Souvent dans l’actualité, depuis quelque temps, pour des sujets ayant peu à voir avec le tourisme, Malte n’en demeure pas moins une destination de premier choix pour quiconque souhaite profiter du soleil mais aussi de la nature et surtout de la culture de ce pays européen dont l’histoire résume celle de tout le continent. Stratégiquement située à quelques encablures de la Sicile, au large de la Tunisie et de la Libye, elle est peuplée depuis le Néolithique (5.000 ans avant notre ère) et a suscité, au cours des millénaires, la convoitise de nombreux peuples qui, des Phéniciens aux Anglais en passant, entre autres, par les Arabes et les célébrissimes chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, s’y sont succédés. Indépendante depuis 1964, membre de l’Union Européenne quarante ans plus tard, en 2004, elle appartient depuis 2007 à l’espace Schengen, et depuis 2008 à la zone Euro. C’est le plus petit état de l’UE mais sa densité de population est l’une des plus importantes au monde. De fait, si la partie méridionale de l’île est très urbanisée, la nature reprend ses droits dès que l’on se dirige vers le nord et l’ouest, plus encore sur l’île de Gozo. Côté linguistique, les Maltais « de souche » se parlent dans leur langue nationale mais communiquent usuellement en anglais. On paye certes en Euros pour un coût de la vie dans la moyenne européenne mais, héritage britannique oblige, on conduit à gauche. Pour circuler sur l’île, bien que les transports en commun se rendent accessibles, leur rareté incline à préférer les bus touristiques, le taxi (certains prestataires disposent de véhicules adaptés) ou la location de véhicule. Enfin, côté accessibilité générale, comme ailleurs, les aménagements récents sont plus aisément praticables en fauteuil roulant que le bâti ancien. Certains sites méritant réellement les efforts que l’on se donne pour y accéder, il faut parfois faire preuve d’adaptabilité…

Vittoriosa et Isla depuis le jardin Upper Barakka de La Valette

La Valette, capitale de Malte, est située sur la côte est de l’île. La ville, au sens administratif du terme, se résume à la péninsule sur laquelle elle a été fondée au XVIe siècle mais la conurbation qu’elle forme avec ses voisines s’étend sur une aire bien plus vaste englobant notamment les ports et l’aéroport. Déambuler à l’ombre de ses vieilles rues bordées d’immeubles baroques à la pierre dorée et aux balcons fermés caractéristiques est un véritable enchantement que facilitent les restrictions de circulation (piétonisation, péage urbain). Certaines pentes nécessitent un peu d’aide en fauteuil roulant manuel mais la magie demeure ! Le coeur battant de la cité se situe aux abords de la place du palais du Grand maître, où de nombreux cafés et restaurants ouvrent leur terrasse : les amateurs de poisson et de… lapin (spécialité maltaise) seront à la fête. Comme son nom l’indique, le palais du Grand maître, actuelle résidence officielle des présidents de Malte, a longtemps servi au faste des richissimes chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Ces décors se visitent, y compris en fauteuil roulant, grâce à un ascenseur situé dans la cour mais il faut envoyer une personne valide acheter, dans une partie inaccessible, un billet groupé obligatoire plein-tarif avec le musée militaire, inaccessible aussi : on peut donc se contenter de jeter un coup d’oeil à la cour…

La Valette, co-cathédrale Saint-Jean.

Non loin de là, accessible de plain-pied, la co-cathédrale Saint-Jean, sous des dehors austères, cache un intérieur baroque étourdissant où les marbres précieux le disputent à l’or. Au sol, des centaines de dalles funéraires marquetées rappellent les anciens maîtres des lieux, de haute naissance comme il se doit. Les chapelles qui se répartissent autour de la nef, dédiées aux « langues » parlées par les chevaliers de l’ordre (ainsi se regroupaient-ils dans les différentes parties de la ville) rivalisent de magnificence voire d’extravagance. L’entrée, ici aussi, est payante mais on s’en met plein les mirettes ! Pourquoi co-cathédrale ? Parce que la très catholique Malte comporte deux sièges archiépiscopaux : celui de La Valette et celui plus ancien de Mdina, au centre de l’île, dont on reparlera.

La Valette, casa Rocca Piccola.

