La Bourgogne est une vaste région qui ne se limite pas au seul département de la Côte-d’Or mais il faut bien reconnaître qu’en matière de nourritures terrestres, c’est surtout le long, et dans les environs de la mythique route des grands crus que les gourmets atteignent le pinacle de leur bonheur ! La Bourgogne et le vin : une longue histoire d’amour qui remonte à l’Antiquité. Ainsi la région compte-t-elle parmi les plus anciens « clos » (vignobles ceints de murs) du pays : Bèze (VIIe siècle), Vougeot (le plus célèbre : XIIe siècle)… Ces nectars-là, et quelques autres dont les noms prestigieux sont aussi ceux de petits villages perdus au milieu des vignes, s’arrachent souvent à des tarifs prohibitifs (et spéculatifs), jusqu’à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’euros la bouteille pour la célébrissime Romanée-Conti, mais on trouve heureusement moins cher (et tout aussi bon pour un amateur « ordinaire ») auprès des viticulteurs ou chez les négociants, dont certains ont ouvert des boutiques en ville.

Ainsi en va-t-il à Beaune, où plusieurs maisons proposent à la vente et à la dégustation (souvent payante) une sélection de nectars, à consommer, cela va de soi, avec la modération requise… Le Marché aux vins, par exemple, situé en face des célèbres Hospices, allie, en toute accessibilité, découverte du vin et plaisir des yeux puisque l’endroit est une ancienne église gothique ! Émerveillement garanti quand on déambule avec son taste-vin (ici on prononce tâtevin) en bonne compagnie sous ces antiques voûtes… L’occasion d’apprendre que les vins d’aujourd’hui, mieux élaborés que ceux d’hier, n’ont pas besoin, d’où qu’ils viennent, d’attendre plusieurs années avant de se laisser déguster : entre cinq et dix ans au maximum pour la plupart.

Autre maison de vin, plus inattendue : les Hospices, institution publique fondée dans le chef d’oeuvre de l’architecture civile du XVe siècle dû au richissime chancelier philanthrope (ou inquiet pour le salut de son âme) Nicolas Rolin, organisent tous les 3e dimanche de novembre l’une des ventes parmi les plus prestigieuses au monde, au profit des hôpitaux et maisons de retraite de la ville ainsi que d’associations caritatives. Il s’agit bien du vin des Hospices, élevé dans leurs vignobles depuis la fondation de l’institution : boire (un peu) c’est bon pour la santé ! Mais on peut se contenter de visiter les bâtiments historiques, accessibles de plain-pied (au prix de pavés fort peu roulants dans la cour principale où sont organisées, en été, certaines représentations du festival d’opéra baroque). La grande salle, dite des « pôvres », est remarquable par ses dimensions, sa charpente monumentale en forme de carène de bateau, et son double alignement, très photogénique, de lits à tentures rouges. On peut, par ailleurs, découvrir l’histoire des lieux et mieux comprendre combien ils faisaient, alors, figure de précurseur : ne manquez pas les cuisines et leur tourne-broche ultramoderne ! Autre merveille miraculeusement préservée dans la pénombre d’une salle spécialement aménagée (accessible par élévateur), le polyptyque du Jugement Dernier, retable flamand du XVe siècle, commandé par le chancelier Rolin pour ses Hospices. Le foisonnement des figures, anges, démons, apôtres, élus et damnés autour du Christ en gloire est fascinant au point que l’on a du mal à s’en détacher.

Le centre de Beaune alterne secteurs aménagés (avec zone piétonnière) et voirie obsolète parfois peu commode mais les emplacements réservés aux véhicules arborant la carte européenne de stationnement ne font pas défaut. Dommage que ni la cathédrale ni le palais des Ducs (premier musée d’art et tradition populaire) ne soient accessibles en fauteuil roulant… La balade en ville s’avère néanmoins agréable quand la météo est au rendez-vous, et l’on ne compte pas les bonnes tables !

