Le 18 mai 2000, Lionel Jospin, alors Premier ministre, annonçait la création d’une grande école de l’Internet dispensant « la première formation supérieure spécifiquement consacrée à ces nouvelles technologies ». La première école, basée à Marseille (Bouches- du- Rhône), a accueilli ses premiers élèves le 20 septembre 2001 : la seconde, installée à Bourges (Cher), ouvrira en septembre 2002. Les programmes d’enseignement des deux écoles font l’impasse sur l’accessibilité du web aux personnes handicapées.

A l’Institut des Applications Avancées de l’Internet (IAAI) de Marseille, Alain Clainchard, directeur de la formation, assure que l’accessibilité du web est abordée sous l’angle de l’ergonomie sans pour autant constituer un sujet clairement identifié. Le caractère diffus du traitement de cette problématique lui fait reconnaître la difficulté de faire prendre en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées sensorielles ou motrices par les ingénieurs qui auront la responsabilité de concevoir et de mettre en oeuvre des architectures de communication et des services électroniques. Alain Clainchard se dit toutefois prêt à intégrer la question de l’accessibilité dans le cadre d’un module dont le programme n’est pas « figé ».

Vincent Idasiak, responsable de la filière sciences et technologies de l’information à l’École nationale Supérieure d’Ingénieurs de Bourges (ENSIB), insiste sur la notion de marché : « si l’accessibilité est une notion nécessaire pour que nos élèves trouvent des débouchés professionnels, son enseignement sera intégré dans le programme ». Son établissement est spécialisé dans le risque industriel, qui est réglementé et pénalisé par des réglementations françaises et européennes. L’accessibilité du web est, elle, resté au stade de recommandations émanant du gouvernement français, de l’Union Européenne ou de l’autorité « morale » de l’Internet, le W3C.

Il est permis de redouter que la future élite de l’Internet hexagonal, dont la formation sera essentiellement payée par les finances publiques, soit diplômée es- « usines à gaz » parfaitement inaccessibles…

Laurent Lejard, mai 2002.

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