Née en France sous l’impulsion du Cercle Sportif National des Invalides, l’escrime en fauteuil roulant s’adresse aux blessés médullaires, aux infirmes moteurs cérébraux et aux amputés de membres inférieurs. En compétition, les deux armes de convention que sont le fleuret et l’épée sont pratiquées aussi bien par les hommes que par les femmes. Le sabre, lui, est réservé aux hommes. Le règlement est calqué sur celui des sportifs valides à cette différence près que les fauteuils utilisés sont fixés au sol. En outre, trois catégories de handicap ont été définies. Le degré de mobilité du tronc est un des critères majeurs pour déterminer la catégorie de classification des tireurs; ainsi, dans la première catégorie (A) sont regroupés les tireurs atteints de paraplégie basse ou de une ou deux amputations des membres inférieurs. La B regroupe les personnes touchées par une paraplégie haute ou d’un handicap affectant l’équilibre du tronc. La catégorie C est dédiée aux tétraplégiques.

Fierté nationale, le système de fixation utilisé par les « tireurs » a été développé en 2003 par le principal partenaire de la Fédération Française Handisport, E.D.F. Appelé Handifix, ce système est aujourd’hui reconnu par les instances internationales et utilisé dans les compétitions internationales. La France a toujours bien figuré sur l’échiquier mondial. Dès 1964, aux Jeux de Tokyo, Serge Bec en décrochant l’or au sabre et à l’épée devenait le premier champion Paralympique de l’histoire de l’escrime en fauteuil français. Le dernier titre individuel paralympique français remonte aux Jeux d’Athènes (2004) où Cyril Moré a décroché le titre à l’épée en catégorie A.

Depuis, un championnat du Monde, deux d’Europe et quelques manches de Coupe du Monde sont venus confirmer un fait : la France, quand elle n’est pas le leader européen, fait toujours partie du trio de tête avec la Hongrie et la Pologne. Mais sur le plan mondial, l’Asie fait figure d’épouvantail. Hong Kong a pris la tête des nations lors du dernier mondial de Turin en 2006, avec 6 titres glanés devant la Chine (4 médailles d’or); sur 17 titres, individuels et par équipes, près des deux tiers sont revenus au continent asiatique. La manche parisienne de la Coupe du Monde confirme ce constat, avec cette fois la Chine en tête et qui a tout simplement raflé la moitié des médailles d’or (6), devant Hong Kong (2). En troisième position, la France avec une médaille d’or décrochée sur le tournoi de sabre par équipe, semble marquer le pas.

Sur le plan individuel, l’escrimeuse la plus « capée » encore en exercice du clan français est Patricia Picot. Avec un titre aux Jeux de Sydney (2000) et une médaille de bronze à ceux d’Athènes (2004) obtenus au fleuret, catégorie A, la tireuse de Vannes (Morbihan) a, depuis deux ans, fort à faire sur le territoire français. C’est en effet en 2006 qu’une jeune aveyronnaise a, pour la première fois, fait la preuve de son talent : vice-championne du Monde au fleuret, catégorie A, Sabrina Poignet est ainsi devenue un des piliers de l’équipe de France. Depuis, entre Coupe du Monde et Championnat d’Europe, elle est régulièrement sur les podiums.

Chez les hommes, Robert Citerne, champion du Monde en titre à l’épée, David Maillard, champion d’Europe en titre au sabre et surtout Cyril Moré, champion Paralympique et d’Europe en titre à l’épée, constituent le noyau dur d’une équipe de France catégorie A qui n’a pourtant pas obtenue de médaille le week-end dernier. A Paris, Laurent François (catégorie B), s’est offert l’argent au sabre et le bronze au fleuret. Marcus Cratère (catégorie B) s’est lui classé deuxième du tournoi d’épée, alors que Alim Latrèche terminait troisième au côté de Laurent François au fleuret.

La concurrence est donc de plus en plus rude au niveau mondial, alors que l’étau se resserre à moins d’un an du rêve Paralympique. C’est pourtant dans un mois qu’une grande partie de l’avenir de ces tireurs devrait se jouer. En janvier 2008 se déroulera une nouvelle manche mondiale qui viendra préciser le rang de chacun, un classement pris en compte pour les sélections Paralympiques.

Arnaud Daviré, Sport et Handicaps, novembre 2007.

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