Fondée par les Romains sous le nom d’Augustoritum (avec un jeu de mots associant le nom de l’empereur Auguste avec un terme local désignant le gué sur la rivière), la capitale des Lémovices n’en a pas moins conservé le nom de cette tribu gauloise. Une cité antique prospère, idéalement située au carrefour de voies commerciales importantes, et dont quelques vestiges peuvent être admirés dans les sous-sols parfaitement accessibles du Musée des Beaux-Arts. Lequel peut d’ailleurs constituer un excellent point de départ pour appréhender la ville et ses développements successifs : plusieurs maquettes détaillées y présentent en effet les différents états de Limoges, des origines au début du XXe siècle.

Où l’on voit émerger non pas une mais deux entités séparées, « le château » et « la cité », réunies après la Révolution pour former la commune actuelle. Le musée, installé dans l’ancien palais épiscopal (et qui propose, depuis une récente rénovation, un accueil et de multiples activités adaptées à tous les types de handicap), abrite par ailleurs de riches collections égyptologiques et de peinture mais l’incontournable local, pour les plus pressé(e)s, se situe du côté des émaux : du Moyen-Âge à nos jours, champlevés ou peints, c’est l’une des plus riches collections au monde; certaines pièces sont absolument époustouflantes !

Avant que son nom soit intimement associé à la porcelaine, Limoges fut en effet l’un des grands centres européens de production d’émaux. Une véritable industrie, notamment au Moyen-Âge, qui faillit disparaître à maintes reprises du fait des vicissitudes de l’Histoire (guerres, épidémies) mais qui perdure grâce au talent de quelques créateurs. Initiée par la Chambre professionnelle et animée par des artistes passionnés, la Maison de l’émail, située dans un immeuble moderne de la basse-ville, offre ainsi un espace (accessible) d’exposition, de rencontre et d’initiation à cet art séculaire. L’occasion de belles découvertes et la possibilité d’acquérir, à des prix corrects, quelques-unes de ces créations issues de la fusion, un peu magique, du métal et du verre.

Un peu magique aussi, le lieu où les Compagnons des Devoirs du Tour de France, antique confrérie s’il en est, ont installé leur musée, non loin de celui des Beaux-Arts et de la cathédrale. D’abord parce qu’il se trouve à l’emplacement d’une ancienne abbaye détruite après la Révolution, dont ne subsistent, en dehors de quelques reliefs exposés au Musée des Beaux-Arts, que les caves voûtées, récemment dégagées et aménagées; ensuite parce que les chefs-d’oeuvre de compagnons qui y sont exposés, axés sur les métiers du bâtiment, témoignent d’un savoir-faire transmis au fil de générations d’artisans, où la rigueur d’exécution ne bride nullement la fantaisie créative. Une promenade passionnante sur deux niveaux, accessibles de plain-pied et par ascenseur (mais pas encore de toilettes adaptées), où l’on aborde également la longue histoire du compagnonnage et les différentes étapes que suit l’apprenti jusqu’à la maîtrise. De quoi susciter des vocations !

Juste en face, la cathédrale Saint-Étienne est un spectaculaire vaisseau gothique flamboyant achevé au… XIXe siècle. Aisément accessible, l’édifice présente de beaux exemples de l’art religieux de la Renaissance, avec notamment un étourdissant jubé (déplacé sous le grand orgue) que l’on peut éclairer afin d’en admirer les détails. L’orgue fête quant à lui, en 2013, le cinquantenaire de sa restauration : de nombreux concerts seront organisés jusqu’à la fin de l’année : renseignez-vous.

En sortant de la cathédrale (ou avant d’y entrer), ne manquez pas de faire un détour par les jardins de l’Évêché : ce poumon vert de Limoges, en plus d’aménagements paysagers multithématiques accessibles de plain-pied, offre un véritable balcon sur la Vienne et le vieux pont Saint-Étienne, l’un des emblèmes de la ville, avec son quartier pittoresque.

S’il vous reste un peu de temps, faites halte, non loin de la cathédrale, au Musée de la Résistance : récemment aménagé par la ville, il est parfaitement accessible en fauteuil roulant (y compris les toilettes) et présente, grâce à une muséographie résolument contemporaine, quelques faits marquants de la Seconde guerre mondiale, l’Occupation allemande et des actions de résistance en Limousin.

Limoges, quartier de la Boucherie.

Autre quartier pittoresque, celui de la Boucherie, côté « château »: les rues aux antiques maisons à colombages sont certes pentues, pavées et assez malcommodes en fauteuil roulant mais l’atmosphère qui y règne transporte le visiteur au temps jadis, quand les bouchers qui ont donné leur nom à l’endroit tenaient boutique. Abattoir à l’arrière, étal sur le devant, logis au-dessus : une activité dont ne subsiste qu’une échoppe encore « dans son jus », ouverte l’été par l’Office de Tourisme (accessible avec aide pour le rez-de-chaussée uniquement), et une émouvante chapelle baroque, propriété de la confrérie Saint-Aurélien mais librement accessible au public. Une occasion unique de faire ses dévotions à la Vierge au Rognon (sic) !

Plus haut, ultime témoignage de la vocation alimentaire du quartier, les halles centrales déploient leur architecture fin de siècle (le XIXe) sur la place de la Motte (référence à la motte castrale du château aujourd’hui disparu). Le commerce y est toujours florissant : une bonne adresse pour découvrir les produits du terroir. Ne manquez pas, sur le pourtour extérieur de l’édifice, l’étonnante frise en porcelaine figurant les denrées vendues à l’intérieur… Sur cette même place, une fresque en trompe-l’oeil retrace l’histoire du quartier : saurez-vous la trouver et reconnaître qui y figure ?

