Vous connaissez l’histoire : nous sommes en 52 avant notre ère, le chef gaulois vaincu Vercingétorix jette dans un grand « Clang » ses armes aux pieds de l’Empereur romain Jules César qui hurle de douleur… Bon, celle-là, c’est l’histoire selon Astérix et, si le résultat final est le même, les péripéties sont plus sérieusement retracées dans le centre d’interprétation du siège d’Alesia qui a ouvert au public à la toute fin du mois de mars 2012 en Bourgogne, près de la bien nommée Alise-Sainte-Reine. Un vaste bâtiment circulaire, ceint d’une résille de bois symbolisant les fortifications romaines. Au fil d’une exposition présentant des vestiges et objets d’époque reconstitués, le visiteur comprend l’événement tragique qui a entrainé l’assimilation (positive celle-là) des tribus gauloises à l’Empire romain. Les différents aspects du siège sont détaillés sur les panneaux et les vitrines, ainsi que dans un docu-fiction assez violent, déconseillé aux enfants et aux personnes sensibles… Le visiteur découvre notamment que les gaulois n’étaient pas des peuplades sauvages, mais qu’ils maîtrisaient le travail des métaux, orfèvres talentueux, avaient une organisation sociale, aspiraient à vivre libres et ne connaissaient pas l’esclavage, à la différence de l’envahisseur romain. Les personnes qui souhaiteront approfondir leur connaissance de la civilisation et de la culture de ces peuples celtes auront une centaine de kilomètres à faire pour se rendre au remarquable musée de la civilisation celtique de Bibracte, parfaitement accessible, présenté en 2011 dans ce reportage.

Mais le tout neuf MuseoParc d’Alesia est paradoxal : son accessibilité architecturale désuète s’appuie sur la réglementation d’avant la loi du 11 février 2005 alors qu’accueil et médiation adaptés sont déjà proposés aux publics handicapés. Une situation unique, dont l’origine se trouve dans un dépôt de demande de permis de construire antérieure au 1er janvier 2007, date d’entrée en vigueur de l’accessibilité aux personnes déficientes visuelles, auditives, mentales ou psychiques. Avec comme résultat l’obligation de réaliser d’ici au 1er janvier 2015 une mise en accessibilité complémentaire, si l’architecte Bernard Tschumi le veut bien. Il a en effet conçu un vaste atrium entièrement blanc : acceptera-t-il que son oeuvre soit zébrée de cheminements en relief et contraste pour guider les aveugles, entre autres aménagements nécessaires ? D’autres erreurs d’accessibilité sautent aux yeux, telles les portes d’entrée difficilement manoeuvrables ou le parking éloigné du site, alors que des places réservées seraient aisément aménageables plus près.

Et pourtant, dès l’ouverture, les personnes handicapées disposent d’une excellente offre adaptée pour les groupes et les individuels : plan-guide portable réalisé en Braille, relief et grands caractères, visites en Langue des Signes Française (sur demande préalable), boucles magnétiques fixes pour les audiovisuels, portables pour les ateliers, et collier afin d’accommoder l’audioguide, ateliers pour déficients mentaux au moyen d’une « armoire aux trésors » mobile (durant l’atelier, les participants sont invités à frapper leur propre monnaie de Vercingétorix !).

L’équipe chargée des publics étudie l’organisation programmée dans l’année de visites en LSF. Elle élabore actuellement un livret illustré de « visite facile » destiné à la fois aux familles, aux personnes déficientes intellectuelles, sourdes ou étrangères : des tests auprès de visiteurs sont prévus dans les prochaines semaines. L’équipe étudie par ailleurs la réalisation d’un sac de visite contenant des objets à toucher et un guide descriptif : ce produit est conçu pour un binôme voyant-déficient visuel, pour des visites instructives en autonomie.

La visite se poursuit également à l’extérieur, près d’un morceau de fortification romaine reconstituée dans lequel quelques comédiens soldats campent et proposent plusieurs fois dans la journée manoeuvres et maniement d’armes. Les cinq « romains » présents en semaine sont renforcés d’une ou deux douzaines d’autres les samedis et dimanches.

A voir également, le panorama sur la campagne et l’oppidum d’Alesia depuis la terrasse panoramique du MuséoParc. Et la visite sera complète en allant jusqu’au site des fouilles archéologiques qui ont mis au jour les restes de la ville gallo-romaine bâtie sur l’oppidum, près duquel un musée devrait ouvrir en 2016 pour présenter les nombreuses traces laissées par « nos ancêtres les Gaulois »…

Laurent Lejard, avril 2012.

Le MuséoParc d’Alesia est ouvert tous les jours, de mars à décembre. L’accessibilité et la médiation sont détaillées, de même que le programme des visites. Une cafétéria propose des plats inspirés de l’Antiquité, une librairie-boutique présente des ouvrages historiques et ludiques, des jouets et de beaux objets d’artisanat fabriqués dans la région, une ludothèque reçoit gratuitement les enfants.

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