Le département de (et non duVaucluse est l’un des plus touristiques de France, Avignon et le Luberon drainant la plupart des visiteurs. Son histoire s’étend sur plusieurs millénaires à partir du Paléolithique (les musées locaux en conservent quelques témoignages) mais on en retient surtout l’époque romaine et la période pontificale (au XIVe siècle) qui ont laissé de très beaux vestiges. Ainsi, le Comtat Venaissin, disparu en tant qu’entité politique après la Révolution, survit-il toujours comme appellation géographique au point de devenir pratiquement une marque.

Capitale du Comtat Venaissin, Carpentras, « ville en forme de coeur », existait bien avant la conquête romaine. Idéalement située au carrefour des routes commerciales, protégée par sa colline et jadis florissante, elle s’est progressivement endormie, loin du tumulte de la célèbre Nationale 7 et de l’autoroute. C’est en se baladant au hasard des rues du centre-ville que l’on en apprécie tout le charme (et que l’on envie les Carpentrassiens !); l’Office du tourisme organise d’ailleurs de passionnantes visites guidées : Porte d’Orange, Hôtel-Dieu, palais épiscopal, cathédrale, (petit) quartier juif, il faut prendre son temps, lever le nez… et le pied. Les terrasses ne manquent pas, où s’alanguir tout en contemplant le mouvement des passants et écouter d’une oreille distraite les éclats de ces conversations à l’accent inimitable.

Un must : le marché du vendredi matin, qui déploie ses étals multicolores dans les ruelles du centre ancien et où l’on peut découvrir, à l’abri de l’affluence touristique, toutes les saveurs de la région. Attention, le stationnement, ce jour-là est particulièrement difficile. Tous les ans en novembre, la (multithématique) foire de la Saint-Siffrein est un autre incontournable vieux de plusieurs siècles.

Marché de Carpentras

Il serait impardonnable de quitter la ville de naissance du chanteur Christophe Maé sans une boîte de berlingots ! La confiserie du Mont Ventoux, en sortie de ville, propose des démonstrations de fabrication tout à fait spectaculaires. Accès de plain-pied, parking aisé. Autre friandise plus communément associée à Montélimar, le nougat se déguste néanmoins également à Saint-Didier, près de Carpentras, où des « paysans nougatiers » perpétuent une tradition dont on peut découvrir quelques secrets et quelques recettes inattendues, dont une aux olives. Accès et parking aisés. Juste en face, ne serait-ce que pour le fun, ne manquez surtout pas le musée des appeaux : il est unique en France (il ne reste que 5 fabricants dans le monde) et son créateur, personnage haut en couleurs, saura vous faire partager sa passion par la démonstration « musicale » de son art !

Plus loin sur la route, Venasque est un vieux village niché sur son éperon rocheux au débouché des vertigineuses gorges de la Nesque. Le panorama qui s’étend à ses pieds étage vergers et fermes jusqu’au lointain Ventoux. D’autres très beaux villages perchés, dignes d’une crèche provençale, attendent également le visiteur : Le Beaucet, La Roque sur Pernes… Et en se rapprochant du Ventoux (1.912m de cailloux mortifères) : Crillon le Brave et son hôtel de grand luxe, CarombLe Barroux et son château défensif ruiné dominant la vallée, La Roque Alric, spectaculaire sur son piton escarpé… L’accessibilité n’est certes pas idéale (ça grimpe !) mais les sites en eux-mêmes valent largement le détour, dussent-ils n’être découverts que depuis la route : photographies mémorables garanties à toute heure du jour et par tous les temps !

Dans la plaine, à l’ouest des célèbres Dentelles de Montmirail, les amateurs de nectars seront à la fête avec la trilogie GigondasVacqueyrasBeaumes-de-Venise. Les vignerons y ont en outre développé un accueil digne du XXIe siècle, avec des caveaux de dégustation ultramodernes, aux normes d’accessibilité, et de véritables parkings. Peut-être moins poétique que les anciens chais mais assurément plus pratique : certains offrent même des espaces réservés aux enfants.

Faïence et fruits confits.