Encore plus haut sur la butte, dominée par un clocher-tour typique de la région, l’église gothique Saint-Michel-des-Lions doit son nom aux deux sculptures gallo-romaines qui en gardent l’entrée. L’accès en fauteuil roulant se fait par le côté droit, au prix d’une rampe un peu forte. L’endroit, richement décoré, abrite les reliques de Saint Martial, « star » locale qui fait l’objet d’un culte toujours très vivant, notamment à l’occasion d’ostensions qui, tous les sept ans, attirent de nombreux fidèles. La prochaine aura lieu en 2016. Pour la petite histoire, c’est dans cette église que le peintre Auguste Renoir, né à Limoges (on le sait peu) fut baptisé. Autres célébrités limougeaudes : les anciens ministres Roland Dumas et Xavier Darcos, l’animatrice Ève Ruggiéri et le coureur cycliste Luc Leblanc.

En redescendant de la place Saint-Michel par la rue du Temple, il ne faut pas craindre d’affronter les pavés pour découvrir, nichée au coeur d’un pâté de maisons anciennes, une cour Renaissance aussi élégante qu’inattendue, que surplombent d’élégants immeubles à pans de bois. Mais il ne faut pas seulement lever les yeux : le pavage, qui semble fait de vulgaires briques posées sur champ, est en réalité constitué à partir de « gazettes », éléments servant jadis au calage des pièces de porcelaines lors de la cuisson. Où la Limoges mondialement célèbre se révèle par ses détails les plus humbles…

La « grande » histoire de la porcelaine, on la découvre au Musée national Adrien Dubouché, place Churchill, un peu à l’écart du centre-ancien. Entièrement repensé en 2012 (avec une mise en accessibilité qui fait pour le moment l’impasse sur les adaptations aux visiteurs déficients sensoriels), ce très vaste espace d’exposition fondé à la fin du XIXe siècle invite à un voyage passionnant dans l’espace et dans le temps, autour de la céramique, du verre et de la porcelaine. La richesse et la diversité des collections sont telles que l’on peut passer au moins une demi-journée à les admirer !

Les pièces d’exception se succèdent, des poteries antiques aux dernières créations contemporaines et un étage entier, dans la partie moderne du bâtiment, est consacré aux processus de fabrication : une véritable initiation à la porcelaine que l’on peut compléter, à l’autre bout de la ville, par la visite du colossal four des Casseaux (accessibilité limitée au rez-de-chaussée), classé monument historique et propriété de l’entreprise Royal Limoges, qui dispose en outre sur place d’un magasin d’usine.

D’autres grandes maisons de porcelaine offrent également cette possibilité d’acquérir à prix raisonnables certaines fins de série ou pièces déclassées. Ainsi en va-t-il de la prestigieuse Haviland, dont le « pavillon« , en périphérie de Limoges, s’augmente d’un musée présentant les services de prestige des grands de ce monde et quelques trésors jalousement conservés par les propriétaires de la marque. Parking aisé, toilettes adaptées. Il en va de même chez Médard de Noblat où un espace « Esprit Porcelaine » présente d’audacieuses créations contemporaines : la culture dans l’assiette !

D’un point de vue culturel plus général, Limoges se veut réellement accessible à tous. Ainsi, l’Opéra (accessible par rampes) a décidé d’audiodécrire tous ses spectacles lyriques, initiative d’une ampleur inédite en France. Pour sa part, le théâtre de l’Union, centre dramatique national du Limousin (également accessible aux spectateurs handicapés moteurs) signale, dans le programme de sa saison, ses spectacles accessibles aux déficients sensoriels. Enfin, outre ses propres créations bilingues Langue des Signes Française-Français ou visuelles, la compagnie théâtrale Singuliers Associés assure une médiation culturelle pour les personnes déficientes sensorielles lors de spectacles donnés dans la région : le programme de la saison en cours donne une idée de ce qui est proposé.

Mais le must en matière d’accessibilité culturelle reste la Bibliothèque Francophone Multimédia (BFM), lumineux vaisseau contemporain ancré en plein centre-ville et dont les portes sont réellement ouvertes à tous, valides ou handicapés. Le service dédié aux personnes malvoyantes est un modèle du genre : outre un fonds d’ouvrages en grands caractères, la BFM dispose de livres-audio et braille, de DVD audiodécrits et d’une salle entièrement dédiée à la consultation sur postes informatiques adaptés, avec télé-agrandisseur, imprimante et plage braille, clavier guide-doigts… Des actions sont par ailleurs conduites en direction du public malentendant, avec le prêt (gratuit comme le reste) de DVD sous-titrés et des opérations ponctuelles en liaison avec des associations locales. Et si vous avez envie de vous relaxer, le jardin exotique intérieur vous ouvre ses frondaisons : on se sent bien, à Limoges !

Jacques Vernes, juin 2013.

Sur le web, l’Office de Tourisme, pléthorique portail d’information touristique et culturelle, se propose de « vous offrir du Limoges »… Tous les aspects sont abordés mais la thématique handicap n’est accessible que via le moteur de recherche. Les sites labellisés Tourisme et handicap en Haute-Vienne sont néanmoins rassemblés sur cette page par le Comité départemental de Tourisme. Enfin, le Comité Régional du Tourisme en Limousin a développé un site spécifique, dédié au label Tourisme et handicap dans toute la région, régulièrement mis à jour.

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