Toujours dans le centre ancien, en direction de la pointe de la péninsule, le palais Rocca Piccola, accessible par une rue adjacente moyennant le franchissement d’un gros seuil et l’envoi d’un valide à l’entrée principale, permet de découvrir le décor dans lequel vivait (et vit toujours) l’une des familles patriciennes de Malte. L’édifice, peu démonstratif en façade, dévoile d’extraordinaires décors à son étage noble dont les pièces se présentent en enfilade autour d’une cour intérieure. Mobilier, tableaux, livres, bibelots précieux : un palais vivant propice à la rêverie.

Vue depuis les jardins de Barrakka.

À l’extrémité de la péninsule, l’emblématique fort Saint-Elme, âprement disputé au cours des siècles, et le musée qu’il abrite, consacré à l’histoire militaire chaotique de l’île, sont accessibles en fauteuil roulant. Si des plans en braille et relief agrémentent la visite, qui couvre une très longue période de la Préhistoire à nos jours avec une importante évocation des deux conflits mondiaux, les toilettes adaptées ne sont pas signalées (demander au personnel). Les vues sur la Méditerranée depuis le rempart sont à couper le souffle mais pour la carte postale, rendez-vous plus au sud, avec la foule (mais pas toujours), sur le belvédère des jardins de Barrakka, incontournable, surtout au soleil couchant, pour son panorama très photogénique sur le grand port, les fortifications et les navires, des gigantesques paquebots aux petites embarcations colorées. Un ascenseur vertigineux (payant) permet de relier la partie inférieure des jardins et le port.

Vittoriosa.

En face de la péninsule, bien visible depuis les jardins de Barrakka, s’étend une partie de la conurbation connue ici sous le vocable de Trois cités : Il-Birgu (Città Vittoriosa), Bormla (Città Cospicua) et L’Isla-Senglea (Città Invicta). Bien plus anciennes que La Valette, elles sont également solidement fortifiées et ont résisté avec succès au grand siège ottoman de 1565, comme l’indiquent leurs surnoms italiens. On retrouve, dans le dédale de leurs rues anciennes, la trace des chevaliers mais également une vie typiquement méditerranéenne, avec ses humbles commerces, ses petites maisons et ses placettes, toujours nimbés par la lumière dorée de la pierre. Si les touristes sont ici moins nombreux, y compris sur les terrasses du port, la succession de pentes peut vite rendre la visite fatigante en fauteuil roulant. Un prestataire local a eu la bonne idée de proposer à la location des voiturettes électriques équipées de GPS et d’audioguides multilingues dont le français. Transfert obligatoire depuis un fauteuil roulant mais le personnel aide volontiers; on peut laisser son engin sur place durant l’excursion.

Marsaxlokk, barque de pêche

Un peu plus au sud, le très ancien village de Marsaxlokk (prononcer marsachloc), dont le rivage est assailli de monde les jours de marché (c’est le plus grand port de pêche de l’île), présente le reste du temps un visage des plus calmes, les bateaux traditionnels flottant mollement dans la baie. Qui se souvient encore que c’est ici que débarquèrent les Ottomans lors du Grand siège ? On préfère s’y régaler de plats de poissons !

Attard, jardins du palais Saint-Antoine.

À l’ouest de La Valette, toujours dans la conurbation, la très chic commune d’Attard abrite une autre résidence officielle des Présidents maltais : le palais Saint-Antoine. L’élégant bâtiment du XVIIe siècle n’est pas ouvert au public mais on peut pénétrer dans sa cour (chose impensable ailleurs) via une rampe et visiter de plain-pied ses remarquables jardins ornés de sculptures. Ici non plus les touristes ne se pressent pas, ce qui fait de l’endroit un havre de paix et de fraîcheur très prisé des Maltais. Attard présente par ailleurs d’autres attraits secrets, telle la villa Bologna (ancienne résidence du Gouverneur britannique) dont les jardins constituent un autre refuge hors du temps.

