…Avec six bonnes semaines de retard sur la date de mise en oeuvre légale, qui devait intervenir le 1er avril dernier. Et il faudra encore attendre quelques semaines pour que les circulaires d’application soient écrites et diffusées dans les Maisons Départementales des Personnes Handicapées, les Conseils Généraux et les organismes gestionnaires. « Mais que sont ces quelques semaines pour des enfants et adolescents qui ont toute la vie devant eux ? » répondront les dirigeants politiques et les hauts fonctionnaires désinvoltes qui n’ont pas su anticiper sur un calendrier connu pourtant depuis plus de trois ans.

Autre question de temps : la publication du plan d’action favorisant la vie quotidienne des déficients visuels. Résultant du rapport commandé par le Gouvernement à Gilbert Montagné, initialement annoncé pour début mars, le plan d’action pourrait être dévoilé juste avant la Conférence Nationale du Handicap prévue le 10 juin prochain. Sauf contretemps, les arbitrages interministériels étant si difficiles par ces temps de pénurie budgétaire…

Question de temps encore, la réduction du délai de réalisation des diagnostics d’accessibilité des établissements recevant du public. Prévus par la loi du 11 février 2005, les ministres en charge des personnes handicapées ont annoncé durant l’été 2007 leur volonté de réduire ce délai pour que lesdits diagnostics soient élaborés d’ici la fin de l’année 2008. Nous voici au milieu du mois de mai et le décret ad hoc reste toujours à publier, ce qui le rend obsolète avant que d’être ! Dans son approche du « toujours plus », Xavier Bertrand avait d’ailleurs, le 15 août 2007, annoncé que les équipements de loisirs (Tiralo, Joëlette…) pourraient être financés par le fonds interministériel pour l’accessibilité aux personnes handicapées (FIAH). Depuis, on attend en vain la circulaire réglementaire ouvrant cette nouvelle possibilité, et les dossiers de demande de financement s’accumulent sans réponse.

Question de temps, enfin, le chantier immobile de mise en accessibilité des services de communication publique. Là, aucune perspective en vue alors que la téléphonie et Internet se généralisent dans la relation entre administrés et services publics. Que ces derniers laissent au bord de la route une partie des usagers ne semble émouvoir ni les concepteurs de systèmes de communications inaccessibles aux déficients visuels ou auditifs, ni les dirigeants politiques en charge de l’action en direction des personnes handicapées. Le même constat vaut pour la ministre de la culture et de la communication, plus à l’aise à l’opéra de Venise ou au festival de Cannes que dans l’élaboration des chantiers « handicap » qui lui incombent : annoncée pour janvier, la réunion de la Commission nationale culture et handicap n’est pas programmée, faute d’actions et de réalisations concrètes à annoncer au public par voie de presse. Christine Albanel a pourtant du travail, entre la mise en accessibilité des établissements et services culturels, l’accès aux pratiques culturelles, l’exception handicap en matière de droits d’auteur pour promouvoir l’édition adaptée…

Mais il faut bien donner du temps au temps…

Laurent Lejard, mai 2008.

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