Face à l’ogre nord-américain, le crocodile cubain est toujours vivant, narguant son puissant voisin en exhibant l’une des rares économies socialistes qui ait survécu à la chute du bloc soviétique. Située seulement à 150 kilomètres des côtes nord-américaines, Cuba est victime d’un blocus très strict imposé pour des raisons politiques par les États-Unis d’Amérique du Nord, qui régentèrent l’île jusqu’à la révolution castriste de 1959. Soutenue économiquement par l’URSS et les pays de l’Est, Cuba a connu durant les années 1990 une sévère récession économique nommée « période spéciale », résultant de l’effondrement des pays socialistes. La situation s’est améliorée récemment avec une ouverture timide à l’économie de marché et l’aide bienveillante de nouveaux « grands-frères », dont le Venezuela « bolivarien » d’Hugo Chavez.

Mais si le régime castriste, désormais aussi vétuste que la voirie des villes, vit probablement ses dernières années, on doit souhaiter au peuple cubain un autre sort que celui qu’ont subi les habitants des ex-pays de l’Est après l’effondrement du bloc soviétique. En Allemagne de l’Est, par exemple, les femmes ont perdu en quelques jours leur émancipation et droits sociaux. Dans les pays Baltes, Tallinn devient chaque week-end un antre de beuverie pour Scandinaves en goguette, Riga accueille des sex tours britanniques, et la Lituanie détient le record d’Europe des taux de suicide. Bordels et casinos, vedettes d’Hollywood et mafia, extrême misère et répression politique, Cuba a connu ces infamies durant les années de régime pro-américain, achevées dans une dictature mise à bas le 1er janvier 1959 par une poignée de guérilleros qui ont réussi à mobiliser la population. Comment leur donner tort ?

Espérons, pour paraphraser la célèbre formule du cinéaste Milos Forman, qu’après avoir connu une cinquantaine d’années de zoo socialiste, Cuba ne retombe brutalement pas dans la jungle de la mondialisation capitaliste…

Laurent Lejard, décembre 2008.

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