Ruelle de Mdina

Toute proche sur son éperon rocheux (mais rien n’est vraiment éloigné à Malte), l’ancienne capitale, Mdina, dont le nom rappelle la conquête arabe, est poétiquement surnommée « la cité silencieuse » : peu d’habitants résident en effet dans sa double enceinte fortifiée et ses rues étroites que bordent les hauts murs des palais. Sa typicité fait évidemment son succès : mieux vaut, pour jouir en toute quiétude de l’atmosphère particulière qui s’en dégage, préférer les visites du matin ou du soir. L’imposante cathédrale Saint-Paul, consoeur de celle de La Valette, présente un décor tout aussi époustouflant, avec ses ors et ses marbres. Accès par rampe, billet (gratuit pour les visiteurs handicapés) groupé avec le musée situé en face, qui est également accessible et réserve quelques bonnes surprises dans ses collections. À l’entrée de la cité, un petit musée archéologique, parfaitement accessible a été édifié sur les ruines d’une ancienne villa romaine, rappelant l’ancienneté de l’implantation humaine sur l’île.

Temples d'Hagar Qim.

Ancienneté qui remonte, rappelons-le, à l’époque néolithique. Le site mégalithique d’Hagar Qim (prononcer adjarhim) classé UNESCO, mérite à cet égard le détour : protégées par de vastes voiles très contemporaines, ces structures mystérieuses, probablement liées à la spiritualité, interrogent et laissent songeur face aux infinités conjuguées du temps et du paysage. L’endroit est aussi photogénique que romantique mais son environnement chaotique ne permet pas de pénétrer en fauteuil roulant dans les temples. L’approche se fait via un long chemin cimenté; celui du second temple, plus long (et sans une once d’ombre) dispose, en saison, de voiturettes électriques bien commodes.

Temples de Ggantija.

Mégalithisme encore sur l’île voisine de Gozo, accessible via un ferry qui accueille véhicules et passagers (y compris handicapés, avec ascenseur, toilettes adaptées et consignes de sécurité en langue des signes). La traversée, selon les heures et les périodes de l’année, est largement plus courte que l’attente mais l’enchantement et l’authenticité sont à ce prix ! Ainsi, au centre de l’île, Ggantija (prononcer djigantia) également classé UNESCO, est un ensemble de ruines néolithiques spectaculaires que des rampes judicieusement placées permettent de visiter en fauteuil roulant : une expérience rare ! À l’instar d’autres sites préhistoriques, on ne sait pas grand chose des populations qui ont élevé ces merveilles ni de l’usage (probablement cultuel) qu’elles en avaient. Un petit espace muséographique, accessible de plain-pied, tente néanmoins d’éclairer le visiteur et orienter sa rêverie. L’archipel maltais compte d’autres sites de cette envergure, moins visités et à l’accessibilité aléatoire mais tout aussi photogéniques : consultez cette page.

Gozo, marais salants.

Trois fois plus petite que l’île de Malte, Gozo est beaucoup moins visitée : les croisiéristes manquent de temps… heureusement ! C’est la villégiature favorite des Maltais, avec ses petits villages préservés, ses beaux paysages et ses plages familiales (suivez ce lien pour une liste des handiplages maltaises ouvertes en saison). « Chance » supplémentaire pour les visiteurs en quête de calme, l’effondrement récent de la célébrissime fenêtre d’azur qui drainait la presque entièreté du tourisme de masse : catastrophe pour certains Gozitains mais bénédiction pour les autres ! Visible de loin sur son éperon rocheux, la citadelle de Victoria domine toute la région. La gravir en fauteuil roulant relève de l’exploit sportif (les pentes y sont réellement pentues !) mais son centre d’interprétation est accessible par ascenseur. Tout aussi spectaculaires mais plus accessibles, les marais salants creusés depuis l’Antiquité dans la roche tendre du littoral nord. S’il n’y demeure qu’une petite exploitation, l’endroit, particulièrement inhabituel, mérite qu’on y pousse ses roues en empruntant la route côtière. Hôtels, restaurants et aires à pique-nique ne manquent pas sur l’île : une invitation à y demeurer plus longtemps !

Jacques Vernes, janvier 2019.

Sur le Web, le site officiel Visit Malta propose, en français, toutes les informations utiles pour préparer votre séjour, hébergements et activités compris. Côté accessibilité, consultez cette page en anglais, qui comporte en outre la liste des handiplages. Pour d’autres services adaptés, notamment côté transports, suivez ce lien.

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