La région parisienne connaît quelques importants chantiers et notamment une nouvelle desserte ferroviaire : le projet GCO (réouverture au trafic Voyageurs de la ligne de grande Ceinture). Dans la publication Transouest, Réseau Ferré de France (RFF) vante « des trains accessibles pour tous, y compris les personnes en fauteuil roulant ».La nouvelle liaison trouvera son terminus à Noisy le Roi, petite bourgade des Yvelines (78), pour lequel l’ancienne gare sera rénovée.

Problème : les quais seront 2m plus bas que le bâtiment, la voie ayant été creusée entre deux talus pour réduire les nuisances sonores, et c’est là que la S.N.C.F et Réseau Ferré de France dérapent. Ces deux sociétés proposent, en juin 2002, que les quais soient desservis, pour les personnes en fauteuil roulant, par une rampe de… 70m de long ! Autant dire que seuls les handiathlètes pourraient prendre le train dans de telles conditions. Sans que des chiffres précis soient communiqués, il semble que RFF cherche ici à réaliser une économie substantielle au détriment de l’accessibilité. La Commission Consultative Départementale de Sécurité et d’Accessibilité (CCDSA) délivre un avis défavorable pour « dégradation de l’accessibilité préexistante » et suggère l’installation d’ascenseurs. Cet avis est partagé par le Préfet des Yvelines qui écrit: « l’avis défavorable est motivé par la présence de rampes successives de trop grande longueur ne permettant pas une utilisation réelle par des personnes se déplaçant en fauteuil roulant. L’installation d’un ascenseur a été jugée nécessaire ». Un habitant de Noisy- le- Roi, Gérard Pommereuil, alerte le Maire et le Député, qui interviennent auprès de RFF et de la S.N.C.F, dont le président est interpellé dans les colonnes du Monde.

Malgré cela, RFF persiste et dépose le 17 septembre 2002 une nouvelle demande de permis de construire « optimisé », quasiment identique à la précédente, toujours à base de rampes et bien sûr sans ascenseur. La CCDSA rend à nouveau un avis défavorable. La mobilisation reprend de plus belle, avec lettre au Président de la République, intervention de l’Association des Paralysés de France (sa direction régionale rencontre la direction régionale de la S.N.C.F) et de la Direction Départementale de l’Equipement (qui soutient la création d’ascenseurs), entre autres actions. Finalement, le 22 novembre 2002, RFF lève les pouces et écrit à Gérard Pommereuil son intention d’installer deux ascenseurs pour la desserte des quais. L’administration confirme par écrit le 27 janvier 2003 et le 6 février suivant, un nouveau permis de construire est validé par la commission d’accessibilité. « On est enfin sorti de ce problème, non sans mal » conclut Gérard Pommereuil. Il reste à souhaiter que les autres rénovations ferroviaires se déroulent plus simplement que celle-ci…

Laurent Lejard, février 2003.

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