La création de l’association ancêtre de MESH (prononcez mêche) date de 1984, à l’initiative de la musicienne Magali Viallefond. Elle intervenait à l’époque dans des établissements spécialisés mais rencontrait un souci de crédibilité : le milieu du handicap et celui de la musique s’interrogeaient sur l’intérêt d’une pratique musicale des personnes handicapées en dehors du strict domaine de la musicothérapie. Entreprenant une recherche dans le cadre d’une thèse universitaire, Magali Viallefond a ainsi été amenée à doter son travail de moyens financiers et d’une structure juridique en créant l’association MET, Musique et éducation dans la thérapie des handicapés. Cette dénomination, qui maintenait une confusion avec les musiciens thérapeutes, a évolué pour devenir MESH : Musique dans l’éducation et le soin des handicaps, renommée en 2002 en Musique et éveil culturel des personnes en situation de handicap tout en gardant le sigle MESH. La présentation de ces péripéties n’est pas anecdotique, elle traduit l’évolution du travail de l’association qui privilégie actuellement l’éducation musicale d’enfants, d’adolescents et d’adultes handicapés dans les Ecoles et Conservatoires de Musique.

MESH travaille essentiellement sur le département du Val d’Oise mais son action intéresse bien au-delà. L’association est depuis quatre ans installée à Montmorency, et depuis peu dans les locaux du Conservatoire municipal de musique et de danse. « Les parents demandaient une suite à notre travail de formation musicale, confie Anne- Laure Gueudret, chargée d’intégration culturelle de MESH. On a décidé de travailler à l’intégration des enfants dans les écoles de musique ». Quand on posait la question de l’intégration, les dirigeants de ces écoles et conservatoires donnaient des réponses variables : on n’a pas de demande, on n’est pas formé pour cela, on n’est pas accessible. MESH a apporté des informations pour briser les idées préconçues, en affirmant qu’il n’était pas nécessaire de former spécifiquement un professeur de musique et que l’intervention ponctuelle d’un psychomotricien permettait de trouver les bonnes solutions, que des aménagements de bon sens étaient réalisables. Elle conseille des familles, forme des enseignants, organise des ateliers musicaux destinés à de grands handicapés. L’association doit surtout affronter l’image vieillotte de l’enseignement musical et le conservatisme bourgeois de ses pédagogues, qui obligent encore trop souvent à passer par l’apprentissage et la maîtrise préalable du solfège avant d’aborder un instrument. Or, cette conception constitue un obstacle pour de nombreuses personnes handicapées, notamment mentales. MESH a également constaté une peur réelle de pousser la porte d’un Conservatoire, beaucoup de personnes handicapées pensent l’apprentissage de la musique ne leur est pas accessible. Si à Argenteuil on accueille tout le monde et on pratique les musiques actuelles, en adaptant l’évaluation des élèves à leur pratique et envies, cette approche est encore peu répandue.

L’association réalise également des créations artistiques mêlant plasticiens, peintres et musiciens. Quatre spectacles ont été produits, dont le plus récent, Rêve de peintre, confrontait le travail du peintre du pied Messaoud Belabbas (lire cet article) à une création musicale confiée à des enfants sourds. Ces spectacles résultent de stages à la campagne, durant lesquels les apprentis artistes apprennent et créent dans des ateliers; la confrontation des idées, la stimulation créatrice fait émerger une oeuvre en mouvement dont le souvenir est conservé dans des films vidéos diffusés par l’association qui a accueilli dans ses spectacles plus d’une centaine de personnes handicapées. Un travail qui montre que la pratique artistique amateur est un élément fort du bonheur de vivre.

Laurent Lejard, novembre 2004.


MESH, 23 rue du Temple 95160 Montmorency. Tél/fax : 01 39 64 65 22.

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