Fondée à l’époque romaine, Loches est active surtout depuis le Moyen-Âge grâce à son emplacement géographique dominant l’Indre, et les personnalités qui en ont assuré la prospérité, à commencer par les comtes d’Anjou dont le plus célèbre, Foulques Nerra, fit élever au tournant de l’an Mil l’imposant donjon que l’on peut toujours admirer aujourd’hui. Âprement disputée, la place-forte sera intégrée au domaine royal au XIIIe siècle, le château servant ensuite de cadre à des événements historiques telle la seconde rencontre de Jeanne d’Arc et Charles VII, ou aux amours de ce dernier avec la belle Agnès Sorel dont le tombeau se trouve dans la collégiale Saint-Ours toute proche (accessible par le côté droit). Est-ce parce qu’il détestait la Dame de beauté que Louis XI, fils de Charles VII, a fait du donjon une prison d’État ? Ses sinistres « fillettes », cages où le roi enfermait ses ennemis, sont passées à la postérité. Le bourg, quant à lui, a connu un âge d’or pendant la Renaissance avec le développement du commerce et l’octroi de nombreux privilèges… jusqu’à la construction d’un pont sur la Loire à Tours, qui a détourné une grande partie des flux économiques. Les nombreux bâtiments qui subsistent de cette période font du centre-ancien un endroit particulièrement agréable pour déambuler le nez à l’air, et très pittoresque les jours de marché.

Donjon de la forteresse royale  de Loches

Si le donjon, bardé de marches, est inaccessible en fauteuil roulant (ce qui n’empêche nullement d’en admirer les titanesques extérieurs), le logis dispose d’un rez-de-chaussée récemment réaménagé, accessible de plain-pied, où une installation didactique permet d’appréhender les lieux et leur histoire. A la faveur de cet aménagement récent, des supports de visite adaptés aux personnes déficientes visuelles ont été installés à l’entrée et dans les salles : plan relief de la forteresse, du site et du logis, panneaux explicatifs en noir et relief. L’étage, partie la plus intéressante, est accessible grâce à un monte-escalier (Scalamobil) qui nécessite toutefois de réserver à l’avance et utiliser un fauteuil roulant manuel ou se transférer sur celui qui est disponible sur place. Ne manquez pas, moyennant le franchissement d’un seuil, l’oratoire d’Anne de Bretagne, bijou de l’art gothique ! Deux places de stationnement PMR sont réservées à l’entrée du château, au sommet de la butte, d’autres côté donjon.

Table tactile décrivant le logis royal de Loches

On peut, de là, déambuler sur le plateau, à la découverte des vieilles rues ou du charmant jardin médiéval, recréé en 1998 sur le mail du donjon, qui offre un superbe panorama sur le bourg et la campagne environnante. Là encore un plan relief en noir et relief intéresse les visiteurs bien ou mal voyants. Et devant le donjon, jusqu’au 15 novembre 2018, une étonnante sculpture propose de lire en braille la nouvelle d’HG Wells « Le pays des aveugles« . Inscrite dans un événement d’art contemporain, cette oeuvre rejoindra-t-elle la collection permanente de la ville ? En effet, s’il vous reste du temps, en complément de la balade dans la ville basse, poussez jusqu’au jardin public (stationnement réservé à côté de l’entrée) où les sculptures contemporaines du festival Beaux Lieux déploient leurs charmes toute l’année; d’autres sont installées sur divers lieux publics. Vous découvrirez à l’occasion comment la cité qui vit naître l’écrivain Alfred de Vigny (1797-1863) rend hommage à… l’acteur Jacques Villeret (1951-2005), également enfant du pays.

