A travers cette exposition, l’Institut du Monde Arabe veut montrer comment deux rives peuvent se réunir en un seul lieu, comment les différences entre le monde arabe et l’Europe, si souvent jugées irréductibles, peuvent se résoudre en une construction brillante. Entre le 8e et le 12e siècle, l’Andalousie expérimente la tolérance profonde entre des hommes musulmans, chrétiens et juifs et elle resplendit ! Cette réussite, elle la doit à toutes les communautés – musulmane, chrétienne et juive – qui vivent sur son sol et qui contribuent ensemble à son développement et à la fécondité de ses échanges. Son apogée se situe vers l’An Mil. La société hispano- arabe, ouverte à toutes les influences et comme heureuse de sa diversité, offrait alors un modèle de coexistence à l’Europe médiévale. Mais comment transmettre une si belle leçon de tolérance et de civilisation à travers une exposition de trésors anciens ? C’est tout l’objet de la muséologie : enseigner quelque chose à chacun, à travers la mise en scène de ces trésors !

Notre visite n’a pas été facile et nous n’avons pu apprécier tous les objets exposés. Dès l’arrivée devant l’Institut, il semble qu’un parking permette de stationner les véhicules pour personnes handicapées: une chaîne en barre l’entrée. Il faut probablement descendre de la voiture et aller chercher un gardien; pas si facile pour une personne à mobilité réduite! Nous renonçons et nous garons quelques centaines de mètres plus loin. Dès l’entrée de l’exposition, les pneus du fauteuil s’enfoncent dans une épaisse moquette, il va donc falloir déployer une force de Titan pour se propulser. Puis nous voilà rapidement embarqués dans un dédale d’étroits couloirs réservés aux seules personnes handicapées et bordés de cloisons de verre, menant vers des ascenseurs réservés au service. Heureusement, les ascenseurs de l’Institut du Monde Arabe fonctionnent bien! Nous commençons alors la lecture des cartels accessibles à notre vue: cela limite considérablement la quantité des textes à lire car certains sont beaucoup trop hauts, d’autres trop bas; il y a aussi ceux dont le texte est minuscule et ceux qui se trouvent horizontalement posés dans des vitrines qui ne sont pas à notre niveau! Quant à la signalétique, elle est un point faible supplémentaire.

Heureusement, le personnel de l’IMA est très présent, accueillant, proposant son aide à tout moment. Cette attitude et cette disponibilité viennent en partie compenser une architecture intérieure et des aménagements très critiquables. Mais ce même personnel n’assure pas la lecture des cartels illisibles, il ne peut abaisser les vitrines trop hautes ou pousser les fauteuils roulants alourdis par un sol moquetté. Et que passe- t-il quand plusieurs personnes sollicitent ce personnel? Pourquoi être obligé de demander de l’aide quand quelques aménagements permettraient de visiter en toute autonomie, comme tout autre visiteur? Il faudra donc encore expliquer aux bâtisseurs et responsables d’établissements recevant du public combien l’acceptation des différences dépasse largement l’accueil offert par le personnel des lieux, aussi excellent soit-il ! Accepter les personnes handicapées c’est faire l’effort de comprendre leurs besoins spécifiques et construire en conséquence, pour le plus grand bonheur de tous.

Véronique Gaudeul, février 2001


« Les Andalousies, de Damas à Cordoue » , du 28 novembre au 15 avril 2001, Institut du Monde Arabe, 1rue des Fossés-Saint-Bernard, 75236 Paris Cedex 05, tél : 01 40 51 38 38, www.imarabe.org. Ouverture de 10h à 18h tous les jours sauf le lundi, gratuit pour les personnes handicapées et accompagnateurs.

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