Nichée entre monts de Vaucluse et Luberon, Apt, ville romaine, est située sur l’ancienne voie Domitienne. À l’instar de Carpentras, elle a connu la prospérité durant l’Antiquité et la période pontificale. Plus industrielle que sa consoeur demeurée agricole, elle s’est fait une spécialité de la production de fruits confits et de faïences : une histoire entremêlée dont rend remarquablement compte le très moderne Musée de l’aventure industrielle implanté en centre-ville. Les gourmands et les amateurs de belle vaisselle (notamment la fameuse « marbrure aptésienne ») auront largement matière à satisfaire leurs envies. Quant au (petit) centre ancien, il offre quelques jolies perspectives et des rues tortueuses assez romantiques le soir. Sachez par ailleurs que la cathédrale Sainte-Anne, dont le trésor vaut la visite, est accessible par rampe (demander à l’accueil).

À la sortie d’Apt, en pleine zone industrielle, il faut absolument faire halte à la Fondation Jean-Paul Blachère : cet entrepreneur en illuminations (à qui l’on doit notamment celles des Champs-Élysées) encourage et soutient les acteurs culturels et artistes africains. Une politique d’acquisition permet de présenter des oeuvres contemporaines au public dans une muséographie simple mais remarquablement éclairée (et pour cause !). Une boutique complète la découverte, où l’on peut se procurer de très beaux objets à des prix tout à fait raisonnables. Accès de plain-pied, parking aisé.

Les petites routes qui partent dans les monts de Vaucluse réservent également de belles surprises, avec d’autres villages perchés, tels Saint-Martin de Castillon, ses voisines des Alpes de Haute-Provence Simiane la Rotonde (splendide mais assez difficilement accessible car très pentue) ou, plus au nord, Oppedette, dominant ses gorges. Champs de lavande, fermes en pierre sèche : vous voilà au coeur de la Provence ! Sur les hauteurs du plateau d’Albion, tout proche, l’observatoire Sirene (lire ce Top) permet depuis huit ans à tout un chacun de contempler les étoiles en pleine accessibilité : un site unique en France.

Autre site unique, le « Colorado Provençal » déploie ses merveilles géologiques à côté de Rustrel. Les utilisateurs de fauteuils roulants devront hélas se contenter de l’apercevoir depuis la route car les chemins qui y accèdent sont totalement impraticables. De plus, une habitude locale assez détestable veut que le moindre parking de plein champ soit payant (cher), ce qui tempère quelque peu les ardeurs… On pourra se consoler plus à l’ouest à Roussillon, où un spectaculaire « sentier des ocres » a été aménagé dans le village. Parking réservé au plus près de l’entrée et panorama gratifiant, même pour ceux qui ne souhaitent pas payer. En entrée de bourg, le Conservatoire des ocres, installé dans une ancienne usine (accessible avec aide), permet de se familiariser de manière ludique avec cette industrie multicolore.

Également située sur la voie Domitienne, la discrète Cavaillon, célèbre surtout par ses melons (qu’elle « exporte » massivement, certes, mais qui sont, pour la plupart, produits plus au sud, dans la Crau), s’avère un excellent et peu onéreux point de chute, à portée d’autoroute de train, d’où partir à la découverte du Luberon. On peut en embrasser le paysage depuis la romantique colline Saint-Jacques, qui domine la ville. Et déambuler au gré des rues, riches en vestiges antiques, médiévaux et baroques (cathédrale accessible par rampe à demander à l’accueil), pour s’imprégner d’une atmosphère typiquement provençale que la pression touristique n’a pas encore galvaudée.

Parmi les innombrables musées de la lavande (autre incontournable régional), citons celui de Coustellet, à quelques kilomètres de Cavaillon : stationnement aisé, excellente accessibilité, accueil attentionné. Vous y apprendrez, entre autres, la différence entre lavande et lavandin, et vous initierez à la fabrication de cette essence prisée dans le monde entier. Plus inattendu, le musée du tire-bouchon installé par un producteur de cinéma (celui d’Emmanuelle !) dans son domaine viticole près de Ménerbes : 1.200 pièces élégamment mises en espace, dont certaines très anciennes et précieuses. Une étape originale sur la route du toujours chic Luberon, qu’il vaut mieux visiter hors-saison, sauf à aimer l’atmosphère haut de gamme des soirées de MénerbesBonnieux ou Lacoste (et son célèbre festivalgriffé Pierre Cardin)…

Jacques Vernes, mars 2009.


Sur le web, le site Provence Guide propose une information très complète sur le département, avec quelques mentions d’accessibilité. Idem pour le site officiel Carpentras-Ventoux et ceux des offices de Tourisme d’Apt et de Cavaillon. Ces trois villes sont par ailleurs associées à une remarquable opération de promotion de la gastronomie et des produits locaux, « Terroir & Patrimoine« , dans laquelle des restaurants proposent des menus dégustation à prix modiques.

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