Les
gouvernements successifs
et les parlementaires
n'ont pas voulu traiter
le sujet des ressources
des personnes en situation
de handicap dans la loi
du 11 février 2005. Les
mobilisations de nos adhérents,
en 2004 et 2005, ont permis
à plus de 50.000 personnes
de bénéficier du complément
ressources de l'A.A.H.
En décembre 2006, plusieurs
milliers de bénéficiaires
du fonds supplémentaire
d'invalidité ont pu également
accéder à ce complément,
grâce à notre action.
Cela n'est bien sûr pas
suffisant. Le rapport
adopté par le Conseil
National consultatif des
Personnes Handicapées
(C.N.C.P.H) le 4 avril
2007 le démontre.
Aujourd'hui, le Président
de la République et le
gouvernement, malgré leurs
engagements, ne proposent
qu'une augmentation de
2,1% pour l'A.A.H en 2008.
Nous ne sommes toujours
pas entendus.
Les adhérents de l'A.P.F
ont exprimé en Assemblée
Générale en juin 2007
leur colère et demandent
"d'engager une pression
constante et inter-associative
nationale dès maintenant
et jusqu'à la création
d'un véritable revenu
d'existence". C'est pour
cela qu'avec la Fédération
Nationale des Accidentés
du Travail et Handicapés
(FNATH), nous avons lancé
un appel interassociatif
au Président de la République,
cosigné par plus de 50
organisations.
Le gouvernement s'interroge
aujourd'hui sur la pertinence
d'une augmentation de
l'A.A.H en craignant qu'en
"revalorisant l'A.A.H
on rende encore plus désincitatif
l'accès à l'emploi" et
en souhaitant avoir une
approche plus globale.
Mais quelle approche globale
? Une approche seulement
fondée sur le travail
? Et les personnes qui
ne peuvent travailler
ou sont trop éloignées
de l'emploi ?
Certes, les adhérents
de l'A.P.F veulent en
priorité accéder à l'emploi,
pour ceux qui le peuvent.
Mais rappelons que le
taux de chômage des personnes
en situation de handicap
est plus de deux fois
supérieur au reste de
la population et leur
temps de chômage dure
quatre fois plus que la
moyenne nationale...
Et l'État ne marque pas
sa volonté de faciliter
l'emploi, en tardant à
signer le décret sur l'accessibilité
des locaux de travail
et au regard de la situation
catastrophique du démarrage
du Fonds d'Insertion Professionnelle
des Personnes Handicapées
dans la Fonction Publique
(équivalent de l'AGEFIPH
dans le secteur public).
L'incitation vers le travail
peut s'inscrire dans le
cadre du revenu de solidarité
active, mais les personnes
en situation de handicap
sont à ce jour oubliées
de ce dispositif. Le président
de la République a confié
à Martin Hirsch, Haut-Comissaire
aux solidarités actives
contre la pauvreté, le
soin de lancer un "Grenelle
de l'insertion". Nous
sommes concernés par ce
Grenelle. L'A.P.F a donc
demandé à participer aux
travaux préparatoires.
Mais nous alertons l'opinion
et les pouvoirs publics
sur l'inacceptable condition
des personnes qui ne peuvent
accéder à un emploi et
qui conjuguent pauvreté
et handicap ou maladie.
Que dire de celles qui,
après 60 ans, voient encore
leur revenu baisser avec
le minimum vieillesse
? Au-delà de l'A.A.H,
c'est bien une réflexion
sur l'ensemble des ressources
qu'il faut aborder. Malgré
toutes les interventions
de l'A.P.F auprès du Président
de la République et du
gouvernement depuis le
mois de juin, nous n'avons
à ce jour aucune réponse.
Le rapport du C.N.C.P.H
semble enterré.
Pourtant, l'A.P.F est
plus que jamais déterminée
à obtenir de réelles avancées.
Aujourd'hui ses conseils
départementaux relaient
l'appel au Président de
la République avec les
autres associations et
l'adressent au Préfet.
Les parlementaires sont
également interpellés.
L'A.P.F n'exclut pas d'amplifier
sa pression par une mobilisation
nationale de grande envergure,
sans précédent en France,
dans les prochains mois.
Nous devons convaincre
les pouvoirs publics,
l'opinion publique, que
les personnes en situation
de handicap ne veulent
plus être des "assistés
de fait" mais des citoyens
reconnus et responsables.
Pour cela, il faut leur
permettre d'accéder à
un emploi, reconnaître
pour certaines les responsabilités
bénévoles à temps plein
qu'ils développent, garantir
un revenu d'existence
individuel à la hauteur
du SMIC brut (complémentaire
au financement des moyens
de compensation) pour
ceux dont l'employabilité
est reconnu comme impossible.
Les Français ne peuvent
plus accepter que des
centaines de milliers
de personnes en situation
de handicap, malades ou
âgées vivent en dessous
du seuil de pauvreté.
Jean-Marie Barbier, président
de l'Association
des Paralysés de France,
octobre 2007.
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