plus ni moins changeante qu’en Normandie ou en Flandre, avec des palettes de couleurs qui ont inspiré, et inspirent encore, de nombreux artistes.

Mer et patrimoine à Boulogne

Boulogne-sur-Mer, jardin éphémère de la place Godefroy de Bouillon

Presque équidistante de Paris, Bruxelles et Londres, Boulogne-sur-Mer respire depuis l’Antiquité au-delà de ses frontières administratives. Premier port de pêche en France (à égalité avec Lorient), elle abrite aussi, depuis qu’il s’est augmenté d’un gigantesque bassin, le plus grand aquarium d’Europe : Nausicaá. Voilà près de trente ans que ce Centre National de la Mer allie, avec succès et en pleine accessibilité, découverte, divertissement, sensibilisation et recherche scientifique. Décors et lumières soignés, animaux innombrables, de toutes formes et couleurs : un régal pour les yeux, un peu moins pour les oreilles eu égard au niveau sonore, surtout aux périodes d’affluence… Stationnements réservés (gratuits ou payants) à proximité, restauration possible sur place.

Crypte de la basilique de Boulogne

Une balade du côté du port permet de prendre la mesure de l’importance économique de Boulogne-sur-Mer mais, côté patrimonial, c’est vers la haute ville qu’il faut conduire ses pas ou ses roues : c’est en effet là que l’on trouvera ce qui a échappé aux destructions massives de la Seconde guerre mondiale. Heureusement car l’endroit est charmant, avec ses vieilles rues, ses belles façades préservées, ses jardins, terrasses et boutiques. Seuls bémols : des pavés désagréables en fauteuil roulant et un stationnement difficile. Parmi les incontournables de l’endroit, outre de spectaculaires remparts médiévaux et un château massif (qui abrite un musée partiellement accessible), la basilique du XIXe siècle cache, dans ses soubassements, une crypte labyrinthique remarquablement mise en valeur et en accessibilité par de récents aménagements. Les merveilles parfois inattendues qu’elle renferme, ajoutées à l’atmosphère un peu irréelle du lieu, transforment la visite en véritable chasse aux trésors !

Les métiers de l’océan

Mareis, salle de la pêche

À une trentaine de kilomètres au sud de Boulogne-sur-Mer, sur la bien nommée Côte d’OpaleÉtaples est, en quelque sorte, la gare, le port et l’aéroport du Touquet, chic station balnéaire que l’on ne présente plus depuis l’élection présidentielle de 2017… Port de pêche toujours actif (même si la flotte est désormais basée à Boulogne) Étaples est l’un des secrets les mieux gardés des Parisiens séjournant dans la région. En sus d’une balade vivifiante sur les rives de la Canche (c’est ici l’estuaire), on peut utilement faire escale à Maréis, passionnant écomusée installé dans une ancienne fabrique de filets de pêche, et logiquement dédié à cette industrie dont tous les aspects sont présentés, de la capture du poisson (de nombreux spécimens évoluent dans les aquariums dont certains se voient par en dessous) à sa commercialisation en passant par une évocation particulièrement réaliste de la vie des marins. Accès de plain-pied et par ascenseur, stationnement réservé à proximité. Visites LSF pour groupes sur demande. Sur le port face aux étals, quelques restaurants servent des poissons et crustacés ultra-frais qui valent qu’on s’y attable…

Les faïences de Desvres

Musée de la céramique de Desvres

À une vingtaine de kilomètres à l’est de Boulogne-sur Mer, Desvres est une ancienne cité faïencière dont la production, alors mondialement connue, a connu son apogée aux XIXe et XXe siècles avant de décliner à telle enseigne que son nom, en dehors des Nordistes, ne résonne plus qu’à l’oreille des amateurs. Ne subsistent sur place, hormis quelques façades ornées, qu’un groupement d’artisans d’art ainsi que de la fabrication haut de gamme. Un musée très contemporain témoigne avec éclat de cet âge d’or, qui se poursuit plus confidentiellement avec la production d’artistes en résidence. La muséographie, parfaitement accessible, aux éclairages et à la mise en scène très étudiés, met remarquablement en valeur les pièces exposées, du monumental au minuscule, tout en évoquant la chaîne de fabrication de ces pièces dont certaines, jadis, traversèrent les mers. Des expositions temporaires sur le même thème animent régulièrement l’endroit, qui mérite réellement que l’on s’y arrête. Stationnement aisé à côté de l’entrée basse.

Une banque-musée à Béthune

Beffroi de Béthune

À l’extrémité est du département, Béthune est une fière cité typiquement nordiste où la proximité de Lille (40 km) se fait déjà sentir. On est ici en Artois, ancienne comté âprement disputée dont la riche Béthune fut l’un des atouts majeurs. Drapière puis charbonnière, la ville a considérablement souffert des bombardements de la Première guerre mondiale, qui n’ont laissé debout que le célèbre beffroi (inaccessible en fauteuil, roulant, mais le panorama est présenté en vidéo à l’office de tourisme) et de rares maisons. La reconstruction a toutefois légué de beaux édifices sagement Art-déco que l’on peut découvrir en visite guidée, occasion d’agrémenter une déambulation rendue parfois malcommode par des pavés récents. Ne manquez pas l’église Saint Vaast dont les verrières multicolores ont illuminé quelques scènes de la célèbre série Les petits meurtres d’Agatha Christie (accès par rampe sur le côté) et ne passez pas à côté de Labanque sans y pénétrer : l’art contemporain accessible à tous les étages dans une ancienne banque de France dont même la salle des coffres se visite, c’est assez rare pour ne pas y pointer le bout de son nez ! L’endroit, qui propose des expositions temporaires de facture internationale, dispose d’une rampe amovible dont il faut demander le déploiement à l’accueil. Autre attrait de la ville, son festival Les petits bonheurs qui, chaque mois de mai, met en action des habitants y compris handicapés : ensemble, ils animent et habillent la ville de street-art, chantent, jouent, dansent : là, comme ailleurs en Pas-de-Calais, on se fera une joie de vous recevoir !

Jacques Vernes, mai 2019.

Sur le web, le site officiel Pas-de-Calais Tourisme propose de nombreuses pistes pour préparer un séjour en fonction des terroirs et des thématiques, activités culturelles incluses, mais sans mention d’accessibilité. Il en va de même avec l’interface qui traite spécifiquement les réservations hôtelières. Pour une liste des établissements labellisés Tourisme et Handicap dans le département, suivez ce lien et zoomez sur la carte… si vous n’êtes pas aveugle puisque cette interface d’État est totalement inaccessible ! Sachez enfin que le Pas-de-Calais a mis en place un réseau de greeters, concept importé d’Outre-Atlantique et qui met en relation visiteurs et habitants passionnés par leur terroir : de belles rencontres et découvertes en perspective !

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