Le 28 septembre dernier, le Ministre de l’éducation nationale, François Fillon, rendait public un plan destiné à favoriser l’équipement informatique des étudiants. Mobilisant des industriels de l’informatique et du logiciel, financée par des prêts auprès de banques partenaires, l’opération « Mon micro- portable Wi-Fi pour le prix d’un café par jour » a été lancée à grand renfort de médiatisation; tout étudiant qui le souhaite pourra acquérir un ordinateur performant dans le cadre de configurations prédéfinies. Hélas, comme il est de règle dans la plupart de ces actions grand public, le Ministère de l’éducation nationale a oublié en chemin les 8.000 étudiants handicapés, et plus précisément ceux qui nécessitent un matériel adapté : aveugles, malvoyants, tétraplégiques, infirmes moteurs cérébraux, etc.

La Délégation aux usages de l’Internet a la charge de gérer l’opération Micro- portable. Quand on interroge sa chargée de communication, la première réponse est la suivante: « L’opération a été suffisamment dure à monter. Dans les négociations avec les industriels, on a traité le cas général. L’opération a de fortes chances d’évoluer, c’est à ce moment-là que les surcoûts liés aux handicaps seront pris en compte ». Le chef de projet qui a élaboré l’opération, Christian Vanin, confirme que le Ministère n’a pas prévu les interfaces adaptées dans le cahier des charges, mais préfère botter en touche en laissant le soin au Délégué des usages de l’Internet, Benoît Sillard, de répondre officiellement. Lequel n’a pas pour l’instant jugé utile de le faire…

Certes, l’Agefiph peut intervenir pour financer des aides informatiques, mais aucune convention n’a été conclue avec cette association pour mettre en concordance des procédures qui ne sont pas forcément compatibles… Sans parler bien évidemment des délais d’instruction de dossier propres à l’Agefiph et du caractère non obligatoire de son intervention ! Il est fort probable que l’opération Micro- portable aide de nombreux étudiants à accéder à l’information et à mieux apprendre. Mais il est regrettable qu’elle n’ait pas intégré les étudiants handicapés qui sont les plus désavantagés sur ces deux plans. Ce ratage est d’autant plus étonnant que l’un des membres éminents de la Délégation des usages de l’Internet s’appelle Bernard Descargues, haut- fonctionnaire aveugle, rédacteur en avril 2000 du rapport « L’accessibilité des nouvelles technologies de l’information et de la communication aux personnes aveugles et malvoyantes ». A croire que ses collègues de la Délégation ne l’ont pas lu…

Laurent Lejard, octobre 2004.

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