Le 2 décembre dernier, la Société Nationale des Chemins de Fer Français a lancé une série de rencontres « Voyage en choeur, Cheminots, Clients handicapés ». Elles seront déployées dans les différentes régions et sont destinées à mieux faire connaître les besoins spécifiques des voyageurs handicapés aux agents de la compagnie ferroviaire : ceux-ci effectuent ainsi le parcours d’un voyageur en fauteuil roulant, d’un malvoyant en chaussant des lunettes opaques, d’un aveugle en ayant les yeux bandés, d’un sourd une fois les oreilles bouchées et couvertes par un casque insonorisateur. Ces parcours pédagogiques se déroulent en compagnie d’une personne paralysée, aveugle ou sourde qui accompagne un agent de l’entrée au guichet puis de l’accueil des passagers handicapés au train.

Le président de la compagnie, Louis Gallois, a participé à la première de ces rencontres en parcourant la gare de l’Est à Paris sur un fauteuil roulant, tentant d’acheter un billet à un guichet conçu comme adapté (mais en pratique difficilement accessible), se frayant ensuite un chemin sur des quais encombrés et s’immisçant tant bien que mal dans les toilettes d’un train Corail Téoz. Il n’était pourtant pas prévu que Louis Gallois prenne place sur un fauteuil roulant: le service de la Communication de la SNCF était réticent à cette idée. Le président l’a fait comme une chose naturelle, à la demande de Ryad Sallem, responsable associatif qui dirigeait la visite de la gare de l’Est. C’est donc in vivo que le dirigeant de la compagnie ferroviaire a pu constater l’écart qui peut exister entre l’intention de proposer un transport accessible et l’effectivité de sa réalisation.

Louis Gallois a tiré au moins une leçon de cette nouvelle expérience : « Nous devons améliorer l’accessibilité en demandant leur avis aux personnes handicapées ». Il souhaite que l’élaboration des futurs aménagements associent les agents de la compagnie et des personnes handicapées. Reste à la SNCF à traduire en actes la volonté « politique » de son président d’améliorer le transport des passagers handicapés. Mais combattre les habitudes et l’inertie d’une grosse entreprise ne sera certainement pas une affaire aisée : voilà, par exemple, plus d’un an et demi que nous attendons en vain que la SNCF nous permette de vous présenter les dispositions d’accueil des passagers handicapés à bord des futurs TGV dits « Christian Lacroix ». Un Top vigilant, donc, pour que les propos de Louis Gallois soient davantage qu’une simple action de communication ponctuelle…

Laurent Lejard, décembre 2004.

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