Outre du vin à foison, Beaune offre… de la moutarde, et abrite même l’un des derniers « vrais » fabricants encore en activité en France, la moutarderie Fallot. Une partie de l’usine est ouverte à la visite (sur réservation), la muséographie au design très contemporain laissant la part belle à l’exploration sensorielle : car il n’y a pas une mais plusieurs moutardes, et des saveurs parfois surprenantes… « Moutarde de Dijon » n’étant pas une appellation protégée, mieux vaut donc lui préférer celle de Beaune, si l’on ne veut pas consommer un produit d’importation parfois lointaine.

Dans la proximité de Beaune, non pas sur la route des vins mais bien visible depuis l’autoroute A6, la maison Veuve Ambal produit du crémant depuis plus d’un siècle. Des bulles qui n’ont rien à envier à celles du Champagne : osez donc faire le test sans prévenir vos amis ! L’usine se visite, grâce à un parcours spectaculaire pleinement accessible qui permet de suivre toutes les étapes de fabrication depuis une passerelle. Attention, le niveau sonore est assez élevé par endroits. La boutique, évidemment, est plus calme… Toilettes adaptées, vaste parking avec emplacements de stationnement réservé.

En reprenant la route des vins vers le nord, une halte à Nuits-Saint-Georges s’impose : d’abord parce que le centre-bourg est tout à fait charmant, ensuite parce que l’Office de tourisme a listé les caves accessibles aux visiteurs handicapés : utile documentation que l’on peut télécharger avant de se lancer à la découverte du terroir. Lequel, réputé dans le monde entier, se présente de manière ludique à l’Imaginarium, espace tout-public (accessible de plain-pied) installé en zone d’activités. De l’histoire du vin aux secrets de son élaboration, tout ou presque vous sera révélé ! Mention spéciale pour l’oenothèque, qui rassemble en un même lieu la plupart des crus, y compris les plus prestigieux, et dont le personnel d’accueil est particulièrement compétent. Toilettes adaptées, vaste parking.

À quelques centaines de mètres de là, le Cassissium complète, en quelque sorte la visite de l’Imaginarium. Comme son nom l’indique, c’est du cassis que l’on fait l’éloge, sous toutes ses formes, avec évidemment une préférence pour la fameuse liqueur… Un espace muséographique bien documenté, de plain-pied, permet de tout connaître du produit avant d’en découvrir la production in situ, dans une odeur aussi suave qu’on l’imagine, puis de passer par la case dégustation : difficile de repartir les mains vides ! Ici aussi, on apprend à se méfier des produits d’importation camouflés derrière des appellations « bien de chez nous » ! Quant au célèbre Kir, sachez qu’il existait bien avant que le non moins célèbre chanoine ne lui donne son nom : on appelait alors cela « blanc-cassis ».

Mais si ces « grosses machines » industrielles vous rebutent et que vous préférez le « cousu-main », rendez-vous à Concoeur, non loin de Nuits-Saint-Georges, où la ferme Fruirouge a élu domicile : une déclinaison complète et délicieuse de préparations à base de cassis, bien sûr, mais aussi, selon la saison, de framboises, fraises, groseilles, cerises, pêches de vigne, alcoolisées ou non, de la confiture au ratafia en passant par la pâte de fruits et même la moutarde ou le ketchup ! Tous les fruits sont cultivés et transformés sur place. Cerise sur le gâteau (c’est le cas de le dire), l’endroit, de plain-pied, est labellisé Tourisme et Handicap et les propriétaires, concernés de près par le sujet, proposent des visites en LSF (sur réservation).