Jardin de curé à Chedigny

À une dizaine de kilomètres au nord de Loches, Chédigny est un village-jardin enchanteur qui a fait de la rose (pas uniquement celle de Ronsard) la reine de ses rues et de ses jardins. Son règne, qu’elle partage avec glycines et hortensias, cette fleur des poètes le doit, depuis la fin des années 1990, à la volonté conjointe d’un ancien maire et de ses administrés, las de voir le centre-bourg livré à la pollution automobile. Vingt ans après, le résultat est bluffant : rosiers et plantes vivaces charment tous les sens dans un environnement rendu aux piétons sans bannir la circulation locale ni le stationnement réservé. Un exemple probant dont devraient s’inspirer les édiles en mal de réhabilitation ! Point de convergence des visiteurs mais aussi des locaux : le jardin de curé aménagé récemment près de l’église, où l’enchantement se poursuit, en toute accessibilité, au gré des massifs de légumes rares et de fleurs soigneusement choisies selon diverses thématiques. Au printemps, le Festival des roses fait se rencontrer horticulteurs et passionnés avec de nombreuses animations artistiques et gastronomiques. À cet égard, le Festival de bouche et d’oreille, en été, est une autre occasion de se régaler entre amis. Quand on songe que Chédigny compte moins de 600 habitants, on mesure et on salue la performance !

En escargoline dans la forêt de Chambourg-sur-Indre

Autre jolie performance à découvrir non loin de là, du côté de Chambourg-sur-Indre où un couple dynamique à re-insufflé de la vie dans une très ancienne ferme en proposant un large éventail d’activités aux « personnes ordinaires comme extraordinaires ». La principale d’entre elles, qui a donné son nom à l’endroit (Les ânes de Balaam) permet de découvrir le terroir et ses paysages sur ses deux jambes ou, quand leur usage fait défaut, au moyen d’un attelage spécialement conçu, l’Escargoline. Réservation obligatoire, de même que la présence d’au moins un accompagnateur en randonnée guidée, deux en randonnée libre. Handicap ou pas, largement de quoi passer une journée inoubliable en famille !

Etang du Louroux ©ADT-Jean-Christophe Coutand

Petit détour, pour le plaisir : à une vingtaine de kilomètres à l’est de Chambourg-sur-Indre, Le Louroux offre à ses visiteurs, outre un prieuré et un moulin ancien particulièrement photogéniques, un chemin de bord d’étang aisément praticable en fauteuil roulant où l’on peut, depuis un poste d’observation, observer des myriades d’oiseaux, certains très rares. N’oubliez pas vos jumelles ! Stationnement aisé en entrée de parcours.

Les mammouths de Pressigny
Poignards en silex

Plus au sud, au Grand Pressigny, les amateurs de préhistoire seront servis au-delà des espérances : aménagé dans les ruines spectaculaires d’une énorme forteresse médiévale qui n’est pas sans rappeler Loches, un Musée d’importance nationale y présente en effet, dans la partie Renaissance de l’édifice, non seulement les longs silex taillés qui ont fait la réputation de la région depuis des millénaires (on parle d’industrie néolithique pressignienne) mais également une muséographie offrant un véritable voyage dans ces temps reculés et leur donnant corps. Tous les types de publics sont les bienvenus, du novice au passionné en passant évidemment par les visiteurs handicapés, qui bénéficient d’une excellente accessibilité à tous les niveaux du musée ainsi que d’un accueil sur mesure, exception faite des difficultés à trouver le bon stationnement et la bonne entrée, mais ce point devrait être bientôt résolu par une révision de la signalétique. On recommande les visites guidées, qui permettent une meilleure immersion, et les ateliers ou petits et grands peuvent s’initier, en toute accessibilité, à la culture préhistorique.

Il y en a, des choses à voir et à faire, en sud-Touraine !

Jacques Vernes, septembre 2018.

Sur le web, le site de l’Office de tourisme de Loches permet de préparer un séjour en toute quiétude : le critère d’accès aux personnes à mobilité réduite figure dans les moteurs de recherche (rubrique Service). Quant à celui d’Indre-et-Loire (rebaptisée Touraine), il propose, outre de précieuses informations sur la destination, une page Tourisme et Handicap des plus utiles.

Sculpture braille And the night came, conçue par Laurent Verrier et installée devant la forteresse de Loches

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