Nuits saint Georges, le vignoble

Et si la rencontre avec un « vrai » viticulteur vous tente, continuez donc votre route à quelques centaines de mètres de là, dans le bourg de Corboin : le jeune Manuel Olivier y élève des grands crus avec une passion qu’il aime à partager en toute simplicité. Une dégustation en sa compagnie (ou celle de l’un des passionnés qui travaille avec lui) est à elle seule un voyage initiatique en Bourgogne ! Prévoir du temps, donc, et un conducteur qui saura rester sobre…

Ne serait-ce que pour trouver le chemin de Cîteaux, abbaye « mère » de l’ordre cistercien, réputée autant pour son histoire que par son… fromage, toujours fabriqué sur place par les moines. Lesquels, au nombre d’une trentaine, occupent toujours une partie des lieux, ou plutôt ce qu’il en reste, car la Révolution n’a pas été tendre… Pour autant, un parcours de visite a été récemment ouvert, labellisé Tourisme et Handicaps, qui permet de découvrir la vie monacale, ainsi que ce qu’il reste des bâtiments, et surtout leur histoire mouvementée. Seul bémol : la bibliothèque, située à l’étage, n’est pas accessible en fauteuil roulant. Stationnement possible au plus près de l’entrée, après le parking visiteurs. Livret de visite disponible en braille et relief.

Jacques Vernes, novembre 2011.


Sur le web, le site de l’Office régional de tourisme de Bourgogne propose une information très complète sur la région et les activités que l’on peut y pratiquer, notamment quand on est handicapé. Le moteur de recherche général inclut les labels Tourisme et Handicap. Le site officiel Côte d’Or Tourisme permet également de préparer son voyage, notamment en téléchargeant les fiches Tourisme et Handicap pour des séjours clé en main. Voyez également la partie Tourisme et Handicap à l’Office de tourisme de Beaune.


Nos adresses accesibles :

À Beaune, Loiseau des Vignes, ouvert par Dominique Loiseau en 2007, est un restaurant étoilé située non loin des Hospices, qui propose, outre des plats savamment élaborés (La manière d’y apprêter les fameux escargots de Bourgogne tient du grand art), une carte des vins au verre pléthorique. Décor contemporain et prix raisonnables (à partir de 20€ le plat/dessert en semaine). Entrée de plain-pied par la cour de l’hôtel Le Cep, attenant.

À Puligny-Montrachet (un nom bien connu des amateurs de grands crus), Olivier Leflaive, un enfant du pays, reçoit dans sa « maison« , qui combine hôtel de luxe (avec chambre plus ou moins bien adaptée) et table de qualité, où plusieurs formules permettent de déguster jusqu’à une dizaine de crus différents au cours d’un même repas ! À partir de 25€. Accès de plain-pied, stationnement réservé sur la place.

Non loin de Nuits-Saint-Georges, Le Chef Coq est le restaurant de La Gentilhommière, « resort » design implanté au milieu des arbres. Aux beaux jours, on y mange en terrasse, des spécialités régionales. Le reste de l’année, dans une belle salle accessible… côté cuisines pour les clients en fauteuil roulant. À partir de 23,50€ en semaine. L’hôtel dispose par ailleurs d’une suite adaptée, proposée au prix d’une chambre standard (115€). Accueil attentionné, stationnement aisé.

À Vosne-Romanée (autre nom qui fait saliver les oenophiles), l’hôtel Le Richebourg est une adresse de luxe où l’on choie le client au-delà des espérances. Pour preuve : dans la (vaste) chambre accessible, la salle de bains adaptée s’ouvre dans le prolongement de la salle de bains « standard ». Étonnant ! Quant à la partie spa, elle n’est malheureusement pas accessible en fauteuil roulant à l’exception du hammam. Stationnement réservé sur le petit parking situé devant l’hôtel. La table, naguère réputée, attend désormais un nouveau chef…

Nettement plus simple, mais aussi plus familiale, la résidence hôtelière Les Allées du Green, en périphérie de Beaune, est située, comme son nom l’indique, à côté d’un golf, dans un quartier résidentiel particulièrement calme. L’endroit dispose d’une piscine chauffée et de plusieurs appartements adaptés (avec cuisinette) jusqu’à 6 personnes, tout confort. À partir de 375€ la semaine ou 95€ par jour et par appartement. Ambiance détendue, accueil sympathique, parking réservé devant l’entrée.

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